Cathédrale de Bayeux - ©Pierre Bastien via Communes.com

La dentelle de Bayeux

Les premières dentelles sont inventées par des brodeuses vénitiennes vers la fin du 15ème siècle afin de répondre aux exigences des hommes et des femmes de la Renaissance italienne.
A cette époque, le luxe et le raffinement, symboles de la réussite sociale, touchent également les vêtements qui s’enrichissent de nombreux passements, galons, pompons, rubans et broderies en fils d’or, d’argent et de soie.
La dentelle aérienne connaît un succès immédiat et traverse très vite les frontières italiennes. Des dentellières s’installent notamment en Belgique, dans le Nord de la France, en Normandie et en Auvergne. Chaque région, chaque ville possède dès lors ses propres points et techniques.
La ville de Bayeux profite de cet engouement et sa dentelle devient célèbre au 17ème siècle.

Un peu d’histoire

En 1661, François de Nesmond est nommé évêque de Bayeux, un siège qu’il occupe pendant plus de 50 ans. Pendant cette longue période, il est à l’origine de nombreuses actions en faveur des classes les plus défavorisées de la ville.
C’est à sa demande que des sœurs de la Providence de Rouen prennent en charge les enfants confiés à l’assistance et apprennent aux religieuses bayeusaines (ou bajocasses) l’art de la dentelle aux fuseaux. Des ateliers sont ouverts sous le patronage de dames de la noblesse afin d’enseigner un métier aux petites filles.
Si la dentelle de Bayeux est née dans des établissements chrétiens, elle va rapidement connaître un essor considérable et être produite en masse dans des manufactures. Les religieuses continuent cependant à former les dentellières.
Vers le milieu du 18ème siècle, près de 1.500 femmes ont choisi cette activité qui leur assure un revenu permettant de contribuer à la survie de leurs familles.

Après avoir traversé une période difficile à la Révolution française, la production de la dentelle reprend en force au 19ème siècle.
A son apogée, vers 1850, approximativement 10.000 pièces de dentelle de Bayeux sont réalisées chaque année par 15.000 dentellières travaillant pour 25 entreprises.
A partir du milieu du 19ème siècle, la dentelle à la main est victime de la mécanisation. Produite en plus grande quantité et plus rapidement, la dentelle mécanique, notamment celle de Calais, supplante la plupart des dentelles à l’aiguille ou aux fuseaux.

Plusieurs entreprises résistent et perpétuent le savoir-faire des dentellières à Bayeux jusqu’en 1973, date de la fermeture de la dernière manufacture de dentelle de la ville, la Maison Lefébure.

Et aujourd’hui ?

Après la fermeture de l’École Lefébure, un Conservatoire de la dentelle de Bayeux a repris le flambeau afin de protéger et de transmettre ce savoir-faire séculaire. De plus, des grands couturiers français y sont accueillis afin de leur permettre de créer des œuvres contemporaines.

La dentelle de Bayeux

A Bayeux, la dentelle est réalisée aux fuseaux, en soie noire (Chantilly) et écrue (Blonde de Caen) ou en lin. Certaines pièces plus récentes ont également été travaillées en coton.
Les motifs sont variés, on y retrouve cependant majoritairement des ornements floraux et végétaux. Aux 17ème et 18ème siècles, on ne parle pas réellement de dentelle de Bayeux. En effet, les premiers ouvrages sortis des ateliers de charité de la ville imitaient les dentelles existantes, notamment celle de Chantilly.
Au début du 19ème siècle, la dentelle de Bayeux adopte son propre style inspiré largement de la dentelle à l’aiguille, spécialité d’Alençon. Devenue produit de luxe, cette dentelle généralement blanche est utilisée pour la confection de robes, de mantilles, de châles mais également d’accessoires de mode comme les éventails et les ombrelles.
La robe de baptême de Napoléon François Bonaparte, fils de Napoléon Bonaparte et de Marie-Louise d’Autriche a été réalisée en dentelle de Bayeux.

Les grandes maisons de dentelle de Bayeux

La maison Lefébure

La maison Lefébure a ouvert ses portes en 1829 lorsque Augustin-René Lefébure s’installe rue Saint-Jean après avoir acheté la fabrique de Mme Carpentier, dentellière attitrée de Marie-Thérèse Charlotte de France, fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette.
Elle est célèbre pour avoir produit une superbe dentelle « blonde mate » ainsi que de la dentelle noire capables de rivaliser avec les productions d’Alençon et de Chantilly. Lefébure ouvre plusieurs ateliers à Bayeux, à Cherbourg et en Lorraine.
Ses successeurs préfèrent se consacrer à la fabrication de dentelles de luxe pour une clientèle aisée plutôt que de s’engager sur la voie de la mécanisation.

La maison Tardif

La maison Tardif produit de la dentelle à Bayeux à partir de 1740 lorsque le Caennais Mr Clément s’installe dans la ville. Quinze ans plus tard, son employé Charles Tardif prend le relais et développe le commerce qui a dès lors pignon sur rue. Ses héritiers diversifient les activités et ouvrent notamment un atelier de tissage et une école de dessin.

Le Conservatoire de Dentelle de Bayeux

Le Conservatoire de la dentelle de Bayeux a été fondé en 1982 afin de protéger la dentelle de Normandie. Ses missions consistent à transmettre le savoir-faire des dentellières et à faire « vivre » la dentelle en favorisant la recherche et la création. Les plus grands couturiers français ont travaillé cette dentelle aux fuseaux.

En pratique :

Durant la visite, il est possible de voir les dentellières au travail et d’acheter ou de commander leurs ouvrages.
Des cours et des stages sont organisés tout au long de l’année.
Le Conservatoire est ouvert au public du lundi au samedi de 9hr30 à 12hr30 et de 14hr30 à 17 hr (fermé les jours fériés).

Conservatoire de la dentelle de Bayeux
Maison Adam & Eve
6 rue du Bienvenu
14400 Bayeux
Tel : 02 31 92 73 80
Mail : [email protected]
Site web : http://dentelledebayeux.free.fr

Le Musée Baron Gérard

Le Musée d’art et d’Histoire Baron Gérard est installé dans l’ancien palais épiscopal de la ville de Bayeux, à proximité de la cathédrale. Ce bâtiment abrite la résidence des évêques jusqu’en 1793.
Il a ensuite servi successivement de tribunal et de prison avant d’être aménagé pour accueillir l’Hôtel de Ville et le musée Baron Gérard, du nom de Henri Gérard, homme politique, protecteur des arts et généreux donateur.
Le musée possède une importante collection de meubles et d’œuvres d’art dont de nombreuses pièces de dentelle qui ont fait la renommée de Bayeux mais également des porcelaines produites dans la ville dès le début du 19ème siècle.

En pratique :

Le musée est ouvert tous les jours de février à décembre.
Il est possible d’acheter un « Pass Bayeux Museum » afin de visiter les trois musées de la ville à prix réduit (La tapisserie de Bayeux, le MAHB et le Musée Mémorial de la Bataille de Normandie).

MAHB
37 rue du Bienvenu
14400 Bayeux
Tel : 02 31 92 14 21
Site web : http://www.bayeuxmuseum.com

Découvrir Bayeux

Au 1er siècle avant JC, Jules César qui souhaite se distinguer par des victoires militaires importantes entame la Guerre des Gaules. A cette époque, une partie de la France est déjà annexée par les Romains et forme la Gaule transalpine. Les autres régions françaises sont occupées par de nombreux peuples d’origine celtique.
C’est ainsi que les Bajocasses sont installés dans la région de Bayeux. Ils s’unissent aux tribus voisines pour tenter de stopper les légions romaines mais, en 51 avant JC, la Normandie doit se soumettre.
Une première ville est mentionnée sous le nom d’Augustodurum sur le site de Bayeux durant l’époque gallo-romaine. Elle est incluse dans la province de la Seconde Lyonnaise correspondant à la Normandie actuelle.
Les fouilles archéologiques ont permis de découvrir les vestiges d’anciens thermes, d’édifices religieux et d’une nécropole. Il est probable que la cité se développe rapidement grâce à l’artisanat et au commerce favorisé par sa position sur la route reliant Lisieux et Valognes.

Au 3ème siècle, des fortifications sont construites afin de protéger la ville contre les invasions barbares qui menacent déjà les frontières romaines.
L’Empire romain fragilisé par les luttes de pouvoir autorise des peuples d’origine germanique à s’installer dans les territoires gaulois afin de lutter contre d’autres peuples germaniques. C’est ainsi que les Saxons s’établissent à Bayeux et le long de la Manche et que la région est baptisée « Otlinga saxonia ».
La Normandie est annexée à la fin du 5ème siècle par Clovis, roi mérovingien des Francs Saliens. Elle est intégrée à la Neustrie lors du partage du royaume entre ses fils. Les Saxons encore présents dans la région s’intègrent petit à petit à la population autochtone.

Bayeux profite d’une période de calme et devient un évêché important.
Victime des raids menés au 9ème siècle par les Vikings, la ville est ensuite reconstruite et se développe au-delà de ses remparts.
Au 11ème siècle, le demi-frère de Guillaume-le-Conquérant, Odon de Conteville devient évêque de Bayeux et fait bâtir la cathédrale Notre-Dame. Il est également le commanditaire de la Tapisserie de Bayeux, une broderie contant la conquête de l’Angleterre et la victoire de Guillaume à la bataille de Hastings.

Durant les conflits opposant les fils de Guillaume-le-Conquérant, le duc de Normandie Robert Courteheuse et le roi d’Angleterre Henri Beauclerc, Bayeux est pillée et incendiée par les Anglais en 1105.
Le petit-fils de Henri Beauclerc, Henri II hérite de la couronne anglaise, du Duché de Normandie, des comtés d’Anjou et du Maine mais également de l’Aquitaine par son mariage avec Aliénor. Cet immense territoire s’étendant de l’Écosse aux Pyrénées forme l’Empire Plantagenêt.

Durant les conflits opposant la France et l’Angleterre aux 13ème et 14ème siècles, la ville de Bayeux subit plusieurs sièges et pillages mais doit également faire face à des épidémies et à des famines.
Elle passe aux mains des Anglais sous le règne de Henri V au début du 15ème siècle et vit des heures sombres jusqu’en 1450, date de sa reconquête par Charles VII après un siège de près de deux semaines.

Bayeux renoue à la fois avec la paix et avec la prospérité. Elle profite notamment de l’implantation de manufactures de dentelle (17ème siècle) et de porcelaine (19ème siècle). Petit à petit, la ville se transforme au rythme des nouvelles inventions comme l’éclairage public et le chemin de fer.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Bayeux est occupée par les Allemands dès 1940. La ville est aux premières loges lors du débarquement en Normandie, le 6 juin 1944 mais est épargnée par les bombardements alliés au contraire de nombreuses autres villes normandes.
Elle est la première ville française libérée lors de l’opération Overlord. La plupart de ses édifices publics sont transformés en hôpitaux de campagne durant la Bataille de Normandie.

En visite à Bayeux et dans sa région

Lors de votre séjour en Normandie, n’hésitez pas à vous arrêter à Bayeux afin de découvrir le patrimoine historique et architectural de la ville.

Parmi les incontournables, notons :

Les trois musées de la ville

Musée mémorial de la Bataille de Normandie
Boulevard Fabian Ware
14400 Bayeux
Tel : 02 31 51 46 90

La Tapisserie de Bayeux
13 bis rue de Nesmond
14400 Bayeux
Tel : 02 31 51 25 50

Le Musée d’Art de Histoire Baron Gérard
37 rue du Bienvenu
14400 Bayeux
tel : 02 31 92 14 21

La cathédrale Notre-Dame de Bayeux

La cathédrale Notre-Dame de Bayeux édifiée au 11ème siècle est un magnifique ensemble architectural combinant les styles roman et gothique normands. Des visites guidées et des concerts d’orgue sont organisés en été et durant les Journées Européennes du Patrimoine.
Site web : https://www.cathedraledebayeux.fr

Le cimetière militaire britannique de Bayeux

Le cimetière militaire britannique de Bayeux abrite les tombes de 4.648 soldats dont 3.935 britanniques tués au nom de la liberté durant la Bataille de Normandie. Le site du cimetière a été cédé à perpétuité au Royaume-Uni .

Cimetière militaire britannique
1945 Boulevard Fabian Ware
14400 Bayeux

Que manger à Bayeux ?

La région de Bayeux est traditionnellement tournée vers l’agriculture. On y élève notamment le « porc de Bayeux » reconnaissable à ses taches noires et ses longues oreilles pendantes, l’une des dernières races porcines françaises. En voie de disparition après la Seconde Guerre mondiale, elle bénéficie aujourd’hui d’un programme de sauvegarde.

Les produits de terroir sont proposés chaque samedi matin sur le marché de la place Saint-Patrice par les producteurs du Bessin. On y trouve notamment du jus de pomme, du cidre et du calvados issus des vergers de la région, du chocolat de Bayeux, les chiques à la menthe et les sablés de Bayeux et du Bajocasse, un fromage de chèvre frais ou demi-sec.

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