Château-Gaillard, au coeur du système défensif de Richard coeur de Lion
Si vous passez en Normandie, dans le département de l’Eure, arrêtez-vous quelques instants aux Andelys afin de découvrir un élément important du système défensif de Richard Cœur-de-Lion, le Château-Gaillard.
Situé au cœur du Vexin Normand, le Château-Gaillard veille depuis plus de 8 siècles sur les Andelys et sur la Seine qui forme à ses pieds une harmonieuse boucle.
Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir l’histoire de cette forteresse construite en un temps record pour protéger les terres du roi d’Angleterre, Richard Cœur-de-Lion, contre les prétentions de Philippe II, roi de France.
Un peu d’histoire
Nous sommes en 511 et le roi mérovingien, Clovis 1er vient de décéder. Comme le veulent les règles de succession en vigueur à l’époque, son immense royaume est partagé entre ses quatre fils, Thierry, Clodomir, Childebert et Clotaire. Ce dernier reçoit en héritage la Neustrie correspondant au nord-ouest de la France.
Au fil des décennies, le royaume franc est maintes fois divisé, partagé, réunifié au rythme des conquêtes, des successions, des alliances et des mariages.
Après la mort de Dagobert 1er, en 639, le royaume est une nouvelle fois divisé entre ses fils, Clovis II qui hérite de la Neustrie et de la Burgondie et Sigebert III qui reçoit l’Austrasie.
Ces souverains sont jeunes et incompétents et les « maires du palais » qui étaient déjà bien influents prennent de plus en plus d’importance.
Il règne une grande instabilité politique et les derniers rois mérovingiens connus sous le nom de « Rois fainéants » se succèdent rapidement, assassinés ou écartés du pouvoir.
C’est dans ce contexte difficile que le maire du palais de Neustrie Charles Martel parvient à s’imposer. Son fils, Pépin-le-Bref est proclamé roi et fonde la dynastie des Carolingiens en 751, après avoir réussi à réunifier le royaume.
Ses descendants, Charlemagne et Louis 1er dit le Pieux poursuivent les conquêtes et les Francs règnent dorénavant sur la quasi-totalité de la France.
La succession de Louis 1er engendre de nouveaux conflits. Finalement, l’empire carolingien est partagé entre ses fils, Louis II le Germanique qui obtient la Francie orientale, Lothaire 1er qui devient roi de la Francie médiane et Charles III le Chauve qui reçoit la Francie occidentale comprenant notamment l’actuelle Normandie.
Vers la fin du 9ème siècle, Charles III le Gros, fils de Louis II, profite du décès de ses frères et cousins pour réunifier une dernière fois la Francie.
Or à cette époque, les Vikings venus du nord de l’Europe ont déjà effectué plusieurs raids en Neustrie afin de s’emparer notamment des richesses des abbayes et des monastères sans pour autant s’approprier des terres.
En 845, les Vikings qui profitent de leurs talents de navigateurs pour remonter la Seine sont aux portes de Paris pour la première fois. Les Francs soutenus par les Bretons en échange du Cotentin parviennent à freiner leur avancée mais pas pour longtemps.
En effet, les Vikings, déjà appelés Normands, assiègent à nouveau la ville en 885. Le roi ne voyant pas d’issue heureuse à ce conflit préfère négocier la paix et promet de verser une rançon en échange de la libération de Paris. Il autorise également les Normands à traverser impunément le territoire franc pour attaquer les Burgondes.
Ce pacte jugé humiliant déplaît fortement à la noblesse franque qui destitue Charles III en 887. Le royaume est alors définitivement partagé entre la Francie occidentale dont le trône est offert au comte Eudes et la Francie orientale confiée à Arnulf de Carinthie.
Eudes parvient à infliger quelques défaites aux Vikings ce qui ne les empêche pas de revenir en force en 911, sous le règne de Charles III le Simple, petit-fils de Charles-le-Chauve, désigné par Eudes pour lui succéder.
Afin d’éviter un nouveau conflit long et meurtrier, Charles III signe le « Traité de Saint-Clair-sur-Epte » avec le chef Rollon.
Ce traité octroie la ville de Rouen et ses environs aux Vikings en échange de leur appui contre leurs propres compatriotes.
Le Duché de Normandie de Guillaume-le-Conquérant
C’est ainsi que sont fondées les bases du Duché de Normandie même si Rollon conserve le titre de « jarl », correspondant au rang de comte. La région profite d’une période de paix et de prospérité et les abbayes qui ne doivent plus craindre les pillages retrouvent le calme.
Les successeurs de Rollon étendent progressivement leur territoire et, en 996, Richard II dit l’Irascible est le premier à porter le titre de «Duc de Normandie ».
Lorsque Robert 1er le Magnifique décède en 1035, son fils Guillaume-le-Bâtard, futur Guillaume-le-Conquérant, n’a que 8 ans. Si celui-ci est né hors mariage, cela ne l’empêche pas d’hériter de son père selon la tradition nordique en vigueur en Normandie. Les hommes ont en effet le droit d’avoir plusieurs concubines et de reconnaître leurs enfants.
Profitant du jeune âge de Guillaume, les grandes familles se querellent et complotent afin de l’évincer à leur profit. Le duc de Bretagne espère également s’emparer du duché de Normandie.
C’est sans compter le soutien du roi de France, Henri 1er, qui prend Guillaume sous sa protection lorsqu’il devient son tuteur.
Lorsque Guillaume est âgé d’une vingtaine d’années, il affirme son autorité sur son duché et épouse Mathilde de Flandre. Cette union déplaît cependant à Henri II qui craint dorénavant la puissance de son ancien pupille.
Il tente alors d’annexer la Normandie au royaume de France mais après deux échecs, il renonce à ce projet.
L’empire Plantagenêt
Si la Normandie renoue alors avec la paix, celle-ci est de courte durée. En effet, Edouard-le-Confesseur, roi d’Angleterre, décède en 1066 sans héritier légitime.
Aussitôt, son beau-frère Harold s’empare du trône qui était plus ou moins promis à Guillaume de Normandie. Ce dernier conclut alors un accord avec Harald III de Norvège afin de déloger celui qu’il considère comme un usurpateur. Les deux nouveaux alliés s’étaient probablement entendu pour partager ensuite le territoire mais Harald est tué au cours de la « Bataille de Stamford Bridge ».
Guillaume-le-Conquérant poursuit seul la guerre menée contre Harold et sort vainqueur de la Bataille de Hastings, le 14 octobre 1066. Il devient roi d’Angleterre le 25 décembre suivant.
A la fois duc de Normandie et roi d’Angleterre, Guillaume est dorénavant à la tête d’une puissance qui peut rivaliser avec la France. C’est ainsi que débute le long conflit entre les deux nations qui vont s’affronter épisodiquement pendant plusieurs siècles.
La succession de Guillaume-le-Conquérant ne se fait pas sans heurts et ses fils s’entre-déchirent. Guillaume-le-Roux qui hérite du trône d’Angleterre est finalement évincé par son frère Henri Beauclerc. Celui-ci fait emprisonner son autre frère, Robert Courteheuse, afin de s’emparer également du duché de Normandie.
Lorsque Henri décède, il n’a qu’une seule héritière légitime, Mathilde l’Emperesse, épouse de Geoffroy V d’Anjou dit Plantagenêt.
C’est pourtant son cousin, Étienne de Blois qui revendique à la fois le trône d’Angleterre et la couronne ducale.
Mathilde et son époux obtiennent le soutien des barons normands et reprennent ces territoires. Mathilde reçoit le titre de « Dame des Anglais et des Normands » et son fils, Henri II, duc de Normandie et comte d’Anjou et du Maine devient roi d’Angleterre.
Son union avec Aliénor d’Aquitainelui permet de régner sur un vaste territoire qui s’étend de l’Écosse au Pyrénées, l’« Empire Plantagenêt ».
Richard Cœur-de-Lion
Richard 1er dit Cœur de Lion succède à son père, Henri II, en 1189. Élevé par sa mère à la cour d’Aquitaine, le jeune homme devient donc roi d’Angleterre sans pour autant parler anglais. En effet, étant le troisième fils du roi, il n’est pas destiné à ceindre la couronne anglaise mais bien à devenir duc d’Aquitaine.
En 1173, Richard et ses frères, Henri dit le Jeune Roi et Geoffroy, se retournent contre leur père avec le soutien de leur mère et des barons. Cette rébellion est un échec et les frères n’ont d’autres choix que de se soumettre à Henri II tandis qu’Aliénor est maintenue captive pendant près de 15 ans.
Les deux frères aînés de Richard étant décédés, Richard devient roi d’Angleterre en 1189. Il va cependant continuer à privilégier ses terres « françaises » et ne réside que très rarement de l’autre côté de la Manche.
Richard et le roi de France Philippe II dit Auguste partent l’année suivante pour la troisième croisade demandée par le pape Grégoire VIII après la prise de Jérusalem par Saladin, dirigeant de la dynastie musulmane des Ayyoubides.
Au cours de leur voyage, Richard épouse Bérengère de Navarre qui l’a rejoint à Chypre. Cette union déplaît au roi de France dont il devait épouser la demi-sœur, Adèle de France.
Parallèlement, Jean-sans-Terre, frère de Richard Cœur-de-Lion, est resté en Angleterre et complote afin de l’évincer du pouvoir et de prendre sa place à la tête de l’Empire Plantagenêt.
Le roi de France Philippe II se retire de la croisade bien avant Richard et envisage lui aussi de s’approprier les possessions anglaises situées sur le continent. Il est peut-être à l’origine de la capture de Richard alors que celui-ci a pris le chemin du retour après avoir conclu un semblant de pacte avec Saladin.
Le roi d’Angleterre est livré à Henri IV du Saint-Empire qui réclame le versement d’une rançon extravagante. Aliénor d’Aquitaine parvient à réunir une partie de la somme et Richard est libéré non sans avoir prêté allégeance à l’empereur.
Revenu enfin en Angleterre en mars 1194, Richard parvient de justesse à empêcher son frère de lui prendre le trône. Il reprend l’ensemble des seigneuries anglaises à Jean-sans-Terre avant de repartir en France afin de protéger ses terres contre les ambitions de Philippe II qui a déjà annexé plusieurs villes en l’absence de son ancien allié.
Château-Gaillard
La guerre est dorénavant officiellement déclarée entre les deux rois et Richard Cœur-de-Lion entreprend d’établir une ligne de défense afin de protéger la Normandie contre les Français.
Parmi les nombreux ouvrages formant une véritable barrière le long de ses frontières, Richard décide d’édifier une forteresse aux Andelys. Érigé sur un promontoire, Château Gaillard a pour lourde tâche de surveiller la Seine. Le temps presse et l’immense château-fort est construit en moins de deux ans, un record à cette époque.
Le choix de la situation
La commune d’Andely se situe dans la vallée du Gambon, sur la rive droite de la Seine. A cet endroit, le fleuve forme une boucle et est bordé par des falaises de craie pouvant atteindre 150 mètres de haut. Le territoire est occupé depuis la Préhistoire et une colonie viking s’y installe aux alentours du 10ème siècle.
Richard Cœur-de-Lion jette son dévolu sur un promontoire rocheux haut de 90 mètres et surplombant la Seine, endroit stratégique pour édifier un château et surveiller la région. Il se méfie en effet de Philippe II malgré le traité de paix conclu entre les deux rois en 1196.
Or, à cette époque, ces terres font partie du domaine de l’archevêché de Rouen. De plus le traité qu’il vient de signer lui interdit de monter des fortifications.
Qu’à cela ne tienne, Richard maintient son projet sans consentement ce qui déclenche la fureur de Gautier de Coutances alors archevêque de Rouen. Afin de calmer son courroux, Richard propose d’échanger les Andelys contre le versement d’une rente et la propriété du port de Dieppe ainsi que de plusieurs terres et moulins, un marché hautement avantageux pour Gautier de Coutances.
Un petit bourg baptisé « La Couture » sort de terre au pied de la forteresse. Elle deviendra plus tard le « Petit Andely ». La réunion de celui-ci à la cité donne naissance aux Andelys, au 18ème siècle.
La construction
Richard Cœur-de-Lion est pressé par le temps et la construction de la forteresse est rapide ce qui n’empêche pas Château Gaillard d’être bâti selon un plan bien plus complexe que les autres places-fortes de cette fin de 12ème siècle.
Tout d’abord, il faut comprendre que ce château fait partie d’un complexe défensif extrêmement élaboré.
Un pont enjambant la Seine relie le bourg fortifié de La Couture à l’île d’Andely située au milieu du fleuve et où un second château-fort est construit en même temps que Château-Gaillard. Ce fort qui sert d’avant-poste est également relié à l’autre rive.
Plus loin en amont, une estacade comprenant trois rangées de pieux est construite sur le fleuve, empêchant ainsi les navires de descendre la Seine. Enfin ,deux mottes castrales, fortifications en terre entourées d’un fossé et d’une palissade de bois, sont élevées au hameau de Cléry (le Fort du Muret) et sur l’île La Tour (le Fort de Boutavant).
Le château en lui-même est tout aussi complexe. On est loin des quadrilatères délimités par des remparts flanqués d’un ou de plusieurs donjons et d’une porte d’entrée fortifiée.
L’immense château des Andelys se compose de plusieurs bâtiments, les uns imbriqués, les autres indépendants. Cette configuration doit offrir une résistance accrue aux assaillants et freiner leur avancée en cas d’intrusion.
L’ensemble formé par le château fort et ses avant-postes est tellement impressionnant qu’il est à l’origine du nom de Château Gaillard. En effet, Richard Cœur-de-Lion se serait exclamé en le découvrant : «Quel château gaillard » !
Le plan de Château-Gaillard
L’élément le plus caractéristique de Château-Gaillard est certainement le vaste donjon qui trône dans la haute-cour protégée par un rempart et un fossé. De forme arrondie sur les trois quart de sa circonférence, il se termine par un angle du côté sud-est. L’ensemble est renforcé par des contreforts qui étaient autrefois surmontés de mâchicoulis. Ce vaste donjon avait probablement à la fois une fonction résidentielle et une fonction militaire.
Outre le donjon, la haute-cour abritait des celliers, l’armurerie, un four à pain et une grande salle servant probablement aux soldats.
Cette partie du château est entourée d’une seconde enceinte comprenant un rempart en forme de polygone, flanqué de tours et protégé par un fossé sec. Les deux fortifications sont séparées par la basse-cour destinée à accueillir les habitants du bourg et leurs animaux en cas de danger. C’est là que se trouve également le puits du château profond de 120 mètres soit bien plus bas que le niveau de la Seine. On venait y puiser l’eau qui était stockée dans des citernes pour alimenter les autres parties de la forteresse.
Le tout est compris dans un vaste polygone présentant des sections arrondies relié à la basse-cour par un unique pont mobile enjambant un large fossé.
La forteresse mesure 200 mètres sur 80 et est entourée de murailles de plus de 3 mètres d’épaisseur. On estime que 4.700 tonnes de pierre ont été utilisées pour sa construction.
La prise de Château-Gaillard
L’apparence massive et la complexité de l’architecture de Château-Gaillard semblent lui donner l’invincibilité. De plus, on estime que les habitants de Château-Gaillard pouvaient soutenir un siège de minimum deux ans sans manquer de vivres.
Et pourtant, l’histoire va prouver le contraire.
Le roi de France Philippe II convoite donc la Normandie, possession historique des rois d’Angleterre depuis Guillaume-le-Conquérant.
En 1199, Richard Cœur-de-Lion décède sans héritier direct et c’est donc son frère, Jean-sans-Terre qui lui succède. Philippe II en profite pour reprendre la conquête de la Normandie abandonnée après le retour des Croisades de Richard.
En 1200, il contraint Jean d’Angleterre de reconnaître sa suzeraineté sur les terres situées sur le continent. Il ne se contente cependant pas de cet accord, il veut posséder toute la Normandie et prendre Château-Gaillard qui contrôle la navigation sur la Seine. En 1202, les hostilités reprennent.
Fin stratège, Philippe II Auguste décide de s’emparer d’abord de ses avant-postes. Les forts du Muret et Boutavant ainsi que le château de l’île tombent rapidement. Il fait également démolir l’estacade afin que les bateaux puissent à nouveau circuler sur la Seine. Les habitants du Petit Andely abandonnent les lieux et se réfugient derrière la première enceinte du château.
Château-Gaillard est dorénavant seul face aux Français qui bloquent toute possibilité de recevoir des renforts.
Le roi prépare un siège qu’il devine long devant la forteresse même si la reprise de la navigation sur la Seine lui permet de s’enfoncer en Normandie. Château-Gaillard construit par Richard Cœur-de-Lion reste en effet un symbole de la puissance anglaise qu’il veut abattre à tout prix.
Les Français construisent une circonvallation, un réseau de fortifications dressé autour du château afin d’empêcher ses habitants de sortir et donc de se ravitailler ou d’effectuer des raids mais également de recevoir de l’aide de l’extérieur. Ils élèvent également des tours de siège (ou beffrois) permettant aux assiégeants de s’avancer en sécurité en direction des enceintes du château.
Les Anglais sont conscients que les Français s’installent pour un long moment devant leurs murs et qu’ils veulent les affamer. Afin de faire durer leurs vivres plus longtemps, ils chassent les habitants du bourg venus demander protection et devenus des « bouches inutiles ». Les Français acceptent de laisser partir certains d’entre eux avant de refermer le passage. On estime que plusieurs centaines de villageois pris au piège entre les deux enceintes meurent de faim et de froid.
Finalement, la décision de lancer l’assaut est prise après sept mois de siège, à la sortie de l’hiver. Lambert Cadoc, chef d’une compagnie de mercenaires (ou routiers), et ses hommes franchissent la première muraille et parviennent à faire tomber la tour qui servait d’avant-poste.
Cette première brèche permet aux renforts de prêter main forte à Cadoc qui s’attaque déjà à la basse-cour. Les Français trouvent le point faible de la muraille … une fenêtre de la chapelle, un petit bâtiment qui aurait été ajouté par Jean-sans-Terre et ne respecte pas les mêmes normes défensives que le reste du château. Un premier groupe d’assaillants pénètre dans la basse-cour en passant par la chapelle tandis que d’autres remettent le pont mobile en place.
Les Anglais se retranchent dans la haute-cour mais peine perdue… le château tombe entre les mains des Français le 6 mars 1204 après la reddition des derniers hommes de la garnison. Après la chute de Château-Gaillard, la conquête de la Normandie s’achève en moins de quatre mois.
La Tour de Nesle
L’histoire de Château-Gaillard ne s’achève pas avec la fin du siège et la forteresse va être au cœur de plusieurs pages de l’histoire de France.
C’est ainsi qu’au début du 14ème siècle, elle sert de prison à Marguerite et Blanche de Bourgogne, deux des belles-filles du roi Philippe IV le Bel suite à l’ « Affaire de la Tour de Nesle » et les accusations d’adultère portées à l’encontre des princesses par Isabelle de France.
Si Blanche termine sa vie dans un couvent, Marguerite devenue entre-temps reine de France meurt à Château-Gaillard en avril 1315.
Les guerres
Château-Gaillard reste au fil des siècles une importante place-forte, enjeu de conflits durant la Guerre de Cent Ans et les guerres de religion du 16ème siècle. La forteresse est assiégée à plusieurs reprises et redevient même anglaise de 1419 à 1429 et de 1430 à 1449.
A l’aube du 17ème siècle, le roi Henri IV autorise son démantèlement et la récupération de ses pierres pour réparer les bâtiments conventuels des communautés religieuses des Andelys.
La visite
En 1852, les ruines de Château-Gaillard à l’abandon sont classées monument historique. A cette époque, ses vestiges recouverts de végétation attirent les touristes en quête de romantisme. Quelques décennies plus tard, des fouilles sont entreprises ce qui permet de dresser un plan de cette forteresse et de réhabiliter le site.
Le donjon de Château-Gaillard se visite tous les jours sauf le mardi, du 15 mars au 15 novembre, de 10 à 13hr et de 14 à 18hr.
Il est toutefois possible de se promener librement à l’extérieur tout le long de l’année.
Fait surprenant, on peut y découvrir quelques plantes autrefois ramenées des bords de la Méditerranée et d’Orient par les croisés et qui se sont parfaitement acclimatées au climat plus rigoureux de la Normandie.
Coordonnées
Château-Gaillard
27700 Les Andelys
Tel : 02 32 21 31 29
Mail : lesandelys@tourisme.sna7.fr
La visite des Andelys
Après la visite de Château-Gaillard, attardez-vous dans la région afin de découvrir les Andelys, une commune dont le territoire est occupé depuis le Paléolithique.
Parmi les « incontournables » des Andelys, nous vous conseillons de visiter :
Le théâtre gallo-romain des Râteliers
construit probablement au 1er siècle de notre ère et redécouvert en 1927 à proximité d’une villa datant de la même époque. Ce théâtre aux dimensions impressionnantes (120 mètres de long) est l’un des plus grands construits en Gaule. Ce site classé Monument Historique en 2006 est envahi par la végétation et n’a pas l’attention qu’il mérite.
La Collégiale Notre-Dame des Andelys
construite au 13ème siècle en style gothique abrite de superbes vitraux exécutés par des maîtres verriers aux 15ème et 16ème siècles. Elle a été édifiée sur le site d’un ancien monastère réservé aux jeunes filles de bonne famille fondée par Clotilde, épouse de Clovis 1er.
La collégiale est ouverte tous les jours de 9 à 19 hr durant l’été et de 9 à 17hr30 en basse saison.
Il est possible de faire la visite en compagnie d’un guide sur réservation (02 32 51 80 27 ou 02 32 51 80 28 ou contact@lesandelys-tourisme.fr)
La Tour de l’Horloge
construite au début du 19ème siècle sert d’écrin au mécanisme de l’horloge qui se trouvait autrefois dans l’église Sainte-Madeleine détruite durant la Révolution de 1789. Le bois de construction de cette étrange tour provient de l’église du couvent des Capucins. La tour est entièrement recouverte d’ardoises.
L’hôpital Saint-Jacques
a été construit à la fin du 18ème siècle afin de remplacer l’ancien hospice destiné aux pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle. Aujourd’hui, les bâtiments ont été réaménagés afin d’accueillir des personnes âgées. Si l’hôpital n’est pas accessible au public, on peut néanmoins admirer ses façades et la chapelle surmontée d’un imposant dôme depuis les rives de la Seine ou du GR2.
Le Musée Nicolas Poussin
a pris place dans une maison bourgeoise du 18ème siècle. On peut y découvrir l’histoire des Andelys au fil des siècles à travers des objets du quotidien, des documents et des œuvres d’art, notamment le tableau intitulé «Coriolan supplié par sa famille », peint par le plus célèbre enfant du pays, Nicolas Poussin. L’artiste né aux Andelys en 1594 est considéré comme l’un des chefs de file du classicisme.
En pratique
Le musée est ouvert tous les jours sauf le mardi de 14 à 18hr d’avril à septembre.
En basse-saison, la visite se fait uniquement sur réservation.
Coordonnées
Musée Nicolas Poussin
Rue Sainte-Clotilde
27700 Les Andelys
Tel : 02 32 54 31 78
Que manger dans la région ?
Votre séjour en Normandie passe nécessairement par la découverte de la gastronomie régionale.
Le Vexin normand est avant tout une terre agricole qui met ses produits de terroir à l’honneur.
Rillettes, volailles, gibier, poissons de rivière, fruits et légumes sont mis en valeur dans ses nombreuses spécialités et notamment :
- La tarte aux pommes à l’ancienne flambée au Calvados
- Le poulet à la Normande mijoté dans du cidre avec des lardons, des échalotes et des champignons. A la fin de la cuisson, la sauce est enrichie de crème fraîche.
- La teurgoule, un riz au lait aromatisé à la cannelle et cuit lentement au four.
- Le gratin de pommes de terre au camembert, une agréable variante du gratin dauphinois servie en accompagnement des viandes.
- La truite nappée d’une sauce au cidre, à la moutarde à l’ancienne et à la crème épaisse.