En vacances ou simplement de passage dans le département du Lot, en région Occitanie, n’hésitez pas à vous arrêter à Padirac et à visiter l’un des plus impressionnants sites naturels de France et même d’Europe.
Un peu de géologie
Le gouffre de Padirac s’ouvre au milieu du plateau des Causses du Quercy et plus particulièrement au cœur du causse de Gramat qui couvre une partie du Lot. Il se présente sous la forme d’une succession de plateaux calcaires jurassiques et de vallées souvent sèches et profondes. Il se distingue par sa structure karstique caractérisée par un paysage aride et accidenté et des rivières souterraines qui ont creusé des grottes et des gouffres dans le calcaire. Plus de 1.300 cavités ont été répertoriées dans la région et on estime que de nombreuses autres n’ont pas encore été explorées.
Durant le Jurassique, une période géologique datée entre 201millions et 145 millions d’années, la région était recouverte d’eau, ce qui explique la formation du calcaire par accumulation de sédiments (minéraux, coquillages, squelettes d’animaux marins).
Les différentes galeries de Padirac ont été creusées il y a approximativement 2 millions d’années dans les étages Bathonien et Bajocien du Jurassique moyen. Elles sont donc beaucoup plus récentes que le plateau lui-même.
La rivière qui coule au fond du gouffre et dont la résurgence s’effectue à Montvalent s’est formée au fil du temps par les infiltrations d’eau de pluie acidifiée notamment par la décomposition des végétaux et qui ont profité des fissures dans les roches calcaires.
Ces fissures résultent des mouvements tectoniques, notamment lors de la formation de la chaîne pyrénéenne.
Le gouffre en lui-même est apparu lors de l’effondrement du plafond d’une salle souterraine. C’est une conséquence de l’érosion de surface, aggravée par des périodes périglaciaires, qui s’est attaquée aux couches de calcaire, l’une après l’autre.
Les eaux d’infiltration chargées de dioxyde de carbone se cristallisent lorsqu’elles arrivent dans une salle souterraine en réaction au changement de pression. Elles forment ainsi les différentes concrétions que nous pouvons admirer à Padirac, entre autres.
Un peu d’histoire
Le gouffre situé près de Padirac, une paisible localité du Quercy, était déjà connu durant la Guerre de Cent Ans et il est vraisemblable qu’il a servi de refuge durant ces temps troublés par les conflits incessants entre la France et l’Angleterre. Différents vestiges, notamment des armes et des traces de foyers, témoignent de plusieurs phases d’occupation durant le 14ème siècle mais aussi pendant les Guerres de religion du 16èmesiècle. Le salpêtre qui recouvre les parois est également exploité à cette époque.
Cependant, le gouffre n’était alors qu’un profond puits au fond duquel coulait une rivière. La jonction entre cette cavité et les différentes galeries actuellement visibles ne se produit en effet qu’au 19èmesiècle, suite à une importante crue. Le gouffre possède aujourd’hui une quarantaine de kilomètres de galeries souterraines accusant une dénivelée de 260 mètres.
Comme la plupart des lieux mystérieux, le gouffre de Padirac a inspiré de nombreuses légendes au fil des siècles. Certaines d’entre elles évoquent le nom de Lucifer, d’autres affirment que des flammes sortent de terre pour mieux défendre un trésor abandonné par les Anglais durant la Guerre de Cent Ans, d’autres encore parlent de l’exploit de Saint-Martin qui fit franchir le gouffre à sa mule afin de sauver des âmes condamnées aux enfers.
Ces récits qui se content durant les veillées au coin du feu n’effrayent cependant pas le spéléologue et archéologue Édouard-Alfred Martel qui décide de monter une expédition afin d’explorer le gouffre et de permettre au public de le visiter.
Pour mener à bien son projet pour le moins audacieux en cette fin de 19èmesiècle, il doit réunir de l’argent. Et c’est alors qu’une chance inouïe s’offre à lui. En visite à Paris, il oublie les plans du Gouffre dans un fiacre, documents qui sont retrouvés par George Beamish, un riche industriel irlandais. Enthousiaste, il retrouve Martel et lui offre son aide financière pour se lancer dans l’aventure.
La découverte et l’aménagement du site demandent de nombreux mois d’efforts qui sont couronnés de succès puisque le premier visiteur descend dans le gouffre le 1ernovembre 1898 et que l’inauguration officielle se déroule le 10 avril de l’année suivante. À cette époque, 27 kilomètres de galeries sont répertoriés.
Les explorations reprennent à partir de 1937. Elles sont menées par un spéléologue spécialisé dans la plongée souterraine, Guy de Lavaur. Il doit interrompre ses expéditions durant la Seconde Guerre mondiale mais les reprend en 1947. Cette aventure fait l’objet de l’un des tous premiers films documentaires consacrés à la spéléologie, « Padirac, rivière de la nuit ».
Dès l’ouverture du site au grand public, le gouffre de Padirac connaît un immense succès qui ne se dément jamais. Actuellement, près d’un demi-million de visiteurs découvrent avec émerveillement la cavité chaque année.
Une visite au cœur de la terre
La rivière Plane coule paisiblement à 103 mètres sous le niveau de la terre. Après avoir descendu au fond du gouffre de Padirac à pied ou en ascenseur, le visiteur prend place dans une barque et découvre avec émerveillement la beauté des concrétions calcaires au cours d’une promenade d’environ 500 mètres.
L’eau a sculpté avec patience les parois des différentes salles à qui elle a donné des formes étranges, immenses bénitiers et cascades pétrifiées ou encore l’impressionnante Grande Pendeloque, une stalactite de 60 mètres de haut surplombant le Lac de la Pluie. L’eau de pluie ruisselle du plafond fissuré de la salle afin d’alimenter continuellement le lac et de former une véritable dentelle de stalactites.
Après avoir retrouvé la terre ferme, la visite se poursuit par la découverte du Lac des Gours bordé par une succession de petits bassins en escalier qui rendent impossible la navigation.
Un peu plus loin, l’immense et majestueuse salle du Grand Dôme haute de 94 mètres accueille ses hôtes en leur offrant un spectacle magique. En découvrant le lac Supérieur, la concrétion surnommée à juste titre la « pile d’assiettes » et une forêt de stalactites, on ne peut que respecter la nature qui a créé ce décor époustouflant.
En pratique
Gouffre de Padirac
46500 Le Gouffre
Tel : +33 6 65 33 64 56
Email : [email protected]
Site web : http://www.gouffre-de-padirac.com
La visite
La visite du gouffre de Padirac débute par une descente en ascenseur jusqu’au bord de la rivière souterraine. Les personnes qui le souhaitent peuvent cependant faire le trajet à pied en empruntant un escalier de 70 marches. Elle se poursuit par un tour en barque sur la rivière et une promenade à pied.
La visite du gouffre dure approximativement 1h30. Cependant, en pleine saison, il faut compter en moyenne 2 heures en raison de l’affluence et du temps d’attente à l’embarcadère.
Avant de partir à la découverte de ce joyau géologique, il est recommandé d’emporter un vêtement chaud et imperméable ainsi que des chaussures fermées. La température de la grotte est de 13° C même au cœur de l’été et les infiltrations d’eau rendent certains secteurs particulièrement humides.
Un guide multimédia interactif est mis à disposition durant la visite. Il est également disponible en version junior. Le batelier fournit des explications complémentaires et répond aux éventuelles questions.
À noter :
- les animaux sont interdits sur le site (exception faite pour les chiens d’assistance)
- les photos sans flash et les films sont autorisés jusqu’à l’embarcadère mais sont interdits durant le reste de la visite. Les perches à selfies sont interdites sur l’ensemble du site.
Accessibilité
Les personnes handicapées ou ayant des difficultés à se déplacer peuvent visiter partiellement le gouffre de Padirac. Les ascenseurs les amènent au bord de la rivière et elles peuvent rejoindre directement l’embarcadère où des bancs sont mis à leur disposition afin d’attendre la barque suivante dans les meilleures conditions.
Une partie de la visite n’est cependant pas accessible aux moins valides, notamment la salle du Grand Dôme qui se visite au terme d’une montée de 150 marches.
Les personnes non ou malvoyantes doivent être accompagnées car le parcours peut se révéler glissant par endroit. C’est pour cette raison que les chiens d’assistance sont admis sur le site.
La visite du site n’est pas adaptée aux poussettes d’enfants. Il est donc recommandé de se munir d’un porte-bébé pour effectuer le parcours.
Horaires et tickets
Le site du gouffre de Padirac est ouvert tous les jours de la dernière semaine de mars à la première semaine de novembre.
Il est conseillé d’acheter les tickets en ligne au plus tard la veille de la visite afin d’être certain de pouvoir accéder au site (principalement en pleine saison).
Selon les disponibilités restantes, il est possible d’acheter les tickets, pour le jour même ou pour une visite ultérieure, aux distributeurs automatiques présents sur le site.
Où manger à Padirac ?
Il est possible de pique-niquer dans le parc du site ou de se restaurer aux abords du gouffre de Padirac :
- Le Kiosque propose des sandwichs, des boissons, des crêpes, des gaufres et des glaces (selon la saison) à déguster sur place.
- La Buvette propose une restauration « à emporter », notamment des sandwichs et des burgers.
- L’Auberge propose une carte composée de plats familiaux et gastronomiques à base de produits de terroir. On peut y déguster notamment des truites, des salades, de l’agneau ou du foie gras. Des formules enfants sont disponibles.
L’Auberge propose également des paniers repas à emporter pour un pique-nique convivial.
En visite dans la région
Le Gouffre de Padirac est loin d’être le seul site à découvrir dans la région.
En passant dans le Lot, n’hésitez pas à découvrir quelques lieux incontournables :
- La ville de Cahors et le pont médiéval Valentré classé sur la liste du patrimoine de l’UNESCO
- La grotte préhistorique de Pech Merle et ses peintures rupestres
- Les nombreux villages remarquables dont Saint-Cirq-Lapopie, Rocamadour, Puy l’Évêque ou Figeac.
Le Lot c’est également une terre où la gastronomie a été élevée au rang d’art et c’est avec plaisir que ses visiteurs découvrent toutes les saveurs des produits locaux comme le melon et l’agneau du Quercy, la truffe et la noix du Périgord, le fromage Rocamadour, le safran, sans oublier le vin de Cahors. Et parce que la région est fière de sa tradition culinaire, celle-ci est mise à l’honneur chaque début du mois de juillet lors du « Festival Lot of Saveurs », à Cahors.
De passage ou en séjour dans la région, vous profiterez également de nombreuses activités comme la randonnée à pied, en vélo ou en canoë sur le Lot ou la Dordogne.
Si vous en avez l’occasion, n’hésitez pas à assister aux « Montgolfiades de Rocamadour », le 4ème week-end de septembre, ou au « Festival de Saint-Céré », un rendez-vous immanquable pour les amateurs d’opéras, d’opérettes et de comédies musicales. Ce festival se déroule fin juillet dans différents lieux d’exception du Lot.
Enfin, le village de Gignac accueille chaque année en juillet « l’Ecaussystème », un festival consacré aux jeunes artistes, basé sur le respect de l’environnement et la solidarité.