Quelles sont les régions où il y a le plus d’absentéisme au travail ?
La France est l’un des pays d’Europe où le taux d’absentéisme au travail est le plus élevé (elle n’est devancée dans le classement que par l’Italie). Une étude a calculé le coût de cet absentéisme : plus de 100 milliards d’euros annuellement. Et la tendance n’est pas à la diminution, bien au contraire.
En 2017 le taux moyen d’absentéisme dans le privé était de 4,72% soit l’équivalent de 17,2 jours par an et par salarié. A noter que les femmes sont plus touchées que les hommes, et les seniors plus que les jeunes.
De plus ce phénomène n’est pas compensé par les arrêts maladie non pris : en effet 23% des personnes s’étant fait prescrire un arrêt maladie ne l’ont pas respecté !
Il existe par ailleurs des disparités assez importantes entre les secteurs d’activité et les régions : de 3,3% pour l’Ile-de-France à 5,5% pour la région Occitanie.
La région Occitanie
Caractéristique de l’Occitanie
La région Occitanie est née du rapprochement des deux anciennes régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Elle est constituée de 13 départements et représente la deuxième région de France en superficie. Peuplée de 5,8 millions d’habitants, ceux-ci résident essentiellement dans les deux principales métropoles que sont Toulouse et Montpellier, ainsi que sur le littoral.
Le secteur industriel de l’aéronautique est très présent dans la région puisqu’il représente 40% de l’emploi industriel.
L’Occitanie met également l’accent sur le développement durable, notamment l’éolien et la production photovoltaïque.
Ses 220 kilomètres de côtes, 20 stations balnéaires et 50% de son territoire en zone de massif en font un lieu touristique très prisé des vacanciers : ils sont environ 30 millions à y venir chaque année !
Pourquoi l’Occitanie est la région la plus touchée par l’absentéisme ?
L’Occitanie est la région de France métropolitaine qui enregistre le taux d’absentéisme le plus fort : 5,5%. Le niveau des remboursements s’est par ailleurs alourdi de 22% en 5 ans…
Parmi l’une des causes pouvant expliquer ce taux, le niveau de chômage élevé en est une importante. Les salariés qui ne sont pas satisfaits de leur emploi hésitent à le quitter, par peur de ne pas pouvoir en trouver un autre qui leur conviendrait mieux. Et lorsqu’on ne s’épanouit pas dans son métier, on est plus sujet à se faire « arrêter ».
En parallèle, la croissance démographique en Occitanie est forte depuis quelques années, atteignant notamment entre 1,5% et 1,6% pour les grandes villes. En cinq ans la population occitane a grandi deux fois plus que dans le reste de la France.
De plus la durée des arrêts maladie s’allonge, même s’ils ne représentent pas la majorité des arrêts ils constituent en revanche 80% de leurs dépenses. Et plus les arrêts sont prolongés, plus la reprise du travail est compliquée surtout si elle n’est pas accompagnée. On parle même de « désinsertion professionnelle ». Il est donc essentiel de mettre en place un accompagnement personnalisé pour les personnes en arrêt de longue durée, sans les culpabiliser.
D’autres raisons sont invoquées pour expliquer ce phénomène, principalement les conflits au travail évoqués par les salariés à leurs médecins traitants, ainsi que l’allongement de la durée de travail, les seniors étant la catégorie la plus touchées par les arrêts maladie.
Les autres régions affectées par l’absentéisme
La Bretagne, le Grand Est et la Nouvelle Aquitaine sont les 3 autres régions touchées par l’absentéisme.
La Bretagne se caractérise par une forte implantation d’entreprises agroalimentaires : dans ce secteur les TMS (troubles musculo-squelettiques) y sont fréquemment détectés.
En Nouvelle Aquitaine, les secteurs tertiaires et secondaires sont très représentés. Or c’est dans ces secteurs que les arrêts de travail sont les plus nombreux. Le secteur de la santé notamment est celui qui compte le plus fort taux d’absentéisme.
Enfin la région Grand Est est touchée par un fort niveau de chômage, n’incitant pas les personnes en poste à chercher ailleurs, même si elles ne sont pas épanouies dans leurs fonctions.
Arrêts de travail, pourquoi tant de disparité selon les régions ?
Les différences entre les régions concernant leur taux d’absentéisme s’expliquent donc par une première raison : le taux de chômage.
Lorsque les perspectives d’emploi sont faibles, les salariés sont moins enclins à quitter leur poste même s’ils le vivent mal. Cela peut donc entraîner une accumulation de fatigue et de stress et par conséquent des arrêts de travail plus nombreux ou rallongés. L’Ile-de-France connaît un marché de l’emploi actif et est la région avec le taux d’absentéisme le plus bas du pays.
Le coût engendré par l’absentéisme peut avoir des conséquences sur l’économie en général et les entreprises impactées en particulier.
Certaines zones rurales ou périurbaines nécessitent de prendre sa voiture quotidiennement pour se rendre sur son lieu de travail, avec parfois des temps de trajet conséquents. La mise en place du télétravail peut permettre d’une part, pour les personnes ne pouvant ponctuellement plus se déplacer, de continuer à travailler à distance lorsque c’est possible, d’autre part de réduire le stress et la fatigue générés par ces trajets et qui peuvent être une cause de certains arrêts maladie.
Par ailleurs certains organismes, comme Verilor, proposent aux entreprises des prestations de contre-visite médicale, afin de faire face aux abus qui peuvent se produire : ces contre-visites auraient un effet dissuasif et, en réduisant de manière justifiée le nombre de jours d’arrêt, influeraient sur la productivité.
Le taux d’absentéisme en France ne cesse donc d’augmenter ces dernières années. Avec des différences marquées entre les secteurs d’activité ou les zones géographiques. Fortement corrélé à un taux de chômage élevé, la réduction de ce dernier ainsi qu’une plus grande facilité à changer de travail pourraient donc aider à l’inversion de cette tendance. Les nouveaux modes de travail, comme le télétravail, peuvent être également des réponses à apporter à cette question de l’absentéisme.