Château de Versailles - ©bogitw CC0 Creative Commons

Le château de Versailles et ses fêtes

Le Château de Versailles, résidence des Rois de France aux 17ème et 18ème siècles, est mondialement connu. Cet immense monument et ses jardins ont longtemps servis de vitrine permettant à la France de prouver sa puissance face aux nations étrangères.
Aujourd’hui, nous vous convions à découvrir que ce château a également été le témoin de fêtes fastueuses données par le roi.

Un peu d’histoire

Nous sommes en 1623, le roi de France Louis XIII apprécie les parties de chasse dans les forêts giboyeuses de Versailles qui n’est alors qu’un petit village agricole blotti au pied d’une résidence seigneuriale, plus proche du manoir que du château, appartenant à la famille Gondi.
Souhaitant profiter d’un « pied à terre » afin de s’épargner la peine de regagner Paris après les journées de chasse, le roi fait bâtir un premier pavillon entre Paris et Saint-Germain-en-Laye. Il s’agit d’une simple bâtisse de 35 mètres de long flanquée de deux ailes, construite sur trois étages et entourée de bois et de marécages.
On est loin d’une demeure royale, le bâtiment en briques rouges est rudimentaire, dépourvu de confort et même d’appartement destiné à l’épouse du roi ou à sa mère. Les appartements du roi sont également modestes et ne comprennent que quelques pièces situées au premier étage. Ce dénuement est à l’origine de son surnom de « chétif château ».
Petit à petit, Louis XIII acquiert des terres avoisinantes et, en avril 1632, il devient le propriétaire de la « terre et seigneurie de Versailles » après avoir racheté le domaine à l’archevêque de Paris, Jean-François de Gondi.
Il peut ainsi réaliser les plans d’agrandissement et d’embellissement du pavillon de chasse mais également d’un premier jardin « à la française ».
A la mort de Louis XIII, en 1643, Versailles est délaissé par la famille royale. En effet, sa veuve, Anne d’Autriche, devenue régente de France en attendant la majorité de Louis XIV âgé alors de quatre ans se désintéresse de la propriété.
Il faut attendre l’année 1653 pour que le jeune Louis réside à nouveau à Versailles à l’occasion de parties de chasse. Ces brefs séjours ne marquent cependant pas le roi qui préfère Vincennes. Le château est géré vaille que vaille par un concierge et par un jardinier qui n’hésite d’ailleurs pas à exploiter les terres à son profit.

En 1660, le roi charge son valet de chambre, Jérôme Blouin, de superviser la gestion de Versailles et d’établir un inventaire de ses biens. Le jardinier indélicat et le concierge négligent sont priés de plier bagages.
La même année, Louis XIV qui s’est marié récemment avec Marie-Thérèse d’Autriche participe à une chasse à Versailles. Pendant ce séjour, il envisage pour la première fois de continuer l’œuvre de son père, d’agrandir le jardin et de rénover les appartements royaux.
A partir de 1664, le souverain voit les choses en grand et un énorme chantier est entrepris afin de créer de somptueux jardins.
Ce chantier est une véritable gageure car le terrain est tout sauf adapté. Rappelons-nous que le sol de Versailles est marécageux et malsain.
L’entourage de Louis XIV ne comprend pas qu’il dépense autant d’argent pour aménager les jardins de Versailles alors qu’il néglige le Palais du Louvre qui est encore à cette époque la résidence officielle de la cour.

Le château de la démesure

Au fur et à mesure de l’avancée des travaux, Louis XIV donne des grands fêtes dans le parc du château. Ces fêtes sont l’occasion de divertir les courtisans et d’éblouir les visiteurs mais surtout servent de prétexte au roi pur recevoir ses favorites dont Melle de La Vallière, sa première maîtresse « officielle ».
Cependant, le château de taille somme toute modeste n’est pas assez grand pour accueillir les nombreux invités du roi. Il décide alors de faire sortir de terre le plus imposant et le plus majestueux château jamais construit.
Louis XIX s’entoure des plus célèbres et des plus habiles artistes et artisans pour réaliser cet ambitieux projet. Les architectes Le Vau et Hardouin-Mansart, le sculpteur Girardon, le paysagiste Le Nôtre ou encore le peintre Le Brun font partie des créateurs du Château de Versailles tel que nous le connaissons aujourd’hui.

A la fin des années 1660, la deuxième phase de construction peut débuter.

Les décorations, les œuvres d’art, les dépendances, la ménagerie royale qui abrite des espèces exotiques envoyés au roi du monde entier, tout est démesuré et magnifique.
Le creusement du Grand Canal débute également. Ce plan d’eau en forme de croix comprend deux axes de 1,670 km et de 1,5km de long sur 62 mètres de large. Le tout est alimenté par la « machine de Marly » qui pompe les eaux de la Seine à partir de 1681.

L’intérieur du château se transforme également et on peut assister notamment à la création de la Galerie des Glaces, de la Chapelle et des Grands appartements. Versailles est désormais une petite ville grouillante de domestiques, d’ouvriers, de marchands, de courtisans qui ont leurs propres serviteurs, de conseillers du roi, …

A la mort du Roi-Soleil, ses fils et petits-fils ne sont plus de ce monde et c’est donc son arrière-petit-fils devenu dauphin de France qui lui succède. Il est âgé de 5 ans et son cousin Philippe d’Orléans assure la régence.
De 1715 à 1722, la cour se réinstalle d’abord à Vincennes et ensuite aux Tuileries.
Louis XV revient à Versailles et constate que le château a souffert de cet abandon. Il ordonne de faire les réparations nécessaires, de réaménager les appartements à sa convenance et d’achever les travaux suspendus par le décès de Louis XIV. A cette époque, plus de 9.000 personnes vivent dans le château et ses dépendances.
Louis XV perpétue également la tradition des grandes fêtes notamment à l’occasion des mariages princiers.

En 1789, la Révolution française éclate à Paris et le peuple marche sur Versailles afin de ramener la famille royale dans la capitale. Louis XVI, son épouse et leurs enfants quittent Versailles en emportant une partie du mobilier.

Les jours fastueux de Versailles sont définitivement terminés et, après la fin de la monarchie, une grande partie des œuvres d’art enrichit le musée du Louvre tandis que le reste du mobilier est vendu en lots sur ordre de la Convention nationale. Le roi Georges III d’Angleterre se porte acquéreur de nombreuses pièces qui meublent aujourd’hui encore Windsor et Buckingham. Les jardins sont transformés en champs et on envisage de détruire le château, symbole de l’Ancien Régime.

Fort heureusement, Napoléon Bonaparte devenu empereur s’installe à son tour à Versailles et remet en état le château. Il n’eut cependant pas le temps de le réaménager comme il le souhaitait et à la fin du Premier Empire, Versailles retrouve sa solitude.
Durant la Restauration, Louis XVIII ne souhaite pas résider dans le château trop chargé de symboles mais ordonne néanmoins sa rénovation.
C’est sous le règne de Louis-Philippe 1er que le château est transformé en musée.

Les fêtes à Versailles

Louis XIV et, dans une moindre mesure, Louis XV ont offert à la cour des fêtes d’une ampleur inimaginable.
Le compte-rendu de ces festivités qui s’étalaient souvent sur plusieurs jours nous sont parvenus et nous permettent de nous plonger dans un univers à jamais révolu.

Les Fêtes des Plaisirs de l’Île Enchantée

Les plaisirs de l’isle enchantée ou les festes et diverstissements du Roy à Versailles, divisez en trois journées et commencez le 7me jour de may de l’année 1664 : [estampe] – ©Galica Bibliothèque Nationale de France
Du 7 au 13 mai 1664, Louis XIV donne la première d’une longue série de grandes fêtes à Versailles. Pendant six jours, le domaine devient le lieu de réjouissances baptisées les « Fêtes des Plaisirs de l’Île Enchantée ». L’organisation de cet événement qui ne sert en réalité qu’à permettre au roi de présenter officiellement Melle de La Vallière à la cour est confiée au compositeur Lully et au comédien Molière. Le Roi déguisé en héros grec est entouré de tous les Grands du royaume pour assister aux représentations théâtrales, aux ballets, aux feux d’artifice, aux courses de chevaux qui ponctuent la fête. Celle-ci se déroule dans les jardins du château et les participants sont bien souvent obligés de marcher dans la boue … le chantier est loin d’être terminé.

Le Grand divertissement royal

En 1668, la France signe le traité de paix d’Aix-la-Chapelle qui confirme le rattachement des grandes villes flamandes dont Lille et Dunkerque. C’est l’occasion pour Louis XIV de donner une nouvelle fête, le 18 juillet.

Le « Grand Divertissement royal » se déroule également dans les jardins de Versailles et les spectateurs suivent un parcours pour suivre une comédie montée par Molière et Lully intitulée « George Dandin ou le Mari confondu »  ou encore pour savourer un véritable festin avant de participer au bal et d’admirer le feu d’artifice.
En une soirée, le roi dépense 117.000 livres, une somme colossale.

Les divertissements de 1674

L’été 1674 est marqué par une succession de fêtes données par Louis XIV. Si Lully est toujours présent à la cour, Molière n’est plus au rendez-vous. Le dramaturge est décédé l’année précédente mais c’est malgré tout sa dernière œuvre, « Le Malade imaginaire », qui est présentée dans la Grotte de Thétis.
Les invités assistent à de nombreux repas, à des concerts, à des pièces de théâtre et à des feux d’artifice entre le 4 juillet et le 31 août. Ces divertissements se terminent en apothéose par une promenade en gondoles sur le Grand Canal illuminé.

Les réceptions des ambassadeurs

A partir de 1682, le château de Versailles devient la résidence principale de Louis XIV et de sa cour. C’est dorénavant dans ce lieu que se prennent les grandes décisions du royaume. Des pages entières de l’Histoire de France sont écrites dans les appartements du roi.
Louis XIV, monarque absolu de droit divin se doit de montrer toute sa puissance et surtout d’étaler la richesse de la France notamment devant les ambassadeurs étrangers en visite à Versailles.

La Galerie des Glaces conçue par Jules Hardouin-Mansart symbolise parfaitement cette volonté. 357 miroirs sortis des manufactures françaises sont posés le long des 73 mètres de la galerie, face aux 17 fenêtres ouvrant sur les jardins. Au plafond, 30 fresques peintes par Le Brun retracent les grandes heures de la vie du roi. Tout est fait pour éblouir les invités les plus prestigieux.
La Galerie des Glaces relie les appartements du roi et de la reine et est donc utilisée au quotidien non seulement par la famille royale mais également par les courtisans. Ils discutent, font des rencontres voire se donnent rendez-vous en attendant le passage du roi, de la reine ou des conseillers.

Vue d’Optique représentant la Grande Galerie de Versailles – ©Galica Bibliothèque Nationale de France

Ce « couloir » devient une salle de fête lorsqu’il s’agit d’éblouir des invités de marque. Le trône de Louis XIV et plus tard celui de Louis XV est alors placé sur une estrade du côté du salon de la Paix et ses hôtes doivent traverser la salle entre deux rangées de courtisans installés sur des gradins avant de pouvoir se présenter devant le roi.
C’est donc dans la Galerie des Glaces qu’ont eu lieu les réceptions données en l’honneur du doge de Gênes (1685) et des ambassadeurs du Siam (1686), de Perse (1715) et de la Sublime Porte (Empire ottoman) (1742).

Les mariages princiers

La Galerie des Glaces a également servi de décor à plusieurs grands mariages princiers.
En 1697, Louis XIV donne une réception grandiose en l’honneur de son petit-fils, le duc de Bourgogne et de sa jeune épouse Marie-Adélaïde de Savoie âgés respectivement de 15 et 12 ans. De cette union naîtra le futur Louis XV qui aura la lourde tâche de succéder à son arrière-grand-père, le Roi-Soleil.
Le mariage qui doit non seulement assurer la descendance du roi mais également sceller la paix entre les maisons de France et de Savoie est célébré le 7 décembre et est suivi de deux bals donnés dans la galerie, les 11 et 14 décembre.

En février 1745, Louis XV marie son fils, le dauphin Louis à l’infante d’Espagne, Marie-Thérèse. A cette occasion, il donne un bal costumé intitulé le « Bal des Ifs » qui se déroule dans la Galerie des Glaces. Le jeune couple est très vite éclipsé par la nouvelle maîtresse du roi, Jeanne-Antoinette d’Etiolles née Poisson qui deviendra la célèbre Marquise de Pompadour.
Louis XV qui assiste costumé à ce bal ne quitte pas la jeune femme… c’est le début d’une longue liaison qui ne prendra fin qu’en 1764, à la mort de la marquise.

C’est également pour des raisons diplomatiques que le duc de Berry, dauphin de France et futur Louis XVI, est uni à Marie-Antoinette d’Autriche en 1770. Marier le petit-fils du roi de France et la fille de l’impératrice d’Autriche permet en effet de renforcer l’entente politique entre les deux pays.
Marie-Antoinette arrive à Versailles le 16 mai afin de s’unir à Louis. La cérémonie est célébrée dans la chapelle du château mais, en réalité, le mariage a déjà eu lieu un mois plus tôt par procuration.
Les nouveaux mariés rencontrent les différents ambassadeurs avant de rejoindre les invités massés dans la Galerie des Glaces.
Des fêtes sont données pendant deux semaines en leur honneur. Elles seront malheureusement endeuillées par un drame qui se déroule le 30 mai.

Feu d’artifice tiré à la place de Louis XV. le 30 mai 1770 à l’occasion du mariage de Lousi Auguste Dauphin de France avec l’archiduchesse Marie Antoinette soeur de l’Empereur – ©Galica Bibliothèque Nationale de France

Ce jour-là, les Parisiens sont invités à différentes festivités qui se déroulent Place Louis XV (actuelle Place de la Concorde). La foule est compacte … ce n’est pas souvent que le peuple peut manger, boire et se divertir gratuitement. Un service de sécurité est bien mis en place par le prévôt mais est probablement insuffisant pour contenir 300 à 400.000 personnes. De plus, le quartier choisi est un véritable chantier. La plupart des rues actuelles ne sont pas encore percées, sont encombrées de matériaux destinés à la construction ou sont trop étroites pour permettre une éventuelle évacuation de la foule.

Un feu d’artifice est prévu pour clôturer cette journée de réjouissances. C’est alors que le drame se produit. Ce qui devait être le bouquet final met le feu à l’estrade et au décor en toiles du « Temple de l’Hymen » dressés pour l’occasion. Ce début d’incendie provoque un mouvement de foule mais sans affolement. Les spectateurs déçus se dirigent la rue Royale afin de profiter de la foire installée le long de l’actuel Boulevard de la Madeleine. Or, la rue se rétrécit en un goulet et la foule est vite à l’arrêt. La situation s’aggrave lorsque les carrosses transportant les plus fortunés s’engagent à leur tour dans la rue alors que les voitures-pompes tentent de rejoindre la place … et sont donc à contre-sens.
La foule est prise en étau et la panique s’installe. Dans l’obscurité, des personnes se prennent les pieds dans les matériaux du chantier, tombent et sont piétinées. Des chevaux chutent à leur tour… s’écroulant sous le poids des spectateurs qui tentent de survivre en montant sur tout ce qui est surélevé.
Les forces de l’ordre parviennent petit à petit à faire refluer les gens vers la place. L’heure est au bilan et il est lourd…. 132 personnes sont décédées, toutes appartenant aux classes défavorisées. Les aristocrates et bourgeois sont sortis indemnes de la bousculade, protégés par leurs domestiques.
On dénombre également au moins un millier de blessés … on parle même de 6.000 mais ce chiffre est peu vraisemblable. Touchés par ce drame, la famille royale et le clergé aident financièrement les victimes et leurs familles.

La visite

Un séjour à Paris passe inévitablement par la visite du château et des jardins de Versailles. N’hésitez pas à consacrer une journée complète à la découverte de ces lieux qui nous plongent au cœur de l’Histoire de France.
Le château ouvre ses portes tous les jours sauf le lundi, de 9 à 17hr30 ce qui permet de le visiter librement ou en compagnie d’un guide en matinée. L’après-midi est alors consacrée au domaine de Trianon et à la Galerie des Carrosses (ou Écuries Royales) accessibles respectivement à 12hr et à 12hr30.

L’accès aux jardins de Versailles est gratuit excepté lors des événements spéciaux (Jardins Musicaux et Grandes Eaux). Ils sont ouverts au public de 8 à 18hr.
Il est possible de se restaurer dans le domaine :

  • La petite Venise, restaurant ouvert tous les les jours de 12 à 17 ou 18hr selon la saison
  • La Brasserie de la Girandole propose un service de petite restauration du mardi au dimanche en haute saison, de 8 à 20hr30.

Il est recommandé d’acheter un passeport (1 ou 2 jours) ou une carte 1 an qui permettent de découvrir les différents bâtiments et les expositions temporaires à prix réduit.

Château de Versailles
Place d’Armes
78000 Versailles
Tel : 01 30 83 78 00
Site web : http://www.chateauversailles.fr

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