Le rôle des taxis dans la première bataille de la marne
S’il y a bien un épisode de la Première Guerre mondiale que tout le monde connaît c’est bien celui des «Taxis de la Marne », ces voitures réquisitionnées à Paris en septembre 1914 afin de contrecarrer les plans des Allemands. Aujourd’hui, nous vous proposons de découvrir le véritable rôle joué par ces taxis. Loin de vouloir déprécier celui-ci, nous voulons simplement le replacer dans son contexte historique.
Un peu d’histoire
Les tensions dans les Balkans
Durant le dernier quart du 19ème siècle, de nombreux remous secouent les pays balkaniques, la Russie ainsi que l’Empire Ottoman.
Les états balkaniques tentent d’obtenir l’indépendance ce qui engendre plusieurs insurrections qui sont matées par les Turcs. Cette répression sanglante engendre un flot de protestations de la part des grandes puissances européennes. Elles dénoncent entre autres les massacres commis par les bachi-bouzouks, ces mercenaires qui sèment la terreur parmi la population.
La Russie s’allie alors à la Roumanie, à la Serbie et au Montenegro pour s’opposer aux Ottomans et protéger les Slaves qui veulent avant tout préserver leur identité.
C’est ainsi qu’éclate la guerre russo-turque de 1877 qui se solde par un armistice signé en janvier 1878.
Selon les termes du « traité de San Stefano », les Ottomans reconnaissent la suprématie des Russes dans les Balkans. La Serbie et le Montenegro obtiennent l’indépendance mais restent mécontents du partage tandis que le Royaume-Uni estime que la Russie a pris trop d’importance et pourrait mettre en péril son commerce en contrôlant la route des Indes.
L’Autriche-Hongrie qui lorgnait sur la Bosnie-Herzégovine n’est pas plus satisfaite.
Les différentes puissances européennes et les Ottomans se réunissent à nouveau, cette fois à Berlin et sous la présidence du chancelier Otto von Bismarck.
Les frontières des pays des Balkans sont redéfinies :
- La Bulgarie, la Thrace et l’Albanie restent ottomanes mais les chrétiens obtiennent les mêmes droits que les musulmans.
- La Roumanie devient indépendante.
- La Serbie agrandit son territoire par rapport au traité précédent.
- Le Monténégro obtient un accès à la mer mais ne peut pas entretenir une flotte de guerre.
- Enfin, l’Autriche-Hongrie occupe militairement la Bosnie-Herzégovine dans le but d’y rétablir l’ordre, au grand dam de la Serbie et de la Croatie qui réclament ces vilayets culturellement et historiquement proches de leurs pays.
Malgré ces exigences et surtout la résistance de la population, le « Condominium de Bosnie-Herzégovine » est mis en place après une courte campagne militaire menée par les Austro-Hongrois.
Si ceux-ci modernisent la Bosnie-Herzégovine en la dotant notamment d’un réseau ferroviaire, seuls les grands propriétaires terriens musulmans en profitent réellement tandis que les paysans majoritairement orthodoxes et catholiques ne voient pas leurs conditions de vie s’améliorer. L’administration austro-hongroise ne veut en effet pas prendre le risque de mécontenter les Ottomans. Elle va cependant trouver le moyen de privilégier les catholiques en incitant notamment des Croates, des Allemands et des Polonais à venir s’installer en Bosnie-Herzégovine et gonfler ainsi leurs rangs.
Cette situation suscite des conflits entre les différents groupes ethniques et religieux d’autant plus que la communauté d’origine serbe et de confession orthodoxe est de plus en plus brimée par le régime.
C’est en vain que les autorités tentent d’imposer une identité culturelle bosniaque unique à une population hautement diversifiée. Les tensions sont de plus en plus palpables.
En 1903, Petar Karađorđević devient roi de Serbie sous le nom de Pierre 1er après l’assassinat d’Alexandre 1er et de son épouse Draga Mašin.
Pierre 1er se révèle être un souverain libéral plus proche des Français et des Russes que des Autrichiens ou des Allemands. Sa politique fait souffler un vent d’espoir sur les Balkans et l’idée de fonder un État slave indépendant fait son chemin.
Or, en 1908, les Austro-Hongrois modifient les statuts des vilayets définis par le traité de Berlin de 1878 et annoncent leur annexion de droit, à la stupeur générale.
Bien entendu cette annonce engendre de vives réactions internationales principalement de la part de la Serbie et de la Russie tandis que les Ottomans décident de boycotter les échanges commerciaux entre leurs deux nations. Seule l’Allemagne apporte son soutien à l’Autriche-Hongrie. Déjà à cette époque, une intervention armée contre la Serbie n’est pas exclue par l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche.
L’ensemble des relations diplomatiques européennes s’en trouve bouleversé. La situation s’apaise cependant, du moins officiellement puisque le sentiment nationaliste gronde toujours en Serbie. Plusieurs organisations révolutionnaires sont fondées en 1911. Parmi elles, « La Main Noire » et la « Jeune Bosnie » ont pour buts de libérer les Slaves méridionaux du joug de l’Autriche-Hongrie et d’unifier les territoires peuplés majoritairement de Serbes .
Parallèlement, les musulmans souhaitent le retour des territoires annexés par l’Autriche-Hongrie au sein de l’empire ottoman.
Une alliance des pays balkaniques contre cet empire se crée cependant en mai 1912. La « Première guerre balkanique » est déclarée en octobre et se termine sept mois plus tard par la victoire de la Ligue. Le partage des territoires ne satisfait cependant pas la Bulgarie et la « Deuxième guerre balkanique » débute après seulement quelques jours de paix.
La Ligue qui est cette fois soutenue par l’empire ottoman vient facilement à bout des Bulgares. Ceux-ci perdent une partie des territoires concédés à la fin de la première guerre. La Serbie sort grande gagnante de ces conflits. L’Europe est inquiète et surveille attentivement la situation mais rien ne laisse présager l’arrivée imminente d’un conflit mondial.
L’attentat de Sarajevo et le début de la Première guerre mondiale
Nous sommes le 28 juin 1914, l’archiduc François-Ferdinand est en visite officielle à Sarajevo avec son épouse la duchesse Sophie de Hohenbourg.
Or, le 28 juin est le jour de la « Vidovdan », fête importante pour les Serbes qui commémorent le soulèvement de leur peuple contre les Ottomans en 1389 ainsi que les martyrs de Saint-Guy, de sa nourrice Crescence et de son précepteur Modeste.
Malgré les avertissements de l’ambassadeur serbe et les rumeurs d’un attentat, la visite est maintenue. Comble d’imprudence, le grand maître de la Cour, le prince Alfred de Montenuovo, refuse à l’archiduc la moindre protection militaire puisqu’il se trouve en compagnie de son épouse morganatique.
Toutes ces circonstances permettent aux membres de la Jeune Bosnie probablement armés par la Main Noire de prévoir un attentat contre l’archiduc malgré les tentatives des autorités serbes de le faire échouer. En effet, le gouvernement serbe ne souhaite pas voir les relations avec les Austro-Hongrois se dégrader une nouvelle fois ce qui lui est d’ailleurs reproché par les nationalistes.
Toujours est-il que le 28 juin, l’archiduc et sa femme s’installent ans une voiture décapotable en compagnie d’un garde du corps et du général Oskar Potiorek, gouverneur de la Bosnie-Herzégovine.
Ils ignorent que sept membres du groupe anarchiste sont postés le long du trajet emprunté par le cortège. Ils ont ordre de tuer l’archiduc.
Une première tentative est commise par Nedeljko Čabrinović mais la bombe qu’il lance vers la voiture de l’archiduc est détournée vers un autre véhicule du convoi, provoquant plusieurs blessés parmi les passagers et la foule.
Après une réception à l’Hôtel de Ville qui se déroule dans une ambiance glacée, l’archiduc ordonne d’être conduit à l’hôpital. Il souhaite s’enquérir de l’état des victimes. Le chauffeur dévie donc de l’itinéraire initialement prévu ce qui provoque un moment de confusion et l’isolement de la voiture. Il doit effectuer une marche arrière et c’est cette manœuvre qui permet à l’un des autres conspirateurs de tirer dans la direction du couple. L’archiduc et son épouse décèdent dans les minutes qui suivent.
Gavrilo Princip, jeune étudiant serbe d’une vingtaine d’années devient ainsi l’élément déclencheur de la Première Guerre mondiale.
En effet, l’Autriche-Hongrie accuse la Serbie d’être responsable de l’attentat car son gouvernement aurait – au minimum – toléré l’existence des mouvements nationalistes.
Soutenue par l’Allemagne, elle envoie un ultimatum le 23 juillet avec expiration dans un délai de 48 heures. En réalité, les revendications sont inacceptables car ils sous-entendent que l’Autriche-Hongrie peut intervenir dans les affaires de la Serbie.
Les Serbes acceptent cependant la plupart de ces exigences et demandent des éclaircissements au sujet des autres.
Malgré cette preuve de bonne volonté, les relations diplomatiques sont rompues, preuve s’il en faut que l’ultimatum sert uniquement de prétexte à une guerre en bonne et due forme.
Le 28 juillet, l’empereur François-Joseph déclare la guerre au royaume de Serbie.
Les Russes, les Français et les Britanniques tentent d’obtenir de nouveaux délais dans un dernier espoir d’obtenir une réconciliation.
Ils ne peuvent cependant pas empêcher une guerre déjà programmée qui devient rapidement européenne et, dans un second temps, mondiale au gré des alliances qui se forment entre les nations.
L’entrée de la France dans la guerre
Entre le 28 juillet et le 23 août, huit déclarations de guerre sont lancées, impliquant d’un côté l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie et de l’autre la Russie, la France, le Royaume-Uni et le Japon.
La France entre en guerre contre l’Allemagne le 3 août et contre l’Autriche-Hongrie le 11 août.
Le 3 novembre, la France et le Royaume-Uni déclareront également la guerre à l’Empire ottoman.
Le plan de mobilisation et de concentration de l’Armée française appelé « Plan XVII » est mis en application dès le 2 août 1914 par le général Joseph Joffre qui occupe la fonction de commandant en chef des armées.
Les premières offensives contre les Allemands se déroulent en Alsace, en Lorraine et dans les Ardennes, ce sont des échecs cuisants :
Un des principaux motifs de l’échec de l’offensive fut que notre instrument de combat n’eut pas le rendement qu’on était en droit d’en attendre. Il y eut de nombreuses défaillances dans nos grandes unités, dont plusieurs, surprises ou mal engagées, ont fondu très rapidement et reflué, exposant les unités voisines à des pertes sévères. C’est la période la plus difficile de mon existence. » ( extrait de La préparation de la guerre et la conduite des opérations – Joseph Joffre)
Les Alliés entament alors la « Grande Retraite » ponctuées de quelques attaques destinées à retarder la progression allemande.
La bataille de la Marne
Un mois après le début des hostilités, les soldats de la 1ère armée allemande sont aux portes de Paris.
Le 3 septembre, ils s’installent dans l’Oise et des cavaliers partent en reconnaissance dans les environs de la capitale. L’aviation alliée remarque cependant que, contrairement aux prévisions, les Allemands ne marchent pas directement sur Paris mais passent à l’est de la ville et font route vers la Marne, espérant encercler l’armée britannique.
En agissant ainsi le général Alexander von Kluck désobéit aux ordres du chef du Grand État-major général de l’armée allemande Helmut von Moltke. L’État-major français en profite pour renforcer ses positions en faisant venir des renforts par chemin de fer.
L’heure n’est plus aux tergiversations, il faut reprendre l’avantage coûte que coûte et freiner ainsi l’avancée inexorable des Allemands.
Le général de division Joseph Gallieni qui occupe le poste de gouverneur militaire de Paris a déjà mis la ville en état de défense alors que le gouvernement se réfugie à Bordeaux.
Il fait redéployer la 6ème armée française au nord-est de la capitale et lui donne ordre de se diriger vers la Marne et son affluent, l’Ourcq. Ses intentions sont claires, il veut prendre l’initiative d’un combat qui est désormais inévitable.
Joffre le soutient et donne ordre aux autres armées françaises de se préparer à attaquer la 1ère armée allemande.
La « Bataille de la Marne » désigne en réalité cinq batailles qui se sont déroulées entre le 5 et le 11 septembre 1914 entre les villes de Paris et de Verdun :
- La bataille de l’Ourcq donne le coup d’envoi de la Bataille de la Marne. Ces premiers affrontements ont lieu le 5 septembre, aux alentours de midi, entre le 4ème corps de réserve commandé par le général Hans von Gronau et la 6ème armée française renforcée par les troupes de Paris menée par le général Michel Joseph Maunoury. Les Allemands prennent l’avantage mais doivent se replier le 9 septembre afin d’assurer la défense des 1ère et 2ème armées ce qui fait que la victoire pourtant à leur portée leur échappe.
- La bataille des Deux Morins se déroule entre le 5 et le 9 septembre et oppose la 5ème armée française du général Louis Franchet d’Espèrey ainsi que le corps expéditionnaire britannique commandé par le maréchal John French aux 1ère et 2ème armées allemandes commandées respectivement par les généraux Alexandre von Kluck et Karl von Bülow. Les alliés profitent d’une brèche dans la défense allemande pour prendre le dessus. Les Allemands se replient et laissent la victoire aux forces alliées.
- La bataille des Marais de Saint-Gond a lieu entre le 6 et le 9 septembre entre la 9ème armée française menée par le général Ferdinand Foch et la 3ème armée allemande commandée par le général Max von Hausen. Les Allemands parviennent à grignoter du terrain mais les Français reçoivent des renforts et opposent une belle résistance. Ils reprennent l’offensive et réoccupent des positions perdues les jours précédents. Les Allemands préfèrent abandonner le champ de bataille et se replier.
- La bataille de Vitry-le-François désigne l’affrontement entre deux ailes des armées allemandes de Max von Hausen et du Duc Albert de Wurtemberg et une partie de la 4ème armée française commandée par le général Fernand de Langle de Cary. Après quatre jours de statu quo, le 21ème corps d’armée vient en renfort des troupes françaises ce qui leur assure la victoire.
- La bataille de Revigny-sur-Ornain met en présence une partie de la 4ème armée et de la 3ème armée françaises sous les ordres du général Maurice Sarrail et la 5ème armée allemande commandée par le prince héritier de Prusse et général de brigade Guillaume de Hohenzollern et son chef d’état-major, le général Konstantin Schmidt von Knobelsdorf. Les combats qui se déroulent du 6 au 10 septembre sont particulièrement violents car les Allemands tentent de percer le front français Le renfort du 15ème corps d’armée permet aux Français de reprendre l’avantage et de repousser les Allemands.
La bataille de la Marne a donc bien été remportée par les troupes alliées mais la victoire a un goût amer. Si la progression allemande est stoppée en ce début du mois de septembre 1914, les troupes ennemies ne sont pas repoussées au-delà des frontières. En effet, les pertes et la fatigue sont immenses et ne permettent pas aux Alliés de poursuivre les Allemands lors de leur repli. Après avoir reçu des renforts, ceux-ci s’installent sur les bords de l’Aisne qui devient le nouveau front .
Dans la seconde moitié du mois de septembre, les forces en présence tentent à plusieurs reprises de reprendre l’avantage. Il s’ensuit une série de batailles aux résultats incertains, les différentes armées restant sur leurs positions de part et d’autre du « Front de l’Ouest ». C’est le début de la « guerre de tranchées » qui s’éternise jusqu’en 1918.
Les taxis de la Marne
Et que font les célèbres taxis de la Marne dans tout cela me direz-vous ?
Revenons au 6 septembre 1914, lorsque le gouverneur militaire de Paris, Joseph Gallieni, décide d’attaquer l’armée allemande qui approche à grands pas de la capitale après être sortie victorieuse de la « bataille des Frontières ».
Il a notamment à sa disposition les hommes appartenant aux brigades d’infanterie de la 7ème division du 4ème Corps d’Armée du général Edgard de Trentinian. Ceux-ci apporteraient un soutien précieux à la 6ème armée commandée par le général Maunoury déployée sur les rives de l’Ourcq.
Le temps presse, il faut transporter ces troupes le plus rapidement possible sur le champ de bataille.
Les premiers hommes partent en train mais en ces temps troublés et en raison d’une certaine désorganisation il faut bien le dire, les communications sont difficiles. Si la plupart des soldats parviennent à partir, il en reste quelques milliers qui n’ont pas pu être acheminés vers la Marne.
Or, quelques jours plus tôt, des taxis parisiens avaient déjà été réquisitionnés afin de ravitailler le camp retranché de la capitale. Depuis, 150 de ces voitures étaient disponibles à tout moment notamment pour évacuer les archives du ministère de la Guerre.
Gallieni a donc l’idée d’utiliser cette réserve et d’envoyer également les forces de l’ordre réquisitionner le plus possible de taxis dans les rues de la capitale. En quelques heures, entre 1.100 et 1.300 taxis parisiens ainsi que plusieurs cars sont dorénavant réservés au transport des fantassins.
Deux premiers convois comprenant 600 voitures se mettent en route dans la soirée du 6 septembre. Il est suivi le lendemain par un nouveau cortège d’approximativement 700 véhicules.
Ils partent tous des Invalides et arrivent à Gagny et à Livry-Gagnan afin d’y embarquer entre 3.000 et 6.000 soldats, selon les sources. Ceux-ci sont conduits dans la nuit du 7 au 8 à Nanteuil-le-Haudouin et à Silly-le-Long, à proximité du champ de bataille de l’Ourcq.
Les chauffeurs de taxis retournent ensuite à Paris. A leur arrivée, les compteurs sont relevés ce qui permet au gouvernement de payer les courses aux différentes compagnies.
L’impact des « taxis de la Marne»
Bien entendu, cet épisode de la Première Guerre mondiale a marqué les esprits et on comprend aisément la surprise et, dans un second temps, l’enthousiasme des passants qui assistent au long cortège de ces taxis transportant des soldats venus prêté main forte à leurs camarades aux prises avec les Allemands.
Beaucoup d’encre a coulé à ce sujet et on a souvent affirmé que les chauffeurs s’étaient portés volontaires pour accomplir bénévolement un acte de patriotisme. On a également dit que les taxis de la Marne avaient changé le cours de la bataille ce qui est inexact.
Non seulement, les quelques milliers d’hommes transportés de cette manière depuis Paris ne représentent qu’un faible pourcentage des forces déployées mais de plus, ils sont restés en deuxième ligne, en position défensive, et n’ont donc pas pris part activement aux combats.
Par ailleurs, les chauffeurs ont bel et bien été rémunérés pour cette course devenue historique. Le total de l’opération est chiffré à 70.102 francs payés par le trésor public aux compagnies de taxis. Un peu plus d’un quart a été redistribué aux chauffeurs, conformément à la réglementation de l’époque.
Il n’en reste pas moins évident que le défilé de taxis, principalement des Renault AG-1 appartenant à la « Compagnie Française des Automobiles de Place » est devenu le symbole du patriotisme et de la solidarité des Français contre l’ennemi et a donc eu un impact psychologique positif sur la population comme sur les soldats qui ont probablement retrouvé un peu d’énergie malgré leur épuisement en voyant ce mouvement de solidarité.
Enfin, l’expression « taxis de la Marne » est totalement erronée puisque les voitures venaient toutes sans exception de Paris et n’ont jamais été jusqu’aux bords de la Marne. Il serait donc plus juste de parler des « taxis de la première bataille de la Marne ».
Sans rien enlever au courage ou au sentiment nationaliste des Parisiens et donc des chauffeurs de taxis qui ont conduit les soldats à une centaine de kilomètres de la capitale, il nous a paru important de replacer les faits dans leur contexte. Rendons enfin un hommage au dernier « taximan » de la Marne, Kléber Berrier mort en 1985 à l’âge de 96 ans.
La visite
De ces centaines de taxis réquisitionnés pour le transport des soldats, il n’en reste aujourd’hui que quelques-uns, exposés dans des musées ou faisant partie de collections privées.
Ils ressortent parfois à l’occasion d’une reconstitution historique ou d’une commémoration.
On peut découvrir quelques exemplaires :
Musée Automobile de Reims Champagne
Ce musée est ouvert tous les jours de 10 à 12hr et de 14 à 17hr (ou 18hr en été). Fermeture les 25 décembre et 1er janvier.
Musée Automobile de Reims Champagne
84 avenue Georges Clémenceau
51100 Reims
Tel : 03 26 82 83 84
Musée de l’Armée
Ce musée est ouvert tous les jours :
de 10 à 18hr d’avril à octobre
de 10 à 17 hr de novembre à mars
fermeture les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre
Musée de l’Armée
Hôtel national des Invalides
129 rue de Grenelle
75007 Paris
Tel : 01 44 42 38 77
Musée de la grande guerre
Nous vous proposons également de visiter le Musée de la Grande Guerre afin de mieux comprendre les premiers mois de la Première Guerre mondiale dont la bataille de la Marne qui a permis de freiner l’expansion allemande. Outre un taxi Renault, vous y découvrirez un biplace monoplan Blériot XI-2, l’un des premiers avions militaires de l’histoire et qui a servi à la reconnaissance des lignes ennemies.
Ce musée est ouvert tous les jours sauf les mardis, 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.
Fermeture annuelle : première quinzaine de janvier et première quinzaine de septembre.
Des visites guidées thématiques sont régulièrement proposées.
Musée de la Grande Guerre
Rue Lazare Ponticelli
77100 Meaux
Tel : 01 60 32 14 18
Le Mémorial des batailles de la Marne
Il se situe dans la ville de Dormans. Il se présente sous la forme d’une chapelle de 52 mètres de haut perchée au sommet d’une colline dominant la Marne.
Le monument est ouvert au public tous les jours :
de 14 à 18hr de la mi-avril à la fin septembre
de 14 à 17hr30 en octobre
le 11 novembre de 14 à 17hr30
Mémorial des batailles de la Marne 1914-1918
Parc du Château
Avenue des victoires
51700 Dormans
Tel : 03 26 59 14 18