Région de la Corse (94)
Retrouvez toutes les informations de la région et des départements de Corse, leur histoire, leurs traditions et toutes les informations utiles pour vos démarches administratives, professionnelles ou pour vos loisirs en Corse.
Région Corse
CORSE
La Corse est une région créée en 1982 en tant que collectivité territoriale française à statut particulier mais également une île située en mer Méditerranée.Elle est partagée en deux départements.
La Collectivité de Corse en un coup d'œil
Préfecture : AjaccioPréfet actuel : Bernard Schmeltz
Départements : 2 (Haute-Corse et Corse-du-Sud)
Cantons : 26
Communes : 360
Président du Conseil exécutif de Corse actuel : Gilles Simeoni
Président de l'Assemblée de Corse actuel : Jean-Guy Talamoni
Superficie : 8.722 km²
Population : plus de 300.000 habitants
L'Assemblée de Corse siège au Grand Hôtel Continental d'Ajaccio.
Géographie
La Corse est une île située en mer Méditerranée, à 164 kilomètres au large des côtes françaises, à 83 kilomètres de l'Italie et à 12 kilomètres au nord de l'île italienne de la Sardaigne.Les littoraux nord et est de l'île sont bordés respectivement par la mer Ligurienne et par la mer Tyrrhénienne qui font toutes deux partie de la Méditerranée.
Le relief de l'île est essentiellement montagneux et son altitude moyenne est proche de 600 mètres. Une chaîne montagneuse orientée selon un axe nord-ouest/sud-est la traverse de part en part.
Bien que continue, cette chaîne de montagnes se divise en deux zones :
l'En-Deçà-des-Monts correspond au département de Haute-Corse et couvre toute la partie nord de l'île. Il abrite le sommet le plus élevé de la Corse, le Monte Cinto qui culmine à 2.706 mètres d'altitude et qui fait partie du massif éponyme ;
l'Au-Delà-des-Monts correspond au département de Corse-du-Sud et couvre la partie sud de la région. Son point le plus haut est la Maniccia qui culmine à 2.496 mètres d'altitude. Il est inclus dans le massif du Monte Rotondo.
Les flancs des montagnes s'étirent vers le littoral et forment des plaines alluviales à l'est et des golfes qui caractérisent le pourtour occidental de l'île.
La présence de nombreux lacs de montagne et le relief accidenté des étroites vallées rappellent que l'île était autrefois recouverte de glaciers.
Le réseau hydrographique de la Corse est particulièrement étendu et se caractérise par les nombreux fleuves côtiers, notamment le Golo qui prend naissance dans le massif du Cinto à près de 2.000 mètres d'altitude et se jette dans la mer Tyrrhénienne après un parcours de 90 kilomètres, torrentueux en hiver et paisible en été.
De nombreux rochers et îlots ou « îles satellites » forment un archipel quasi inhabité tout autour de la Corse.
La Corse bénéficie d'un climat de type méditerranéen avec une température annuelle moyenne de 15° le long de la mer. En altitude, les températures sont plus fraîches et les précipitations sont abondantes.
L'île est balayée par des vents qui peuvent être violents comme la Tramontane, le Mistral, le Libecciu, le Sirocco et le Levante.
Grâce à ses multiples lacs, torrents et cours d'eau ainsi qu'à son climat, la Corse possède une faune et une flore exceptionnelles, ce qui lui a valu ses surnoms d' « île verte » et d' « île parfumée ».
Couverte en grande partie de forêts de feuillus et de résineux ainsi que de maquis, l'île possède également des zones humides, tourbières, marais, pozzines, mares temporaires, salines, étangs lagunaires... Certaines sont reconnues d'importance internationale et bénéficient d'un programme de protection de leur biodiversité.
La Corse abrite différentes espèces endémiques végétales et animales comme la pensée, le genêt ou l'hellébore de Corse, le mouflon corse, la salamandre de Corse, le lézard de Bédriaga, la sittelle corse ou le cerf élaphe de Corse.
Histoire
MésolithiqueLe premier peuplement de la Corse remonte probablement au Mésolithique. En effet, les plus anciennes traces d'occupation humaine retrouvées à ce jour datent du 9ème millénaire avant notre ère. Il est cependant possible que l'île ait été habitée durant le Paléolithique à l'instar de la Sardaigne, mais aucun vestige ne confirme cette hypothèse.
L'une des plus importantes découvertes archéologiques corses a été faite à Bonifacio, dans la grotte de l'Araguina. Un squelette de femme surnommé la « Dame de Bonifacio » a en effet été daté du 7ème millénaire avant notre ère, soit au cœur du Mésolithique. Cependant, cette occupation a probablement été irrégulière durant cette époque et s'est limitée aux zones côtières.
Néolithique
L'île est habitée en permanence à partir du Néolithique et de nombreux sites éparpillés sur l'ensemble du territoire attestent la présence de tribus vivant de la chasse, de la pêche et de la cueillette. Il est probable que cette « colonisation » ait été faite par des hommes originaires de Toscane et, dans un second temps, de Ligurie.
Durant le 6ème millénaire, ces tribus se regroupent en villages. Elles appartiennent à la culture céramique cardiale que l'on retrouve sur tout le pourtour méditerranéen. Elle se caractérise par une poterie à décor imprimé à l'aide de coquillages. L'agriculture et l'élevage se développent, les hommes adoptent des rites funéraires et les différentes tribus établissent des contacts commerciaux. Ils vont également apprendre le travail du cuivre au cours du 4ème millénaire avant JC.
La civilisation torréenne
Dans le courant du 2ème millénaire avant JC (âge du bronze), la culture torréenne émerge dans le sud de l'île. Elle se caractérise par l'édification de tours similaires aux « nuraghes » de la Sardaigne ce qui tendrait à prouver que des échanges ont lieu entre les deux îles.
C'est également à cette époque que des statues-menhirs (pierres gravées) représentant des femmes et des hommes armés sont dressées sur l'île, dans des zones boisées. On retrouve le même type de mégalithes dans le sud de la France, en Espagne et en Italie mais également dans le Valais suisse, en Roumanie et dans les îles anglo-normandes.
À l'heure actuelle, la signification de ces statues reste mystérieuse mais elles témoignent cependant d'une hiérarchisation de la société même si les tribus structurées en chefferies ne bénéficient pas d'un pouvoir centralisé. Les défunts sont ensevelis sous des dolmens ou dans des anfractuosités naturelles.
Les peintures pariétales découvertes dans la « Grotta Scritta » à Olmeta remontent également au 2ème millénaire.
Les Phéniciens
À la même époque, les Phéniciens, un peuple de navigateurs, qui sont établis sur les côtes du Levant (Méditerranée orientale), commencent à établir des comptoirs commerciaux dans les îles, le nord de l'Afrique et sur les côtes de la péninsule ibérique. Il est donc vraisemblable - même s’il n'existe aucune trace tangible de leur passage - qu'ils ont abordé le littoral corse, emmenant avec eux leurs traditions et leurs techniques, notamment la culture de la vigne et des oliviers, le travail de l'argent et du fer ou l'écriture.
Les Étrusques
Vers le 8ème siècle avant notre ère, les Étrusques originaires du nord de l'Italie ont également des ambitions expansionnistes et établissent à leur tour des comptoirs, voire de véritables colonies, dans le bassin méditerranéen sans toutefois entrer en guerre avec les Phéniciens.
Cette cohabitation pacifique cesse lorsque les Grecs veulent également participer au partage de la région et profiter du commerce.
En 535 avant JC, les Étrusques s'allient aux Carthaginois qui avaient unifié une grande partie des autres cités phéniciennes pour repousser les Phocéens considérés comme des pirates.
Ceux-ci avaient en effet fondé la colonie d'Alalia (actuellement Aléria en Haute-Corse) qui prenait une telle importance qu'elle menaçait l'intégrité des comptoirs étrusques et carthaginois.
La rencontre a lieu sur la mer, au large de la Corse, et se solde par la victoire des Étrusques qui peuvent ainsi achever la conquête de tout le littoral oriental de l'île tandis que les Carthaginois investissent l'intérieur des terres.
Les Romains
La domination étrusco-carthaginoise en Corse prend fin en 453 avant JC lorsque les Grecs originaires de Syracuse (colonie grecque de Sicile) s'en prennent aux Étrusques établis en Corse et sur l'île d'Elbe. Ils fondent Porto-Vecchio, dans l'extrême sud de l'île.
Ce port est brièvement réoccupé par les Carthaginois au 3ème siècle avant JC, à la veille de la conquête romaine.
C'est au cours de la Première Guerre punique - qui oppose Romains et Carthaginois - que Rome, qui a pour objectif de s'emparer de la Sicile, attaque la Corse ainsi que la Sardaigne, en 259 avant JC afin de dominer la mer Tyrrhénienne.
La guerre se solde par l'annexion de la Sicile, exception faite de Syracuse, et des îles Éoliennes par les Romains en 241 avant JC.
Malgré les accords conclus avec Carthage, ils reprennent également le contrôle de la Sardaigne et de la Corse quatre années plus tard.
Cet affront est à l'origine de la Deuxième Guerre punique (218 à 202 avant JC). En effet, les Carthaginois qui veulent prendre leur revanche vont rapidement étendre leurs possessions en Hispanie et en redynamiser l’agriculture et le commerce.
Lorsque Hannibal se voit confier le commandement des armées carthaginoises, il achève la conquête de l'Hispanie en s'emparant de Sagonte, cité alliée de Rome, ce qui déclenche une guerre qui s’étend hors des frontières espagnoles et concerne également la péninsule italienne.
Hannibal franchit les Pyrénées à la tête de 100.000 hommes et 37 éléphants. Il marche en direction de l'Italie en passant par la France. Lorsqu'il arrive dans les Alpes, son armée est réduite approximativement à 40.000 hommes. Après le passage des Alpes, Hannibal arrive en Italie mais ne peut plus compter que sur 25.000 soldats épuisés. Il parvient cependant à remporter plusieurs victoires contre Rome et à traverser toute l'Italie. De nombreuses cités dont Syracuse rejoignent les rangs carthaginois.
Rome parvient cependant à s'emparer de Syracuse et à empêcher le reste de la Sicile à s'allier à Hannibal. De plus, les légions attaquent également l'Espagne empêchant les renforts de rejoindre l'armée. Finalement, au bout de 15 ans de guerre, Rome remporte la victoire et conserve le contrôle des voies maritimes.
La Troisième Guerre punique (149 à 146 avant JC) aboutira à la victoire totale des Romains et à la destruction de la ville de Carthage.
Pendant cette longue période de trouble et d'occupation romaine, la Corse - qui est intégrée dans la province Corse-Sardaigne - ne profite pas des mêmes privilèges que les régions considérées plus intéressantes par Rome. Elle est en effet vue comme une terre non cultivable habitée par une douzaine de tribus vivant du brigandage.
Seule la ville d'Aléria devient une base militaire, tandis que les terres situées à proximité sont remises aux vétérans de l'armée romaine.
Cette situation permet aux Corses de conserver et même de développer leurs propres identité et culture et surtout de vivre en paix et de se tourner vers le christianisme dans les premiers siècles de notre ère. On dénombre cependant quelques martyrs corses, victimes des persécutions, notamment Sainte-Dévote morte en 304 ou Sainte-Julie, patronne de la Corse.
Les invasions et conquêtes
Lorsque Rome affaiblie par les conflits internes et les complots s'effrite au 4ème siècle, elle laisse la porte ouverte aux invasions des peuples d'origine germanique qui migrent vers le sud et l'ouest de l'Europe.
La Corse est conquise successivement par les Vandales, les Byzantins (Empire romain d'Orient), les Ostrogoths et les Lombards au cours du 6ème siècle.
Après une brève accalmie, les Sarrasins qui ont entamé la conquête musulmane de l'Europe arrivent Corse en 704. Leur suprématie vacille au début du 9ème siècle lorsque Pépin d'Italie, fils de Charlemagne, et le connétable Burchard parviennent à repousser les musulmans à deux reprises sans toutefois les vaincre réellement.
Les musulmans qui ne s'établissent jamais en permanence en Corse attaquent régulièrement les ports, ce qui oblige la population à se réfugier dans les montagnes. L'île qui est devenue une obédience du Saint-Siège sous Charlemagne est finalement secourue par les Toscans mandatés par le pape.
Le Comté de Toscane
L'île est alors divisée en circonscriptions appelées « pieves » et devient un comté. Ugo Colonna qui s'est distingué durant la guerre contre les Sarrasins devient le premier Comte de Corse. Il installe sa résidence à Venaco au 9ème siècle.
Pendant plusieurs siècles, la Corse profite d'une structure féodale composée de différentes seigneuries vassalisées aux comtes, souverains héréditaires. La famille Colonna reste au pouvoir jusque vers le milieu du 10ème siècle. Ils seront remplacés par la dynastie des Cinarchesi, une famille originaire de Casaglione et apparentée par mariage aux Colonna.
Cependant, au 11ème siècle, l'évêque de Pise - république maritime italienne - est chargé de l'investiture des évêques corses, ce qui permet à la ville d'exercer sa domination sur l'île avec la protection du pape. Pise entre en guerre contre Gênes, une autre république maritime italienne, et voit sa flotte partiellement détruite en 1284. Sa puissance s'effondre et la Corse passe sous la domination génoise.
L'île profite de ces occupations successives et les cités se développent pour devenir de véritables villes, notamment Bastia. De plus, les Génois qui redoutent une reconquête musulmane édifient de nombreuses tours le long du littoral.
Parallèlement, l'agriculture et les exportations d'huile d'olive et de vin s'intensifient. Il faut cependant souligner que les populations autochtones, qui doivent faire face à des impôts lourds, ne profitent pas réellement de la situation.
Le royaume de Sardaigne et de Corse
À la fin du 13ème siècle, le pape Boniface VIII donne le royaume de Sardaigne et de Corse à Jacques II d'Aragon en compensation de la perte du royaume de Sicile cédé à son frère Frédéric II.
Jacques II s'installe en Sardaigne et abandonne ses droits sur la Corse sans pour autant renoncer à son titre.
Cependant, au 14ème siècle, les Génois installés en Corse doivent affronter l'armée de Pierre IV d'Aragon qui est en théorie roi de Sardaigne et de Corse. Ils sortent victorieux du conflit mais doivent dorénavant tenir compte de l'aristocratie corse qui les a soutenus.
L'Office de Saint-Georges
Cette situation crée des tensions qui aboutissent à la remise de la gestion de l'île à la banque génoise « Office de Saint-Georges » en 1453.
Cette institution bancaire - l'une des plus vieilles d'Europe - a des clients aussi célèbres que les Rois Catholiques d'Espagne, Christophe Colomb ou Charles-Quint et a une influence considérable notamment grâce à son ingérence dans le commerce par voie maritime.
Sous son administration, la Corse se pare de nouvelles fortifications notamment à Porto-Vecchio ou à Ajaccio.
Sampiero Corso
En 1553, le condottiere (chef militaire) corse Sampiero Corso - qui s'est battu successivement aux côtés des Médicis, de François 1er et ensuite d’Henri II, les souverains français qui sont en guerre contre Charles-Quint - se distingue dans sa lutte contre Gênes.
Souhaitant soustraire la Corse à la République de Gênes, le roi de France charge Sampiero de mener une troupe franco-turque et de rallier à lui les Corses afin de se soulever contre les Génois.
La guerre est interrompue en 1555, la France ayant besoin de tous ses moyens pour contrer une alliance entre l'Espagne et l'Angleterre.
À la mort d’Henri II, son épouse Catherine de Médicis exerce la régence du royaume. Elle charge Sampiero de retourner en Corse en 1564, mais celui-ci ne parvient pas à prendre le contrôle de l'île et est tué en 1567 par les membres de la famille de son épouse Vannina d'Ornano qu'il avait tuée de ses propres mains après avoir été trahi.
Malgré ses échecs, Sampiero Corso est considéré comme l'une des figures du nationalisme corse.
Après ces événements, la Corse vit des heures sombres, marquée par une économie en berne et des institutions où règne la corruption. La justice souvent inique incite les accusés à se réfugier dans le maquis, créant ainsi un climat d'insécurité. Les Corses demandent l'autorisation de porter une arme, ce qui leur est accordée moyennant le paiement d'une taxe. La lenteur de la justice pousse les citoyens à appliquer le principe de la « vendetta ». Les Corses font machine arrière et réclament le désarmement. Celui-ci provoque une diminution des taxes perçues et les Génois créent de nouveaux impôts, les « dui seini », en compensation.
De plus, les Corses n'ont plus accès à la propriété et les Génois s'attribuent le monopole du commerce.
La guerre d'indépendance
Lorsqu'en 1728, les Corses obtiennent la diminution des impôts en raison d'une récolte catastrophique, le gouverneur ne tient pas compte de cette décision, ce qui provoque une révolte qui se répand dans toute l'île depuis le village de Bustanico.
Les Génois demandent l'appui du Saint-Empire germanique. Le représentant de Charles III de Habsbourg parvient à négocier la paix en accordant des privilèges aux Corses. Lorsque les Génois ne respectent pas l'accord, la révolte reprend de plus belle.
En 1735, la Corse sort de la République de Gênes et l'année suivante, Théodore de Neuhoff devient Roi des Corses sous le nom de Théodore 1er. Ce couronnement et l'indépendance de la Corse ne sont cependant pas officiellement reconnus par les puissances européennes.
Théodore ne parvient pas à prendre l'avantage sur les villes aux mains des Génois notamment en raison de manque de moyens financiers.
De plus, la France préfère que l'île reste sous la coupe de Gênes afin d'empêcher les nations rivales d'entretenir des liens avec un pays très proche de son territoire.
La République corse
Profitant de la rivalité entre la France et le Royaume-Uni concernant la succession d'Autriche, Théodore parvient à obtenir le soutien des Britanniques mais doit finalement renoncer à son ambition en 1743. Trois ans plus tard, la Corse est à nouveau entre les mains de Gênes qui confie sa gestion au Marquis de Cursay.
Les nationalistes ne renoncent cependant pas à l'indépendance et parviennent à évincer de Cursay.
Pascal Ponti est élu « général en chef de la Nation corse » le 20 avril 1755.
En novembre de la même année, la République corse est autoproclamée afin de se détacher de la République de Gênes. Elle se dote de ses propres institutions et de son Université ouverte aux boursiers, accorde le droit de vote aux femmes et frappe sa propre monnaie.
Cet Etat ne survit cependant que 14 ans. En effet, en 1767, Gênes - qui a perdu sa puissance en raison des conflits avec Venise et des épidémies - renonce définitivement à ses ambitions sur la Corse et vend l'exercice de la souveraineté sur l'île qu'elle possède toujours juridiquement à la France.
L'armée française envahit immédiatement la Corse. Après quelques victoires, les troupes corses doivent s'incliner le 8 mai 1769 à l'issue de la « Bataille de Ponte-Novo ».
Pascal Paoli part en exil en Angleterre et l'ex-république corse devient une province française en 1770.
La Corse française
Devenue française, l'île est gérée par des commissaires du roi et seule l'administration des communes reste confiée à des Corses. Cependant, pour la première fois de son histoire, une nouvelle classe sociale voit le jour, la noblesse. Louis XV a en effet anobli de nombreuses familles, dont les Bonaparte, qui obtiennent des privilèges. Ils ont, par exemple, accès à la propriété foncière et obtiennent des bourses pour envoyer leurs enfants étudier sur le continent.
En revanche, les classes les plus pauvres sont lourdement taxées et aucun effort n'est réalisé pour moderniser l'agriculture ou développer les industries.
La Révolution et le Royaume anglo-corse
Alors que la Révolution française a éclaté à Paris en 1789, Pascal Paoli - toujours en exil - est rappelé en Corse. Il est nommé chef des gardes nationales corses et, dans un second temps, président du conseil général du département qui vient d'être créé avec comme chef-lieu la ville de Bastia.
Très vite les décisions de Paoli, notamment le changement de chef-lieu de Bastia à Corte, ainsi que l'échec d'une expédition menée contre la Sardaigne en février 1793, attirent l'attention de la Convention qui ordonne l'arrestation de Paoli. Ses partisans parviennent cependant à s'opposer à cette décision et à maintenir le « père de la Patrie » au pouvoir.
La maison de la famille Bonaparte qui s'était élevée contre les paolistes est détruite.
Paoli qui a été mis hors-la-loi par la Convention demande l'appui des Britanniques. Ceux-ci s'emparent de plusieurs villes corses dont Calvi et Bastia tandis que les députés proclament le « Royaume anglo-corse » le 10 juin 1794.
L'entente entre Corses et Britanniques est de courte durée, Paoli n'appréciant pas l'élection d'un Anglais, Sir Gilbert Elliot-Murray-Kynynmound, au rang de vice-roi.
L'île est la proie de violentes émeutes, ce qui profite aux Républicains et, en avril 1796, l'armée napoléonienne reprend le contrôle de la Corse.
La Corse sous les Premier et Second Empires
Lorsque Napoléon Bonaparte devient empereur, il doit affronter et réprimer parfois avec sévérité plusieurs soulèvements sur son île natale. L'annonce de son exil à l'île d'Elbe provoque des scènes de liesse, tandis que le général britannique Henry Tucker Montresor tente, en vain, de remettre l'île sous le contrôle de la couronne britannique.
Après une brève reprise de l'île durant les Cent-Jours, les Bonapartistes quittent le territoire corse après la défaite de leur empereur.
En 1852, le neveu de Bonaparte, Louis-Napoléon, fonde le Second Empire et est proclamé « Empereur des Français » sous le nom de Napoléon III.
Il donne tout pouvoir à Jacques-Pierre Abbatucci, Garde des Sceaux et président du Conseil des Ministres, pour s'occuper des affaires de la Corse. Ses fils occupent également la fonction de députés de la Corse.
L'île profite alors d'un réel essor. Elle est dotée d'un réseau routier, d'une ligne de télégraphe, d'un courrier postal par voie maritime. De plus, l'agriculture bénéficie de l'assèchement des marais, de la réglementation concernant l'exploitation forestière et la circulation du bétail tandis que l'industrie est dynamisée notamment grâce à l'aménagement des ports et du canal de la Gravona.
Des réformes sociales en faveur du peuple sont également entreprises comme l'ouverture d'une Caisse d'Épargne et d'une école normale.
Le 20ème siècle
La Corse paie un lourd tribut en vies humaines durant la Première Guerre mondiale. Selon les différentes sources, entre 10.000 et 30.000 soldats corses sont décédés durant le conflit. De plus, le ravitaillement n'est plus assuré notamment parce que les exploitations agricoles manquent de bras. La situation empire lorsque plusieurs milliers de prisonniers de guerre allemands et de réfugiés sont envoyés sur l'île. Enfin, en 1918, la population est victime d'une épidémie de grippe espagnole.
À la fin de la guerre, la Corse est exsangue et ne parvient que difficilement à se relever.
À la veille de la Seconde Guerre Mondiale, Benito Mussolini, leader de l'Italie fasciste, veut s'emparer de la Corse, provoquant un mouvement antifasciste. À l'annonce de l'armistice signé par le maréchal Pétain, un réseau de résistance s'organise mais ne peut empêcher l'occupation de l'île par les Allemands en novembre 1942. Près de 100.000 soldats italiens et allemands s'installent en Corse et réquisitionnent les vivres dans chaque village. De nombreux résistants se cachent dans le maquis.
En septembre 1943, l'Armée française de la Libération, aidée par les maquisards mais également par une partie des Forces armées italiennes qui ont choisi de se tourner vers les Alliés, libère la Corse. L'île, premier département français libéré, devient une base aérienne qui permet aux Alliés de poursuivre leurs opérations sur le territoire italien.
Le nationalisme corse
Durant la seconde moitié du 20ème siècle, la Corse ne parvient pas à maintenir son économie au niveau de la France continentale, entraînant de ce fait un dépeuplement de l'île. La situation déjà difficile s'aggrave lorsque les « pieds noirs » chassés d'Algérie s'installent en Corse et obtiennent des prêts pour acquérir des terres et cultiver la vigne alors que ces mêmes prêts sont refusés à la population locale.
Des mouvements régionalistes voient le jour afin de préserver les traditions et la langue corses.
En 1966, le Front régionaliste corse (FRC) est fondé dans le but de réclamer au gouvernement français son aide pour protéger leur identité et enrayer l'exode, notamment en dynamisant l'économie.
N'obtenant pas satisfaction, l'Action Régionaliste Corse (ARC), une branche du FRC, intensifie le mouvement et organise en 1975 l'occupation d'une exploitation appartenant à un pied-noir.
La situation s'envenime lorsque le ministre de l'intérieur Michel Poniatowski envoie plus de 2.000 policiers et gendarmes afin de déloger les rebelles.
De plus, la dissolution de l'ARC est votée quelques jours plus tard.
Ces décisions provoquent des émeutes et surtout la radicalisation du mouvement nationaliste corse qui réclame l'indépendance de l'île.
En 1976, le Front de Libération Nationale de la Corse (FLNC) est créé et pendant plusieurs décennies, de nombreux attentats sont commis au nom de ce mouvement.
À l'heure actuelle, la fréquence des attentats s'est réduite même si ceux-ci n'ont pas totalement disparus.
De plus, les partis autonomistes et indépendantistes corses qui se sont rassemblés en une coalition appelée « Pè a Corsica » ont remporté des victoires importantes aux dernières élections. C'est ainsi que Gilles Simeoni occupe la fonction de président du conseil exécutif de la Corse depuis 2015 et que trois sièges de députés de l'Assemblée nationale sur les quatre accordés aux Corses appartiennent également à ce mouvement depuis 2017.
Culture
Les languesLa langue corse est une langue romane appartenant au groupe des dialectes toscans septentrionaux. Elle est reconnue comme langue depuis les années 1960 et comme langue co-officielle avec le français depuis 2013.
La langue corse est parlée non seulement en Corse mais également sur les îles d'Elbe et de Capraia et dans une partie de la Sardaigne.
Il existe autant de versions du corse que de villages sur l'île.
Le bonifacien est un dialecte ligure qui a été importé en Corse par les Génois au 13ème siècle. Ce dialecte est parlé à Bonifacio ainsi qu'en Ligurie (Italie), en Sardaigne, à Monaco et jusqu'à Menton.
Les traditions
Les Corses sont fiers de leur culture et de leurs traditions qui se transmettent de génération en génération depuis la nuit des temps. Les Corses ont réussi le pari de réunir foi chrétienne et coutumes païennes pour former leur propre identité.
L'une des plus anciennes pratiques corses est celle du rituel accompli par les vieilles femmes, les « signadora » afin de signer le mauvais œil appelé « gattivu ochju ».
Les femmes âgées transmettent leur savoir aux plus jeunes durant la veillée de Noël.
Les Corses croient également au pouvoir des sorciers appelés « Mazzeru » ou faiseurs de mort. Lorsque le Mazzeru rêve d'une chasse au cours de laquelle il abat une bête sauvage dont la tête se transforme en visage d'une personne de sa connaissance, cette dernière mourra dans l'année qui suit.
Chaque année, les Corses fêtent la « nuit des morts », le 1er novembre. Toutes les tombes sont fleuries et recouvertes de bougies tandis qu'un couvert supplémentaire est déposé sur la table. À la tombée de la nuit, du pain, de l'eau et des châtaignes sont déposés sur les appuis de fenêtre à l'attention des défunts. Les cimetières sont parfaitement entretenus tout au long de l'année.
Autrefois, les fillettes et les jeunes filles de la région du Niolo étaient habillées en vêtements masculins jusqu'au jour du mariage afin de les protéger des sorcières et... des jeunes gens !
Le village de Sartène est le théâtre d'une procession importante durant la nuit du Vendredi Saint. Un pénitent rouge porteur de la croix, un pénitent blanc et des pénitents noirs perpétuent chaque année le souvenir du supplice du Christ.
Enfin, nous ne pouvons pas évoquer les coutumes corses sans parler de la « Vendetta » qui repose sur un sens aigu de l'autorité du père de famille et de l'honneur.
La musique
La musique traditionnelle corse utilise principalement le chant polyphonique omniprésent dans la vie aussi bien religieuse que festive. Certains chants traditionnels ont disparu au fil du temps, notamment les berceuses appelées « nanni » ou les « serinati », des sérénades que les jeunes gens chantaient aux jeunes filles. Il en est de même des « voceri », les lamentations chantées par les pleureuses durant les veillées funèbres.
En revanche, la « Paghjella », un chant profane à trois registres de voix, a été remis à l'honneur et au goût du jour par la jeunesse corse en quête d'identité.
Notons également le « Chjami e rispondi », une sorte de joute improvisée entre deux chanteurs.
Les costumes traditionnels
Comme tous les vêtements, le costume traditionnel corse était autrefois tissé et filé par les femmes de chaque village. Le jour de leur mariage, les jeunes épouses recevaient une quenouille, symbole de cette tâche à accomplir.
Elles apprenaient à produire de la toile de lin, du drap appelé « pannu corsu » ainsi que du « piloni », le tissu en poils de chèvre destiné à la confection des capes de bergers.
Si l'habit traditionnel masculin - comprenant une chemise, un gilet, une veste, un pantalon, des guêtres en peau de chèvre et un chapeau - était semblable sur l'ensemble du territoire corse, chaque région apportait un élément distinctif comme un gilet rouge ou ligné, une cravate...
Les femmes portaient une chemise, un justaucorps, une longue robe sur sept jupons superposés, un bonnet, un tablier, des bas et un châle. Ce costume était décliné en plusieurs versions selon la région d'origine. On retrouve par exemple des chemises bordées de dentelle ou brodées de couleurs vives. Selon l'âge et le rang social de la femme, les vêtements étaient en soie, en velours, en coton ou en laine.
Le bleu était réservé au deuil et les femmes portaient au-dessus de leur robe une « faldetta » de cette couleur, une jupe courte devant et longue derrière qu'elles pouvaient relever pour se couvrir la tête et les épaules avant d'aller à l'église ou au cimetière.
La gastronomie
La cuisine corse est une cuisine de terroir à la fois rustique et pleine de finesse qui utilise de nombreuses herbes afin de varier les goûts à l'infini.
La viande, le gibier et le poisson sont mis à l'honneur et sont préparés de nombreuses façons, en ragoûts, farcis, cuits sur la braise, mais toujours avec beaucoup de générosité et surtout avec patience.
Parmi les spécialités corses notons la salade bastiaise, les encornets du Cap Corse, les lentilles au figatellu (saucisses de foie), la bouillabaisse de langoustes, la truite de rivière teghja ou le cabri rôti.
Bien entendu, l'héritage italien a influencé la gastronomie corse et les pâtes se retrouvent sous toutes ses formes dans la cuisine au quotidien.
Charcuteries et fromages sont également renommés, notamment le lonzu, la coppa, le jambon Prisuttu et le fromage blanc au lait de brebis, le Brocciu, qui est omniprésent dans la cuisine jusque dans les pâtisseries. Depuis 2012, le porc corse et par conséquent la charcuterie issue de cette race bénéficient du label AOC.
Au rayon boisson, notons la qualité et le caractère des vins corses qui bénéficient d''un climat ensoleillé et de pluies régulières. Neuf de ces vins sont des AOC, les six « Vins-de-Corse », l'Ajaccio, le Muscat du Cap-Corse et le Patrimonio.
On découvre également quelques apéritifs et liqueurs comme le Cap Corse, un vin au quinquina, les apéritifs anisés Dami et Mannarini ou encore le Casanis, la Cédratine, un alcool au citron cédrat, les liqueurs aux plantes et quelques bières locales à base de farine de châtaigne.
Deux eaux plates et une eau gazeuse sont également produites dans l'île, la Saint-Georges, la Eilia et l'Orezza.
L’économie
Les ressources de la Corse proviennent à près de 80% du secteur tertiaire principalement du tourisme et par conséquent du commerce. C'est pour cette raison que la plus grande partie des emplois sont saisonniers. Les autorités tentent néanmoins de prolonger la saison touristique avant et après les mois d'été et d'attirer le tourisme d'affaires afin de mieux répartir les rentrées financières tout au long de l'année.Les industries qui représentent approximativement 15% du PIB concernent les secteurs du BTP et de l'agro-alimentaire (transformation des céréales, des produits de la vigne, des produits laitiers, de l'huile...).
Enfin, le secteur primaire qui représente 5% du PIB comprend la culture de céréales, de la vigne et de fruitiers dont les châtaigniers ainsi que l'élevage de porcs et de chèvres.
Le tourisme
Le tourisme représente donc la principale ressource de l'île.Les amateurs de randonnées apprécient notamment de parcourir le GR 20 qui permet de traverser l'île de Conca à Calenzana en 16 étapes. Certaines portions montagneuses de ce sentier de Grande Randonnée sont particulièrement difficiles et il faut être bien préparés avant de se lancer dans cette aventure. Elle vous permet cependant de découvrir des paysages inoubliables et quelques grands sites comme la vallée et les gorges de la Restonica, le maquis des Agriate, les Calanques de Piana, le Golfe de Porto, les Cascades de Polischellu ou les falaises de Bonifacio.
Les passionnés d'histoire préfèrent partir à la découverte des sites préhistoriques de Filitosa ou de Cucuruzzu, du Vieux Port de Bastia, des citadelles de Calvi et de Corte ou de la vieille ville de Sartène.
Enfin, pour des vacances reposantes entre farniente et baignades, les vacanciers choisissent les stations balnéaires et les plages de Roccapia, de Porto-Vecchio ou de l'Île-Rousse, ce qui ne les empêche pas de visiter les petits villages traditionnels de l'arrière-pays comme Cuttoli-Corticchiato.
Les préfectures de la région Corse
La préfecture de la région Corse et du département Corse-du-Sud est Ajaccio
Toutes les préfectures de la région Corse:
- Préfecture de Bastia du département Haute-Corse