Sapin de noël - ©ExposureToday CC0 Creative Commons

Le sapin de noël, roi de la fête

Le sapin occupe la place d’honneur dans les décorations des fêtes de fin d’année. Boules précieuses, guirlandes lumineuses, angelots, nœuds et cheveux d’ange, chacun se plaît à l’habiller au gré de ses envies et de son imagination.

Bien plus qu’une simple décoration, le sapin de Noël véhicule cependant des symboles souvent tombés dans l’oubli.
Aujourd’hui, nous vous proposons de les faire revivre et de partir à la redécouverte de l’histoire du roi des fêtes de Noël.

Un peu d’histoire

Les Celtes

Remontons le cours de l’histoire jusqu’au 1er millénaire avant JC pour découvrir les rituels celtes. A cette époque, les peuples issus des civilisations de Hallstatt et de La Tène se sont installés dans les différentes régions françaises apportant avec eux leurs traditions.
Les Celtes appelés « Gaulois » par Jules César, au 1er siècle avant notre ère, observent en effet un grand nombre de traditions. Certaines d’entre elles se sont transmises jusqu’à nous même si nous ignorons le plus souvent leur origine.

Selon une légende qui, si elle n’est pas vérifiée, repose peut-être sur une base de vérité, les Celtes utilisaient un « calendrier des arbres ». L’année aurait été fractionnée en mois lunaires portant chacun le nom d’un arbre.

Même si ce calendrier n’a jamais existé, il est probable que les Celtes qui vivaient principalement de l’agriculture devaient se baser sur une sorte d’almanach pour régler leurs activités en fonction des saisons… alors pourquoi ne pas croire que ces périodes avaient été baptisées du nom d’un arbre évoquant les différents moments de l’année ?
La période du solstice d’hiver, correspondant à notre Noël, aurait donc été représentée par un épicéa … ce qui paraît vraisemblable puisque les conifères sont pratiquement les seuls arbres à garder leur couleur verte en hiver.

Pour en revenir au fameux calendrier … précisons que le plus ancien calendrier celte retrouvé à ce jour est celui découvert à Coligny dans l’Ain et daté du 2ème siècle de notre ère. Ce document d’une exceptionnelle importance nous permet de comprendre à quel point ces peuples avaient des connaissances poussées en astronomie.

En résumé, et sans risque de se tromper, considérons que les Celtes donnaient beaucoup d’importance aux arbres, symboles de vie et de renouveau, et qu’ils étaient passés maîtres dans les activités agricoles probablement régies par un calendrier luni-solaire. De là à certifier que les divisions de l’année portaient le nom d’un arbre est un pas que nous ne franchirons pas car il ne repose pas sur des preuves avérées ou sur des mentions assez anciennes.

Restons encore un moment chez les Celtes pour assister à la fête du solstice d’hiver qui a lieu aux alentours du 20 décembre. A cette occasion, nos ancêtres célèbrent la « renaissance du Soleil » puisque les jours commencent à rallonger. A cette occasion, des feux sont allumés afin d’éloigner les ténèbres.

Les Romains et la christianisation

Les Romains organisent également des fêtes à cette période de l’année en l’honneur du « Sol Invictus », le soleil invaincu. Elles donnent lieu à des réjouissances appelées « Saturnales »qui durent une semaine. Pendant ce temps, il est d’usage de boire et de manger à outrance, de s’offrir des cadeaux et de parer les maisons de plantes et de branches d’arbres « sempervirens », c’est à dire qui restent vertes toutes l’année.

Au 4ème siècle, le pape Libère décide d’établir un calendrier permettant d’assimiler les fêtes populaires et religieuses. C’est ainsi qu’il fait coïncider la naissance de Jésus avec la fête du solstice d’hiver ou fête du Sol Invictus… des fêtes symbolisant le renouveau et l’espoir.
C’est depuis cette époque que la Nativité est fixée au 25 décembre … de manière tout à fait arbitraire puisqu’il n’y a aucune mention de cette date -ou d’une autre- dans les Évangiles.

Mais qu’en est-il de notre sapin ?

Comme nous l’avons vu, les Romains avaient l’habitude de décorer les maisons avec des végétaux restés verts au cœur de l’hiver. C’est probablement, le premier signe de l’utilisation du sapin comme symbole de vie et de renaissance.
Au Moyen-Âge, la coutume veut que des branches voire des arbres soient décorés de pommes rouges évoquant les pommes dérobées au Paradis durant la période de Noël. Ces pommes se sont aujourd’hui transformées en boules de Noël et l’arbre est devenu systématiquement un conifère … bien plus beau en hiver qu’un chêne aux branches dégarnies.

Revenons au 10ème siècle, lorsque le clergé qui avait pourtant condamné le théâtre et les acteurs se réapproprie cet art en accueillant des saynètes appelées « miracles » ou « mystères » à l’intérieur des églises. En offrant ces « spectacles », il espère attirer les fidèles devenus de plus en plus rares.

On retrouve ainsi l’arbre du paradis garni de pommes dans le décor des « tableaux de la Nativité ». Il est probable que c’est par facilité que le sapin est choisi à la place du pommier bien dépouillé au cœur de l’hiver.

Il faut encore attendre quelques siècles et plus précisément 1521 pour que le premier véritable « sapin de Noël » soit mentionné en Alsace qui fait alors partie du Saint-Empire romain germanique.
Cette paternité est cependant revendiquée par la ville de Riga, capitale de la Lettonie, qui affirme que c’est dans ses murs qu’a été érigé le premier sapin de Noël, en 1510.
Nous pouvons cependant continuer à prétendre que la tradition de décorer un arbre autrement que par des pommes prend naissance en Alsace, à Sélestat. Des confiseries sont alors suspendues aux branches à côté des fruits et une étoile symbolisant celle qui a été suivie par les Rois Mages est fixée au sommet de l’arbre.

Alors que les crèches s’installent au cœur des familles bourgeoises catholiques vers la fin du siècle, les protestants privilégient les arbres de Noël.
La tradition se répand rapidement au-delà de l’Alsace et les décorations se diversifient au fil des siècles.
Au 17ème siècle, le sapin de Noël se pare d’illuminations. Bien entendu, il n’est pas question de guirlandes électriques même si l’électricité a déjà fait son apparition. Des bougies et des coquilles de noix emplies d’huile sont disposées sur les branches de l’arbre. Ce dispositif est à l’origine de nombreux drames.

Un premier arbre de Noël est installé à Versailles en 1738 à la demande de la reine Marie Leszczynska, épouse de Louis XV.
La mode n’est cependant réellement lancée qu’après la guerre de 1870 lorsque les Alsaciens et les Lorrains se réfugient en France emmenant avec eux la tradition du sapin de Noël qui se répand dans toutes les régions du pays.
Les décorations deviennent très vite des objets d’art. Les boules de verre si fragiles créées par un maître verrier en 1858 se teintent de mille-et-une couleurs et sont désormais fabriquées dans une multitude de formes. Des cheveux d’ange symbolisant le givre, des rubans et des nœuds, des décorations parfois ornées de pierres semi-précieuses … l’imagination n’a plus de limite.
La coutume se démocratise et est adoptée par les classes sociales plus démunies. Les branches se chargent non seulement de décorations et de friandises mais également de petits cadeaux pour les enfants. Des veillées sont organisées autour de l’arbre, des chansons et des contes participent à cette fête qui ravit petits et grands enfants.

Ces coutumes ne sont pas très différentes de nos jours et si beaucoup de familles préfèrent les sapins artificiels qui ne perdent pas leurs aiguilles et les boules incassables, rien ne remplacera l’odeur qui se dégage des branches du sapin et qui participe déjà à la magie de Noël.

Et parce qu’une fête sans chanson n’en serait pas réellement une, rappelons-nous ….

Mon beau sapin, roi des forêts
Que j’aime ta verdure
Quand par l’hiver, bois et guérets
Sont dépouillés, de leurs attraits
Mon beau sapin, roi des forêts
Tu gardes ta parure (…)

La visite

En 1858, les Vosges du Nord connaissent un été particulièrement sec et les récoltes de fruits sont tellement réduites qu’il n’est pas possible de fournir les pommes servant habituellement à décorer les arbres de Noël.
Un ouvrier verrier originaire de la petite localité de Goetzenbruck (Moselle) trouve une solution originale : il crée les premières boules de Noël en verre soufflé. L’idée fait son chemin et le succès est immédiat. Dorénavant, les sapins se parent de boules étincelantes et multicolores dans lesquelles se reflètent les lumières tremblotantes des bougies et … par la suite, des guirlandes électriques.

La verrerie Vergo produit plus de 200.000 boules de Noël soufflées par an et permet de faire vivre le village. Malheureusement, elle arrête cette production artisanale en 1964, victime des usines qui parviennent à produire des boules moins chères grâce à l’automatisation. Après avoir été vendue à plusieurs reprises, la verrerie de Goetzenbruck ferme ses portes en 2005.

A quelques kilomètres de là, la petite ville de Meisenthal possède également une verrerie qui est en activité depuis 1704. Elle s’est spécialisée dans la production de verres et de bouteilles bon marché à usage quotidien qui sont écoulés localement. A la fin du 19ème siècle, elle se reconvertit grâce aux recherches effectuées par Émile Gallé dans le domaine du verre Art Nouveau dont elle devient le berceau.
Comme sa consœur de Goetzenbruck, la verrerie de Meisenthal choisit de ne pas de suivre le courant de la modernité et est contrainte de fermer ses portes en 1969.
Heureusement, des passionnés soutenus par les autorités locales parviennent à créer le Musée du Verre en 1978. On y découvre une collection exceptionnelle de verre Art Nouveau dont de nombreuses pièces créées par Émile Gallé.

Infos pratiques :

Le musée est ouvert tous les jours sauf le mardi d’avril à octobre, de 14 à 18hr.
Le musée est ouvert tous les jours de la mi-novembre au 29 décembre sauf les 24 et 25 décembre :

  • de 14 à 17hr en semaine
  • de 14 à 18hr le week-end

Des démonstrations de souffleurs sont également organisées.
Durée approximative de la visite : entre 1hr30 et 2hr

Musée du Verre
Place Robert Schuman
57960 Meisenthal
Tel : 03 87 96 91 51
Mail : musee.verre@musees-vosges-nord.org
Site web : http://site-verrier-meisenthal.fr

Parallèlement au musée, le Centre International d’Art Verrier de Meisenthal s’est installé depuis 1992 dans un des ateliers de l’ancienne verrerie.
Ce centre a pour mission de préserver et de transmettre le savoir-faire et la technique des maîtres verriers qui ont fait la renommée de la région depuis le 16ème siècle. De nombreux créateurs et designers contemporains sont accueillis dans le centre. En partenariat avec les verriers, ils parviennent à faire revivre un artisanat qui a failli être oublié.

Le soufflage et l’argenture des boules de Noël a trouvé tout naturellement sa place parmi les techniques héritées du passé industriel de la région. Les anciens verriers de Goetzenbruck ont transmis les secrets de fabrication ce qui a permis au CIAV de les préserver.

Depuis 1999, des boules de Noël aux formes traditionnelles ou plus contemporaines sont à nouveau produites à Meisenthal.
Si vous passez dans la région entre avril et octobre, ne manquez pas de vous arrêter dans la boutique du CIAV pour acheter quelques-unes de ces pièces d’une beauté si fragile.
Plusieurs autres points de vente à découvrir sur le site web du centre vous les proposent également durant les mois de novembre et de décembre.

Infos pratiques :

Des expositions et démonstrations de soufflage de boules de Noël sont organisés de la mi-novembre à la fin décembre (sauf les 24 et 25 décembre).
Le centre est ouvert à cette occasion de 14 à 18hr et l’entrée est gratuite.

Centre International d’Art Verrier
Place Robert Schuman
57960 Meisenthal
Tel : 03 87 96 87 16
Mail : contact@ciav.fr
Site web : http://ciav-meisenthal.fr

Enfin, en 2005, une troisième structure a pris place dans l’ancienne verrerie de Meisenthal, la Halle Verrière qui accueille différents événements culturels, concerts, expositions, théâtre de rue, …. à découvrir sur le site halle-verriere.fr

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