Marché de noël de Strasbourg - ©JdelPhoto FlickR CC BY-NC-SA 2.0

Christkindelsmärik, le marché de noël de Strasbourg

Dès la mi-novembre, les places des villages sont envahies de sympathiques chalets de bois tandis que les salles de fêtes ou les écoles se parent de décorations pour accueillir les marchés de Noël.
Cette tradition nous permet de choisir les cadeaux de Noël mais également de découvrir des artisans et des petits producteurs locaux qui nous proposent tous les ingrédients pour réussir nos fêtes de fin d’année.
Aujourd’hui nous vous invitons à découvrir l’histoire du plus ancien marché de Noël de France, le Christkindelsmärik de Strasbourg.

Un peu d’histoire

La plus ancienne mention d’un marché de Noël date du 6 décembre 1294. Cette année-là, un marché s’installe à Vienne, actuelle capitale de l’Autriche.
Durant le 14ème siècle, des marchés sont organisés dans les régions germaniques à l’occasion de la Saint-Nicolas.
Ce n’est qu’en 1434 que le premier véritable marché de Noël baptisé « Striezelmarkt » ouvre ses portes à Dresde, en Saxe. Ce marché qui fête son 584ème anniversaire en 2018 se tient dans la ville durant toute la période de l’Avent.

Le Christkindelsmärik de Strasbourg

En France, c’est Strasbourg qui s’enorgueillit d’accueillir le plus ancien marché de Noël du pays. Il est mentionné pour la première fois en 1570.
Il remplace le « Klausemärik », marché de Saint-Nicolas organisé durant le Moyen-Âge dans la ville, lorsque les artisans et confiseurs présentaient leurs produits qui étaient offerts aux enfants par le Grand Saint.
Cependant, au 16ème siècle, les réformateurs prônent un retour aux principes fondamentaux du christianisme. Ils luttent contre la vie de débauche que mènent de nombreux membres du clergé. Les fidèles se sentent abandonnés et doivent affronter les épidémies et les grandes famines. Pris de panique, ils multiplient les processions, les pèlerinages et les cultes aux différents saints et achètent des indulgences afin d’obtenir une réduction du temps de purgatoire. Cette pratique donne lieu à des abus de plus en pus fréquents et importants au début de la Renaissance.
Les réformateurs et principalement Luther et Calvin, condamnent le commerce des indulgences ce qui provoque, à terme, le schisme entre les cultes catholique et protestant.

En 1525, la ville de Strasbourg adopte à son tour la Réforme et ses principes. C’est ainsi qu’un pasteur appelé Johannes Flinner, s’élève contre la tradition d’offrir des cadeaux au nom de Saint-Nicolas, une coutume trop papiste à son goût. Il propose de confier ce rôle à l’enfant Jésus. Les autorités strasbourgeoises décident alors de supprimer la fête de Saint-Nicolas. Les commerçants de la ville reçoivent cependant la permission de maintenir une foire la veille de Noël qui devient le marché de l’enfant Jésus, le « Christkindel ».
Très vite, le marché de Noël de Strasbourg prend de l’ampleur et passe d’un jour à une semaine. Il se tient à l’origine sur la place baptisée Fronhof, près de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg et du palais épiscopal.
Au fil des siècles, le marché s’est déplacé plusieurs fois avant de se tenir sur la Place Broglie, l’ancien marché aux chevaux de la ville, mais également dans plusieurs autres sites de Strasbourg.

Strasbourg, capitale de Noël

Vers le milieu du 20ème siècle, le succès du marché de Noël de Strasbourg décline en raison de la prolifération d’articles à prix modiques proposés par les grandes surfaces.
Afin de maintenir la tradition, les autorités communales lancent une campagne afin de séduire les touristes. En 1992, Strasbourg devient la « Capitale de Noël ».

De nos jours, le Christkindelsmärik débute traditionnellement le premier samedi de l’Avent et ferme le 24 décembre.
Le marché de Noël de Strasbourg attire une foule innombrable de touristes qui découvrent une multitude de produits de bouche et d’artisanats alsaciens mais également venus des autres régions françaises voire de l’étranger.
Parmi les trois cents chalets installés chaque année pour accueillir les artisans, quelques étalages proposent encore et toujours les articles traditionnels vendus durant la période des fêtes de fin d’année comme les pommes d’amour, les sucres d’orge, le pain d’épices, les boules en verre, les bougies et bien entendu les sapins fraîchement coupés qui trôneront dans les maisons alsaciennes.
Afin de faire face à la prolifération de produits étrangers ou éloignés de l’esprit de Noël, une commission a été créée et veille à la qualité des articles proposés.

La renommée du Christkindelsmärik est telle que Strasbourg compte dorénavant 11 marchés éparpillés dans toute la ville. De plus, ce succès profite à toute l’Alsace et chaque ville ou village possède dorénavant son propre marché de Noël.

Histoire de Strasbourg

La période des fêtes est idéale pour visiter la ville de Strasbourg. Outre ses différents marchés de Noël, vous découvrirez les nombreux monuments historiques de la ville alsacienne, chef-lieu de la région Grand-Est.

Préhistoire

Le site de Strasbourg est occupé depuis le Paléolithique inférieur comme l’attestent les nombreux vestiges découverts au cours des fouilles archéologiques.
Au cours du 3ème millénaire avant JC, des peuples originaires des pays danubiens et balkaniques s’installent dans la région. Ils y développent l’agriculture et l’élevage ainsi que le travail de la poterie et, dans un second temps, du cuivre et du bronze. Ils adoptent également des rites funéraires de plus en plus complexes. Une seconde vague migratoire se produit au 1er millénaire avec l’arrivée des peuples celtes qui s’implantent dans la plus grande partie de la France actuelle.

Époque romaine

Lorsque les légions de Jules César envahissent les Gaules en 58 avant JC, les tribus germaniques sont repoussées au-delà du Rhin et les Romains établissent des bases militaires dont Argentoratum, future ville de Strasbourg, le long du fleuve.
L’Alsace est intégrée dans la province impériale de la Gaule belgique lors de la réorganisation des provinces par Auguste.

De simple campement, Argentoratum devient une importante colonie militaire et profite de sa position géographique pour développer ses activités commerciales.
Si sa situation aux confins de l’empire romain présente des avantages, elle fait également de la ville un enjeu politique et militaire ce qui explique le nombre élevé de sièges et de batailles qu’elle subit au fil des siècles.
En 451, Strasbourg n’est plus qu’un champ de ruines après le passage du roi des Huns, Attila.

Moyen-Âge

Près d’un demi-siècle plus tard, la ville renaît de ses cendres, sous le règne du roi des Francs saliens, Clovis. Elle obtient le statut d’évêché et retrouve peu à peu son importance.
Une première cathédrale est édifiée dès le 6ème siècle et le commerce du bois, du vin et du blé s’intensifie.
La ville tarde cependant à se développer bien qu’elle soit l’enjeu de nombreuses querelles entre les descendants de Charlemagne.
Il faut attendre la création du Saint-Empire romain germanique par Otton 1er, en 962 pour que Strasbourg s’agrandisse. Au début du 13ème siècle, la population a triplé et la ville s’enorgueillit de ses nombreux édifices religieux, notamment les couvents bâtis par les Franciscains et les Dominicains.
La ville est particulièrement dynamique et connaît une réelle opulence. La noblesse et la bourgeoisie s’enrichissent et obtiennent en 1201 le rang de « ville libre » pour Strasbourg, c’est à dire directement dépendante de l’empereur et non plus du prince-évêque.
Ce changement de statut est à l’origine d’une querelle entre les habitants et les troupes de Walter de Geroldseck, évêque de Strasbourg qui entend reprendre les rênes de la ville.
Le roi des Romains Rodolphe 1er de Habsbourg apporte son soutien aux Strasbourgeois qui emportent la victoire finale en 1262 au cours de la « Bataille de Hausbergen ».
Strasbourg confirme ainsi son statut et est dorénavant sous l’autorité d’un Conseil.
Les grandes familles issues de la noblesse se disputent alors le pouvoir au détriment des bourgeois. La situation dégénère et la ville est en proie à la guerre civile qui éclate en 1332. Strasbourg déchirée doit également affronter les épidémies de peste qui déciment l’Europe. Comme il faut trouver un « coupable » à leurs malheurs, les Strasbourgeois se retournent contre les Juifs. Plus de 2.000 d’entre eux sont brûlés vifs le 13 février 1349. Cet épisode dramatique est connu sous le nom de « Pogrom de Strasbourg ».

Malgré ces troubles, Strasbourg continue son expansion notamment grâce aux bateliers qui contrôlent le transit des marchandises acheminées via le Rhin et qui prélèvent une taxe ce qui permet de remplir les caisses de la ville. Cette opulence est encore accrue avec le développement du secteur bancaire au 15ème siècle.
Strasbourg est dotée d’un système de défense et devient une importante place forte grâce à ses pièces d’artillerie et son armée qui rassemble jusqu’à 4.500 hommes.
Cette situation confortable suscite de nombreuses convoitises, notamment de la part de Charles-le-Téméraire, héritier du duché de Bourgogne. Il ne parviendra toutefois pas à annexer l’Alsace.

La Renaissance

Durant la Renaissance, Strasbourg devient un centre culturel rayonnant où se développe le mouvement de pensée humaniste véhiculé grâce à l’imprimerie. Le savoir devient accessible à une large portion de la population d’autant plus que les livres en latin sont dorénavant traduits et que leurs prix se démocratisent.
Parallèlement, Strasbourg adopte les idées réformatrices de Luther et de Calvin et devient officiellement protestante en 1532.
En 1605, la première gazette hebdomadaire de l’histoire sort de presse dans l’atelier de Johann Carolus, à Strasbourg, sous le nom de « Relation aller Fürnemmen und gedenckwürdigen Historien » ce qui se traduit par : relation de toutes les histoires importantes et mémorables.
La prise de possession des villes alsaciennes par les protestants engendre cependant un conflit qui ravage la région, la « guerre des évêques ». La paix conclue en 1604 permet à Strasbourg de rester luthérienne.

La France

En 1618, la guerre de Trente Ans oppose notamment la France au Saint-Empire et se solde en 1648 par les « traités de Westphalie ». La plupart des villes alsaciennes sont intégrées au royaume français mais Strasbourg reste ville libre impériale.
Souffrant d’un isolement autant politique que financier, la ville peine à survivre et se rend à Louis XIV sans presque combattre après deux jours de siège, le 28 septembre 1681.
Le roi lui accorde de nombreux privilèges mais exige le démantèlement de ses troupes tandis qu’une garnison française s’installe dans ses murs.
Malgré le maintien de ses libertés, Strasbourg amorce un tournant dans son histoire. La ville accueille à nouveau un prince-évêque catholique, Armand-Gaston-Maximilien de Rohan, qui prend ses fonctions en 1704. C’est lui qui fait bâtir le palais épiscopal connu sous le nom de « Palais Rohan ».
Pendant près d’un siècle, l’Alsace connaît une période de paix qui lui permet d’aborder facilement l’ère industrielle.
La Révolution de 1789 change les donnes car la région est la proie de nombreuses émeutes, le peuple profitant de cette période troublée pour régler ses comptes avec la noblesse. En 1790, lorsque l’Alsace est divisée en deux départements, Strasbourg devient la préfecture du Bas-Rhin.

Durant les guerres des 19ème et 20ème siècles, l’Alsace est à chaque fois au cœur du conflit, tiraillée entre son attachement à la France et ses origines germaniques. Elle est à plusieurs reprises annexées à l’Allemagne avant d’être définitivement libérée par le général Leclerc le 23 novembre 1944.
Strasbourg paie un lourd tribut à la Seconde Guerre mondiale. De nombreux bâtiments ont été endommagés voire détruits par les bombardements des alliés.
La ville a cependant réussi à revenir sur l’avant de la scène et devient dès 1949 le berceau des institutions européennes, accueillant notamment le parlement européen dans ses murs.

La visite

La longue et mouvementée histoire de Strasbourg nous permet de découvrir une ville aux 1001 trésors.
N’hésitez pas à vous promener dans le centre historique de la ville et de tomber sous le charme des ruelles bordées de maisons à colombages dont la célèbre « Maison Kammerzell », de ses ponts couverts construits au 13ème siècle sur les quatre bras de l’Ill afin de protéger la ville en cas de siège et du quartier de la Petite France répertorié sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO.

Parmi les « incontournables » de Strasbourg, nous vous conseillons de découvrir :

La cathédrale Notre-Dame

La cathédrale Notre-Dame bâtie au 12ème siècle. Remarquable par son clocher, elle recèle de nombreux chefs d’œuvre dont de remarquables fonds baptismaux gothiques.

En pratique :

La cathédrale se visite en dehors des heures de messe :

  • en semaine et le samedi de 8hr30 à 17hr45
  • le dimanche de 13hr30 à 17hr30

On peut également accéder à la plate-forme :

  • du 1er avril au 30 septembre de 9hr30 à 19hr30
  • du 1er octobre au 31 mars de 10hr à 17hr30.

La visite se fait à l’aide d’un audiophone. Les groupes peuvent avoir des explications de la part d’un guide. Ces commentaires se font uniquement à l’extérieur du monument par respect des lieux. Les groupes sont tenus de visiter la cathédrale en avançant lentement, sans marquer d’arrêt afin d’éviter les embouteillages..

Site web : http://www.cathedrale-strasbourg.fr

Le Palais Rohan

Le Palais Rohan, ancien palais épiscopal construit au 18ème siècle. On peut y visiter les anciens appartements du prince-évêque et de ses prestigieux invités mais également le musée des beaux-arts, le musée archéologique et le musée des arts décoratifs de Strasbourg.

Musées de la Ville de Strasbourg
67076 Strasbourg Cedex
Tel : 03 68 98 51 60
Site web : https://www.musees.strasbourg.eu

Le quai des bateliers

Le quai des bateliers bordé par de belles maisons Renaissance s’étend sur un peu plus de 500 mètres le long de l’Ill. De nombreux immeubles sont classés Monuments historiques. Ce site a bénéficié en 2017 d’un réaménagement permettant aux piétons de se déplacer plus facilement et en toute sécurité. La circulation des voitures ne se fait plus que dans un sens et la vitesse est limitée à 25 km/heure.

La maison Kammerzell

Ancienne demeure Renaissance d’un riche commerçant de la ville, a été construite en 1571, au pied de la cathédrale. On peut admirer sa façade à colombages, ses nombreuses boiseries sculptées et ses fenêtres aux vitraux en « cul-de-bouteille ». Aujourd’hui, la maison abrite une brasserie et un hôtel et est citée parmi les plus beaux établissements du monde.

Site web : https://www.maison-kammerzell.com

Que manger dans la région ?

Après l’effort, le réconfort … Profitez de votre séjour à Strasbourg pour découvrir ou redécouvrir quelques spécialités alsaciennes :

  • la choucroute, emblème de la gastronomie de l’Alsace, se compose de choux, de pommes de terre et de viandes, notamment du petit salé
  • le baeckeoffe, une savoureuse potée boulangère qui se mijote parfois plus de 24 heures
  • le bretzel, brioche en forme de nœud saupoudrée de gros sel
  • la Flammekueche, une tarte flambée au fromage, aux oignons et aux lardons
  • le coq au Riesling
  • le kouglof, une brioche cannelée parfois aux raisins ou aux amandes.
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