Chateau du Castella - ©81castres

Le Château du Castela et son mystérieux souterrain

Au détour d’un chemin, dominant la petite ville occitane de Saint-Sulpice-la-Pointe, les vestiges d’un château médiéval offrent un cadre idyllique aux voyageurs en quête de romantisme.
Sous le chaud soleil du Tarn, les ruines n’abritent plus dorénavant que des oiseaux ou des amoureux qui profitent de la quiétude des lieux.

Dans une région riche en forteresses et en cités médiévales, le Château du Castela ne semble pas sortir de l’ordinaire et pourtant nous vous proposons de vous y arrêter quelques instants, le temps de vous conter l’histoire de cette bâtisse qui recèle de bien étranges secrets.

Un peu d’histoire

Nous sommes au début du 13ème siècle et l’Occitanie profite de son ouverture sur la Méditerranée et sa situation sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle pour se développer. Malheureusement, cette ère de prospérité ne dure pas et la région est bientôt le théâtre de conflits sanglants. Le pape a en effet ordonné la « Croisade contre les Albigeois » afin d’éradiquer le catharisme, mouvement religieux qualifié d’hérétique.

A cette époque, de nombreuses villes occitanes sont des fiefs cathares et sont assiégées par les croisés. Le comté de Toulouse est notamment pris par Simon de Montfort, l’une des figures dominantes de la Croisade, malgré la volte-face du comte qui rejoint les croisés pour épargner ses terres.

En 1215, Simon de Montfort devient le seigneur le plus important de la région en réunissant sous son pouvoir les terres de Montfort l’Amaury, de Béziers, d’Albi, de Carcassonne, de Toulouse et de Narbonne. Cette mainmise suscite la révolte des « chevaliers faydits », seigneurs du Languedoc.
La région est mise à feu et à sang au rythme des victoires et des réussites des chevaliers.

Ne parvenant pas à éradiquer le catharisme, le Pape ouvre des tribunaux de l’Inquisition confiés aux frères Dominicains.
Malgré une résistance énergique des hommes de Raymond Trencavel qui a pris la tête de l’insurrection, les dernières places cathares sont soumises au roi de France Louis IX en 1255. Le pays ne retrouve cependant pas le calme et la chasse aux hérétiques se poursuit jusqu’à la fin du 14ème siècle. L’Occitanie fait dès le milieu du 13ème siècle partie du royaume de France.

La maison Alaman

Peu avant la Croisade des Albigeois qui débute en 1216, la famille Alaman est vassale des Comtes de Toulouse. Elle est probablement apparentée à la famille de Lautrec originaire comme elle du Tarn.
Fidèles à leur suzerain, les Alaman ne sont cependant pas issus de la noblesse. On mentionne l’adoubement de Sicard l’Ancien en 1243 par le comte de Toulouse mais aucun écrit ne fait référence à des titres portés par les autres membres de la famille.

A la fin de la croisade, Sicard Alaman est chargé de la gestion des biens et des terres du comte de Toulouse et de diriger les chantiers destinés à réparer les dégâts consécutifs à la guerre. Il hérite et reçoit des terres situées dans le Tarn et dans la Garonne ce qui lui permet d’amasser une fortune personnelle et de construire plusieurs châteaux et villages.
Il devient ainsi seigneur de Saint-Sulpice qu’il développe en offrant des terres aux nouveaux arrivants.

Le château de Castela

Le château de Castela est érigé par Sicard Alaman sur une ancienne motte castrale, à proximité de la bastide qui prospère jusqu’au 16ème siècle. A cette époque, les guerres de religion font à nouveau rage dans la région. Le luthéranisme et le calvinisme qui font de plus en plus d’adeptes dans le sud de la France inquiètent l’Église.

En 1562, les « Guerres de religion » éclatent entre les protestants et les catholiques et ne prendront fin que lorsque la légitimité du roi Henri IV de Navarre est reconnue par le pape.
L’Occitanie souffre de ce conflit qui s’éternise et de nombreux monuments sont pillés, incendiés et détruits par les opposants.

Il en est de même pour le château de Castela et la bastide qui sont presque complètement démolis. Seule la chapelle du château résiste à l’assaut des protestants tandis que les derniers pans de mur du logis seigneurial sont démantelés pour reconstruire les maisons du village.
Aujourd’hui, les vestiges de la chapelle épargnée sont noyés dans la verdure mais si vous prenez la peine de vous arrêter, vous y découvrirez un souterrain et ses secrets.

Le souterrain de Castela

Durant le Moyen-Âge, des bandes de pillards parcourent la région afin de s’emparer des récoltes et des maigres richesses des villageois.
Différents lieux étaient aménagés afin d’accueillir la population qui cherchait un abri afin d’échapper aux brigands. C’est pour cette raison, qu’un souterrain est creusé à Saint-Sulpice pour accueillir les habitants de la bastide.

Après la construction du château et la fortification du village, le souterrain devenu inutile est transformé en entrepôt avant d’être purement et simplement abandonné.
Redécouvert lorsque le site du château de Castela est acheté par la municipalité, ce précieux témoin du passé de la commune a été déblayé et réaménagé. Il est aujourd’hui accessible aux visiteurs qui apprécient de plonger au cœur du Moyen-Âge en descendant sous la terre.

Légendes ou faits historiques ?

Comme de nombreux sites atypiques, le souterrain de Castela est source de récits colportés de génération en génération. Simples légendes ou faits avérés… au fond peu importe du moment que ces histoires continuent à faire frisonner ou rêver ceux qui les écoutent.

A la fin du 14ème siècle, Éléonore (ou Aliénor) de Cominges épouse Jean II comte de Boulogne et d’Auvergne. De cette union mal assortie et malheureuse en raison de l’alcoolisme de Jean, naît une fille, Jeanne, en 1378. Sa mère s’enfuit peu de temps après la naissance avec l’enfant et se réfugie chez son parent Gaston III de Foix-Béarn dit Fébus qui est alors propriétaire du château de Castela. Jeanne devient pupille de Gaston.

Or, profitant de la faiblesse du comte Jean, le duc de Berry, propre frère du roi Charles V, s’est emparé de ses terres. Le comte enivré lui signe des reconnaissance de donations et de ventes en 1387. La jeune Jeanne est donc spoliée de son héritage.
A cette date, la France est entre les mains des frères du défunt Charles V, dont le duc de Berry, en attendant la majorité de son fils Charles VI.
Lorsque celui-ci reprend les rênes du pouvoir, il est mis au courant de l’affaire de la spoliation des terres du comte de Boulogne et d’Auvergne.

Le roi ordonne alors à son oncle de réparer cette malversation en épousant Jeanne pour qu’elle redevienne propriétaire de ses terres. C’est ainsi que Jeanne âgée d’une dizaine d’années devient la femme d’un homme de plus de cinquante ans et, par mariage, la tante du roi de France.
Deux ans plus tard, la jeune fille devient une héroïne en sauvant le roi des flammes alors qu’il participe à un charivari. Son déguisement a en effet accidentellement pris feu et Jeanne a éteint les flammes en les recouvrant de ses vêtements. Cet épisode appelé « Bal des Ardents » eut cependant raison de la santé mentale déjà chancelante de Charles VI surnommé à juste titre Le Fol.

Devenue une riche veuve en 1416, Jeanne qui approche de la quarantaine épouse en secondes noces le comte de Guînes, Georges 1er de la Trémoille, un proche des Ducs de Bourgogne et grand chambellan de France.
Son époux se montre rapidement violent, infidèle et dépensier. Il n’hésite pas à se servir dans la bourse de sa femme qui est bientôt au bord de la ruine. Jeanne est alors autorisée à se retirer dans ses terres afin de préserver le peu de biens qui lui restent et pour se soustraire au mauvais traitements infligés par son époux.

Jeanne réside dans le château de Castela à Saint-Sulpice mais ses malheurs ne s’arrêtent pas là.
En effet, la comtesse est soupçonnée de battre de la fausse monnaie dans le souterrain du château afin de pallier à son manque d’argent. Elle se serait en effet constitué un véritable trésor en faisant fondre ses derniers objets en or et en argent pour les transformer en monnaies avec l’aide de quelques complices recrutés à l’Hôtel des Monnaies.
Son époux, Georges de la Trémoille qui a vent de cette histoire la dénonce au Sénéchal de Toulouse. Des amis avertissent cependant Jeanne de l’arrivée des troupes du Roi venues l’arrêter. Elle a le temps de s’enfuir avec l’aide de Jacques II de Bourbon, comte de la Marche et de Castres et se réfugie à Roquecourbe où elle serait décédée.

L’histoire aurait pu s’arrêter là si la légende ne lui avait pas succédé. En effet, très vite des rumeurs concernant un trésor caché par Jeanne dans les souterrains ou dans les environs s’amplifient.
On raconte également que Jeanne ne serait pas décédée à Roquecourbe mais que la barque dans laquelle elle transportait l’or aurait chaviré, l’entraînant dans les eaux de l’Agout.
Or, il semble certain qu’elle est bien décédée chez ses amis et qu’elle repose auprès de son premier époux, le duc de Berry même si certains récits soutiennent que son corps n’a jamais été retrouvé.

Légende ou vérité ? L’histoire ne nous le dit pas.

La visite

Depuis quelques années, les visiteurs peuvent découvrir le souterrain de Castela qui a été entièrement réaménagé après avoir été abandonné durant de nombreuses décennies.
Le souterrain se présente sous la forme de longues galeries voûtées totalisant 142 mètres et débouchant sur différentes salles qui pouvaient accueillir les habitants des environs en cas d’attaque.

Ces lieux chargés d’histoire et de mystères ne laissent jamais indifférents.

En pratique :
Les souterrains sont accessibles aux visiteurs :

  • tous les jours durant les mois de juillet d’août
  • les mercredis, samedis et dimanches en avril, mai, juin, septembre et octobre
  • il est possible de les visiter en groupes de novembre à mars sur réservation à l’Office de Tourisme de Saint-Sulpice

La visite est guidée et dure entre 45 minutes et 1 heure.
Il est recommandé de se munir d’un vêtement chaud, la température des souterrains est en permanence de 14 degrés.
L’accès aux souterrains n’est pas possible aux personnes en fauteuil roulant ou aux poussettes d’enfants.

Office de Tourisme de Saint-Sulpice
Rue du 3 mars 1930
81370 Saint-Sulpice
Tel : 05 63 41 89 50
Site web : https://www.tourisme-tarnagout.com/decouvrir/les-3-incontournables/le-souterrain-du-castela/

Découvrir la région

En visite dans la région, ne manquez pas de découvrir également :

  • Saint-Sulpice-la-Pointe, petite cité fondée à la confluence du Tarn et de l’Agout s’enorgueuillit de posséder l’une des plus anciennes bastides du Tarn. Elle a été construite au 13ème siècle au pied de l’ancienne motte castrale, sur des terres du comte de Toulouse.
  • Lavaur, ancien bastion du catharisme languedocien, a vécu des heures sombres notamment durant la croisade menée par Simon de Montfort. Au 15ème siècle, la cité connaît la prospérité grâce au commerce du pastel et à sa situation sur l’Agout.
  • La cathédrale Saint-Alain domine la petite ville. On peut y découvrir un étonnant jacquemart, un automate frappant une cloche, au sommet de l’une de ses tours.

Que manger dans la région ?

Découvrez la cuisine de terroir, généreuse et savoureuse du Tarn en dégustant :

  • la soupe à l’ail rose de Lautrec
  • la pompe à huile, une pâte à pain sucrée et badigeonnée à l’huile de noix
  • le casse-museau de Brassac, un dessert à base de lait de brebis, de farine, d’œufs et de citron. Il se déguste avec un verre de vin effervescent qui en atténue la sécheresse
  • le jambon sec de Lacaune
  • les poêlées de champignons
  • le frésinat, un ragoût de viandes de porc
  • la croustade aux pommes ou aux pruneaux
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