Les cours des miracles, des sociétés bien structurées
Il était en effet dans cette redoutable Cour des Miracles où jamais honnête homme n’avait pénétré à pareille heure ; cercle magique où les officiers du Châtelet et les sergents de la prévôté qui s’y aventuraient disparaissaient en miettes ; cité des voleurs, hideuse verrue à la face de Paris ; égout d’où s’échappait chaque matin, et où revenait croupir chaque nuit ce ruisseau de vices, de mendicité et de vagabondage toujours débordé dans les rues des capitales ; ruche monstrueuse où rentraient le soir avec leur butin tous les frelons de l’ordre social ; hôpital menteur où le bohémien, le moine défroqué, l’écolier perdu, les vauriens de toutes les nations, espagnols, italiens, allemands, de toutes les religions, juifs, chrétiens, mahométans, idolâtres, couverts de plaies fardées, mendiants le jour, se transfiguraient la nuit en brigands ; immense vestiaire, en un mot, où s’habillaient et se déshabillaient à cette époque tous les acteurs de cette comédie éternelle que le vol, la prostitution et le meurtre jouent sur le pavé de Paris.
C’est ainsi que Victor Hugo parle de la « Cour des Miracles », lieu mal famé de Paris, dans Notre-Dame de Paris.
Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir l’histoire des cours des miracles, des espaces fréquentés par les mendiants et les coupeurs de bourses au cœur des villes françaises.
Un peu d’histoire
L’histoire des cours des miracles est méconnue en raison même de leurs caractéristiques. Les habitants de ces espaces de non-droit ne tenaient en effet ni registres ni comptes et aucun écrit n’a été retrouvé permettant de retracer leur chronologie. Les « honnêtes » gens ne s’aventurant pas dans ces quartiers à mauvaise réputation ne pouvaient qu’imaginer la vie menée par les mendiants et les brigands qu’ils rencontraient à chaque coin de rue.
Il est probable que ces cours des miracles se sont formées peu à peu durant le Moyen-Âge lorsque les vagabonds, les laissés pour compte de la bonne société, les prostituées, les infirmes voire les malades mentaux se sont regroupés. Petit à petit, ils ont investi des quartiers entiers de Paris mais également des autres villes du royaume de France.
En effet, il n’existait pas une « Cour des Miracles » rendue célèbre par le roman de Victor Hugo mais bien de multiples cours plus ou moins importantes et fermement implantées dans les cités françaises.
Si l’intrigue de Notre-Dame de Paris se déroule en 1482, le terme « cour des miracles » ne semble toutefois pas avoir été utilisé, du moins officiellement, avant le 17ème siècle.
Le topographe-ingénieur de Louis XIV Jacques Gomboust, publie en 1652 un plan de Paris et de ses faubourgs, un précieux document connu sous le nom de « Plan de Gomboust ». Il y situe la cour des Miracles correspondant au « fief d’Alby » également appelée « Grande cour des Miracles ».
L’origine du nom
Mais pourquoi appeler ces quartiers mal famés « cours des miracles » ?
L’explication est toute simple. On parle de cour parce que contrairement aux apparences une véritable structure hiérarchisée et bien organisée y est mise en place. Les habitants sont partagés en plusieurs « classes » et gouvernés par un roi … qui a donc sa propre cour observant des règles établies.
C’est avec ironie que celle-ci est surnommée « des miracles ». En effet, les mendiants, culs-de-jatte, aveugles, estropiés qui se traînent toute la journée dans les rues de Paris quémandant quelques sous aux passants retrouvent « miraculeusement » la vue et l’usage de leurs membres lorsqu’ils franchissent la « porte » de leur cour, à la nuit tombée.
Les cours des miracles parisiennes
Paris ne compte pas une seule cour des miracles mais une douzaine réparties dans la capitale et correspondant aux actuelles rues de l’Échelle (1er arrondissement), Réaumur (2ème et 3ème arrondissement), du Bac (7ème arrondissement), du Temple, des Tournelles et Jean-Beausire (3ème et 4ème arrondissements), de la Jussienne et des Forges (2ème arrondissement), de Reuilly (12ème arrondissement) ainsi qu’au quartier Bonne Nouvelle, ancienne Butte aux Gravois, et au quartier compris entre les rues Réaumur et du Caire, le fief d’Alby, dans le 2ème arrondissement de Paris.
On estime qu’au total 30.000 personnes vivaient dans ces zones sordides où même les forces de l’ordre n’osaient pas s’aventurer.
Le fief d’Alby
Le fief d’Alby ou Grande cour des Miracles est le quartier amplement décrit par Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris. C’est là que vivent la Esméralda et Clopin Trouillefou.
Au Moyen-Âge, le terme « fief » désigne une terre attribuée par un seigneur à un vassal généralement issu de la noblesse. Le vassal a pour obligation d’entretenir la terre, de rendre hommage à son seigneur ou au roi dont il est le représentant. Il a l’autorisation de percevoir les impôts et les amendes et de profiter des revenus du fief non sans avoir versé un tribut à son suzerain.
Il existe différentes sortes de fiefs et les obligations des vassaux peuvent différer de l’une à l’autre. On parle alors de fiefs d’honneur, de profit, de danger, de dignité (ou fiefs nobles), corporels, ouverts, en pairie ….
Paris, comptabilise de très nombreux fiefs, certains ne regroupant que quelques maisons voire un espace dans les anciennes Halles de Paris, d’autres englobant plusieurs rues, un lotissement ou un domaine situé en dehors des murs de la ville.
On distingue deux fiefs d’Alby. Le premier également appelé fief d’Hellebick ou d’Hellebic correspond à une halle couverte où l’on vendait du poisson de mer. Cette halle située le long de l’ancienne rue de la Fromagerie (actuel Forum des Halles) et du carreau de la Halle était un fief de domaine noble.
Il en va tout autrement du fief d’Alby blotti entre les rues du Caire et Réaumur, la Grande Cour des Miracles. Elle ne porte le nom de fief que pour rappeler qu’en ce lieu règne un maître. Les habitants n’obéissent à d’autres lois que les siennes.
L’organisation de la Cour des Miracles
Le fief d’Alby couvre tout un quartier regroupé autour d’une grande place terminant par un cul-de-sac et dans lequel vivent plusieurs centaines de familles. Cette population pour le moins hétéroclite subsiste grâce aux « activités » des habitants exercées durant la journée dans les rues de la capitale.
Quel que soit son rang, chaque « miraculé » doit ramener son butin à la Cour des Miracles lorsque les rues de Paris sont désertées par les passants, le soir venu. C’est par un véritable réseau de ruelles tortueuses et boueuses où règne l’insécurité qu’il parvient aux portes de son « domaine » et qu’il peut reprendre son apparence normale.
Loin de la société bien-pensante, mendiants, voleurs et bohémiens vivent sans se soucier des lois ou de la religion. De nombreux enfants la plupart illégitimes naissent au sein de cette communauté et sont formés à leur « métier », dès leur plus jeune âge et à coups de bâton .
Bien que vivant en marge de la société, les argotiers doivent rendre des comptes à leur chef, le grand Coësre parfois appelé roi des Thunes. Les thunes font référence aux petites piécettes que reçoivent les mendiants.
Le roi trône au milieu de sa cour de gueux qui sont dans l’obligation de lui verser une sorte d’impôt prélevé sur les larcins et aumônes récoltés durant la journée.
Il dirige non seulement les cours des Miracles parisiennes mais également celles de province. C’est également lui qui accepte ou refuse l’intégration d’un nouvel habitant au sein de la communauté.
Le grand Coësre est secondé dans sa tâche par des « lieutenants » appelés « cagoux » qui le représentent notamment dans les cours provinciales.
La formation des argotiers et l’enseignement de leur langage sont confiés aux « archissupôts », généralement des anciens étudiants ou des moines défroqués qui ne sont pas parvenus à s’intégrer dans la bonne société.
En effet, afin de mieux se démarquer de leurs concitoyens, de renforcer la cohérence de leur groupe et de protéger leurs activités, les habitants des cours des miracles ont développé leur propre langage, un jargon qui donnera naissance à l’argot.
Ce terme est mentionné pour la première fois en 1630 par Ollivier Chereau, écrivain et boutiquier de Tours, dans son livre intitulé « Le Jargon ou Langage de l’Argot ». Notons qu’à cette époque l’argot désigne le gueux lui-même et non le langage populaire qu’il utilise.
Les archissupôts considérés comme savants occupent la troisième place dans la hiérarchie et ne doivent pas payer d’impôts au grand Coësre.
C’est parmi les cagoux et les archissupôts que les argotiers choisissent leur grand Coësre lors de leurs états généraux qui se tiennent chaque année. Bien entendu, un même roi peut être désigné plusieurs années d’affilée. Une fois élu, il peut revêtir le costume extravagant inhérent à sa fonction.
Vient ensuite toute la foule de mendiants et de voleurs chargés de ramener argent et nourriture à la cour.
Chacun occupe une fonction bien définie, les mendiants déguisés en estropiés, en pèlerins, en épileptiques ou en aveugles, les prostituées, les « orphelins » attirant la pitié, les voleurs à la tire, les coupeurs de bourse, …. Ils agissent généralement en petits groupes afin de pouvoir très rapidement faire disparaître les objets volés sans trop attirer l’attention.
Selon leurs métiers et ce qu’ils rapportent, ils occupent une place plus ou moins importante au sein de la cour. Ainsi, les « coupeurs de bourse » représentent une sorte d’élite dans cette société si bien structurée et hiérarchisée. Mais pour obtenir ce statut, il faut passer des épreuves appelés « chefs d’œuvre », consistant à couper une bourse dans des conditions particulièrement difficiles ou à commettre un larcin au nez et à la barbe des passants.
Henri Sauval, historien du 17ème siècle nous décrit ces tests dans son livre « La Cour des miracles » :
Le jour pris pour le premier on attache au plancher et aux solives d’une chambre une corde bien bandée où il y a des grelots avec une bourse, et, il faut que celui qui veut passer maître, ayant le pied droit sur une assiette posée en bas de la corde, et tournant à l’entour le pied gauche, et le corps en l’air, coupe la bourse sans balancer le corps et sans faire sonner les grelots (…). Alors pour faire un second chef d’œuvre, ses compagnons le conduisent en quelque lieu grand et public (…) ils lui commandent de faire ce vol en leur présence et à la vue de tout le monde (…) ils disent aux passants en le montrant au doigt : « Voilà un coupeur de bourses qui va voler cette personne ». (…) les passants et les délateurs le prennent, l’injurient, le battent, l’assomment sans qu’il ose déclarer ses compagnons ni même faire semblant de les connaître. Cependant, force gens s’assemblent et s’avancent pour voir ou pour apprendre ce qui se passe. Ce malheureux et ses camarades les pressent, les fouillent, coupent leurs bourses (…), tirent subtilement de leurs mains leur nouveau maître et se sauvent avec lui et avec leurs vols.
Les faux malades et estropiés usent d’artifices pour être plus crédibles. Ils utilisent par exemple de la chélidoine afin que leur peau se couvre de cloques et trempent leurs plaies d’un mélange de sang d’animal et de farine pour leur donner un air plus effrayant.
Il faut faire pitié, faire croire à des blessures de guerre, des guérisons miraculeuses, chaparder quelques victuailles ou soustraire les bourses des Parisiens qui croisent leur chemin.
Les argotiers sont regroupés dans différentes catégories comme celles des riffodés, fausses victimes d’incendie, les convertis qui clament bien haut qu’ils sont des anciens protestants convertis au catholicisme, les coquillards, faux pèlerins de Saint-Jacques vendant des coquilles, les pickpockets ou courteaux (ou courtauds ou courtauts) de boutanches (boutiques), faux ouvriers volant leurs maîtres, les faux soldats baptisés drilles ou narquois, les orphelins, les francs mitoux, les malingreux et les piètres simulant quelque maladie ou infirmité, les prostituées et leurs souteneurs appelés « marjauds » …
Henri Sauval décrit ainsi les argotiers et le grand Coësre dans son « Histoire et recherches des antiquités de la ville de Paris » :
On tient par tradition que leur jargon est le même que firent entre eux les premiers Merciers qui allèrent au foires (…). Leurs Officiers se nomment Cagoux, Archissupôts de l’Argot (…). Leur Roi prend d’ordinaire le nom de grand Coësre, quelquefois de Roi de Thunes, à cause d’un scélérat appelé de la sorte, qui fut Roi trois ans de suite, & qui se faisait traîner par deux grands chiens dans une petite charrette, & mourut à Bordeaux sur une roue. (…)
Quand il fleurissait, le grand Coësre y recevait tous ceux qui se présentaient. D’abord, il leur fallait enseigner par les Cagoux à accommoder une drogue faite avec une herbe nommée Esclaire, ou avec du lait, du sang & de la farine, pour contrefaire des ulcères, des blessures & autres plaies. Après il leur fallait apprendre à faire de la graisse pour empêcher les chiens d’aboyer dans les villages, & mille autres tours de souplesse seraient peut-être plaisants mais trop longs à raconter.
Pour devenir officiers, il fallait avoir un magasin de masques, de haillons, d’emplâtres, de potences, de bandages, & de ces autres épouvantails de chènevière, qui font pitié au peuple, & rire les honnêtes gens.
Pour monter sur le trône, il fallait avoir été Cagou, ou Archissupôt de l’Argot, & porter un bras, une jambe ou une cuisse à demi rongée, en apparence, de gangrenne ou de pourriture, mais en effet si aisée à guérir, qu’en un jour elle se pouvait rendre aussi saine que jamais. Ses habits Royaux étaient faits de mille haillons rapetacés & bigarrés de mille couleurs : tous les ans il tenait des États généraux : tous les officiers & les peuples s’y rendaient, & lui faisaient hommage ; ceux-ci lui payaient les tributs à quoi les Loix du Royaume les obligeaient ; ceux-là lui rendaient compte de leurs charges, & des choses qu’ils avaient fait le long de l’année quand ils s’en étaient mal acquités, il les faisait punir en sa présence selon leurs démérites. Lorsqu’il n’avait pas lui-même bien gouverné, on le détrônait & on en créait un autre à sa place.
Gabriel Nicolas de La reynie
Nous sommes au 17ème siècle et l’insécurité grandissante dans les rues de Paris inquiète fortement Jean-Baptiste Colbert, ministre du roi Louis XIV.
C’est pour cette raison qu’il crée la fonction de lieutenant général de police de Paris en 1667 et qu’il confie cette fonction à Gabriel Nicolas de La Reynie afin d’ « assurer le repos du public et des particuliers, à protéger la ville de ce qui peut causer des désordres ».
Pendant trois décennies, La Reynie se charge d’améliorer la sécurité dans les rues de la capitale. Dans un premier temps, il réorganise les forces de l’ordre qui sont à son arrivée partagées en quatre structures distinctes et rivales, à savoir le Châtelet, le guet, la compagnie du lieutenant criminel et la prévôté de l’Île. Il nomme des commissaires de police, étend le réseau d’éclairage public à toutes les rues, entreprend de paver celles-ci et de les doter d’eau potable.
L’une des missions les plus importantes et les plus difficiles de La Reynie est l’éradication des cours de miracles, ces espaces de non-droits considérés comme responsables des innombrables méfaits commis à Paris. Les argotiers sont même jugés responsables des meurtres des ouvriers chargés en 1630, sous le règne de Louis XIII, de percer une artère traversant le fief d’Alby.
Loin de s’améliorer, la situation ne cesse d’empirer lorsque Louis XIV crée en avril 1656 l’Hôpital Général de Paris qui a plus une fonction policière que charitable. Le but est en effet d’enfermer tous les mendiants et les plus démunis qui errent dans les rues sous prétexte de leur venir en aide. En réalité, le roi veut débarrasser sa capitale de tous ces malandrins.
Les cinq bâtiments composant l’Hôpital Général, la Salpêtrière, Bicêtre, la Pitié, Scipion et la Savonnerie sont gérés par des gouverneurs eux-mêmes dirigés par le président du Parlement et du procureur général de Paris.
Selon les termes de l’édit de Louis XIV, l’Hôpital Général est destiné aux pauvres mendiants ce qui regroupe tous ceux qui par nécessité, vice ou paresse demandent l’aumône dans les lieux publics.
Or on distingue déjà depuis longtemps les bons pauvres privés de ressources en raison de la guerre ou de problèmes économiques des parias qui choisissent librement la mendicité. Les bons pauvres sont eux-mêmes partagés en deux catégories, les valides et ceux qui ne peuvent pas travailler en raison d’une maladie incurable ou de leur âge.
Les malades accueillis à l’Hôpital Général sont dirigés vers l’Hôtel-Dieu afin d’y recevoir des soins appropriés.
L’Hôpital Général est donc considéré plus comme un service d’assistance que de soins et c’est dans cette optique qu’il va servir de lieu d’enfermement des vagabonds.
Dès 1618, le règlement des hôpitaux dont la Pitié est parfaitement clair :
Pour ce présent édit, voulons, statuons, ordonnons que tous les mendiants valides et invalides, oiseux et vagabonds de tous âges, sexes, conditions soient promptement retirés et enfermés, (…) que tous les vieils, décrépits, impotents qui ne peuvent travailler pour gagner leur vie, les fous et les insensés, les filles et femmes débauchées qui se rendent incorrigibles et les enfants soient enclos, logés, nourris es hôpitaux pour ce ordonnés et maisons louées à cet effet en attendant la construction et accroissement desdits hôpitaux.
Les hôpitaux semblent la réponse parfaite à l’insécurité des rues parisiennes. Le mouvement appelé « grand enfermement » s’étend même aux villes de province.
Mais cette tentative d’assainissement est vouée à l’échec. Le nombre d’enfermés s’accroît de jour en jour ce qui met les finances de l’institution en péril et des rumeurs voient le jour tandis que des plaintes sont déposées. On parle de maltraitance, de corruption, d’abus sexuels voire de prostitution au sein de l’hôpital.
De plus, l’Hôpital général n’est pas parvenu à éliminer les vagabonds des rues de Paris. En effet, il est impossible d’enfermer tous les habitants des cours des miracles dont le nombre va croissant et représente dorénavant un large pourcentage de la population parisienne. Petit à petit, les éclopés, les gredins, les voleurs, les vagabonds retrouvent leurs quartiers. Il en est de même de ceux qui se sont éloignés quelques temps de la ville afin d’échapper aux policiers.
Dès sa nomination, La Reynie s’acharne à faire évacuer les cours des miracles. Selon les sources de l’époque, il fait raser des quartiers entiers et envoie plus de 50.000 gredins aux galères…. des affirmations probablement fortement exagérées. Il semble en effet improbable que les cours des miracles disparaissent réellement au 17ème siècle. Ce qui en revanche est certain c’est que Paris est devenue une ville plus propre et mieux sécurisée que la plupart des grandes villes européennes de l’époque ce qui n’empêche pas les cours de se reconstituer.
Il faut attendre le milieu du 18ème siècle pour voir disparaître la plus grande partie de la délinquance à Paris. A cette époque, les premières grandes artères sont creusées à la place des ruelles malfamées et bordées de maisons malsaines où s’entasse une population d’une grande pauvreté.
L’urbanisme se base sur les principes des hygiénistes qui combattent l’insalubrité et le manque d’hygiène ainsi que les épidémies provoquées, disent-ils, par le manque de lumière et de verdure.
L’ancien fief d’Alby est détruit en 1789 afin de laisser place à un marché aux poissons mais les mareyeurs refusent de s’installer dans ce lieu de si mauvaise réputation et cèdent leur place aux ateliers de ferronnerie qui sont à l’origine du nom de la « Rue des Forges ».
Au siècle suivant, Paris change totalement de physionomie sur l’impulsion du préfet de la Seine, le Baron Haussmann. L’enjeu est double, assainir Paris et limiter les risques des soulèvements populaires qui prenaient naissance dans les quartiers défavorisés.