Région Normandie (28)
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Région Normandie
NORMANDIE
La Normandie est à la fois une région historique et, depuis la réorganisation territoriale de 2016, une région administrative issue de la fusion des anciennes régions Haute-Normandie et Basse-Normandie.La région située au nord-ouest de la France comprend six départements et est entourée par les Hauts-de-France, les Pays de la Loire, la Bretagne, l'Île-de-France et le Centre-Val-de Loire. Elle est baignée à l'ouest par la Manche
La Normandie en un coup d’œil
Préfecture : RouenPréfète actuelle : Fabienne Buccio
Départements : 5 (Calvados, Eure, Manche, Orne, Seine-Maritime)
Cantons : 131
Communes : 2.884
Président du Conseil régional de Normandie actuel : Hervé Morin
Superficie : 29.906 km²
Population : plus de 3 millions d'habitants
Le Conseil régional de Normandie est situé à Caen, Abbaye aux Dames, Place Reine Mathilde. Il est présidé depuis janvier 2016 par Hervé Morin, membre du parti Union des Démocrates et Indépendants.
Géographie
La Normandie s'étire le long de 603 kilomètres de littoral bordant la Manche, un bras de mer séparant l'océan Atlantique et la Mer du Nord.La région regroupe une série d'îles appelées « Îles Normandes » comprenant notamment :
l'archipel de Chausey situé au large de Granville. Seule, la plus importante de ces îles, Grande-Île, est habitée. L'archipel se caractérise par la hauteur de ses marées qui peuvent atteindre 14 mètres durant les marées d'équinoxe et par la longueur de l'estran qui fait passer sa superficie de moins de 100 hectares (marée haute) à 2.000 (marée basse) ;
l'abbaye du Mont-Saint-Michel située dans la baie éponyme est construite sur un îlot rocheux à la limite entre la Bretagne et la Normandie. La baie abrite un second îlot, le Rocher Tombelaine. Il est possible de relier les deux rochers à pied à marée basse ;
l'île Pelée se situe au large de Cherbourg. Elle abrite un fort construit en 1777 et qui fait partie du système défensif de la rade de Cherbourg ;
l'île Tatihou située au large de Saint-Vaast-la-Hougue (Manche) est accessible à pied durant les grandes marées basses. On peut y visiter un fort construit par Vauban, le musée maritime installé dans un ancien lazaret et une réserve ornithologique ;
l'archipel Saint-Marcouf, composé de l'île du Large et de l'île de Terre, est situé au large de la péninsule du Cotentin. Ces deux îles sont interdites au public, l'une en raison de la disparition de la jetée durant la tempête de 1987 et l'autre en qualité de réserve ornithologique naturelle. Les fortifications de l'île du Large sont en cours de restauration et sont classées Monuments historiques depuis 2017.
Les îles Anglo-Normandes qui se situent au large de la péninsule du Cotentin ne se sont séparées du continent qu'au cours du 8ème millénaire avant notre ère. Elles font donc géographiquement partie de la Normandie bien qu'elles soient des dépendances de la Couronne britannique, sans pour autant faire partie du Royaume-Uni.
Le littoral normand se partage entre plages de sable fin, plages de galets et falaises et comprend de nombreuses stations balnéaires dont les plus célèbres sont Deauville, Honfleur, Dieppe, Étretat ou Fécamp.
Il s'étend du Tréport au Mont-Saint-Michel et porte les noms poétiques de Côte d'Albâtre, Côte Fleurie ou encore Côte de Nacre.
D'un point de vue géologique, la Normandie est divisée en deux :
le Massif armoricain, vestige d'une ancienne chaîne de montagnes, couvre la Bretagne et se prolonge dans les îles Anglo-Normandes, dans les Pays-de-Loire, en Nouvelle-Aquitaine et dans l'ouest de la Normandie. Le point le plus haut de la Normandie, le « Signal d'Écouves » y culmine à 413 mètres ;
le Bassin parisien qui correspond à l'est de la Normandie se présente sous la forme d'une cuvette ouverte sur la Manche. Son relief se compose d'une succession de plaines, de plateaux et de vallées.
La Normandie est partagée en cinq départements :
le département de Seine-Maritime bordé par la Manche sur 190 kilomètres se situe dans le nord de la Normandie. Son littoral est remarquable par ses hautes falaises de craie dominant la mer et pouvant atteindre 110 mètres de haut (Fécamp). Le sommet de ces falaises se présente sous la forme d'un immense plateau entrecoupé de valleuses et correspondant au « Pays de Caux ». Les valleuses, ou vallées sèches, permettent de descendre au bord de l'eau.
Le Pays de Caux produit des pommes et des poires destinées à la fabrication du cidre et du poiré. Ces arbres sont cultivés dans des clos-masures (ou cour-masures), des espaces protégés des vents par des talus plantés de grands arbres et comprenant la ferme traditionnelle et un verger (ou prairie, ou potager).
La région se caractérise également par ses bocages, zones agricoles délimitées par des haies, des taillis et des arbres. Dès le Moyen-Âge, les fermiers prennent l'habitude de cultiver en « joualle » les espaces défrichés. Ils combinent ainsi sur la même parcelle des arbres fruitiers ou des pieds de vigne avec des cultures maraîchères, ce qui en améliore nettement le rendement. Cette pratique écologique abandonnée au 20ème siècle au profit de l'agriculture intensive et de la monoculture est à nouveau utilisée depuis quelques années.
On retrouve les bocages notamment dans le pays de Bray.
Le département est séparé de la Somme par la Bresle (nord) et de l'Eure par la Seine (sud).
La Bresle prend sa source à Abancourt dans les Hauts-de-France et se jette dans la Manche à proximité du Tréport.
La Seine prend sa source sur le Plateau de Langres en Bourgogne-Franche-Comté et parcourt plus de 776 kilomètres avant de former un vaste estuaire et de se jeter dans la Manche, au Havre. L'estuaire de la Seine est protégé par une Réserve naturelle nationale chargée de préserver son écosystème et plus particulièrement les « roselières », des espaces humides plantés de roseaux qui servent à la fois de refuge pour les oiseaux et de matériau pour réaliser les toits de chaume.
La Seine-Maritime compte cinq ports importants, les deux ports maritimes du Havre et de Rouen et les trois ports commerciaux de Dieppe, du Tréport et de Fécamp.
le département de l'Eure se caractérise par une succession de plateaux et de vallées souvent abruptes qui délimitent différentes régions naturelles. Les zones agricoles et les forêts se partagent le territoire. Les champs de blé, de betteraves ou de lin ainsi que les bocages côtoient en effet les espaces boisés, reliquats des anciennes forêts appartenant au Domaine royal. C'est dans ce département que se situe l'une des plus grandes hêtraies du pays, dans la Forêt domaniale de Lyons (Vexin normand).
le département de la Manche correspond approximativement à la péninsule du Cotentin et est bordé sur trois côtés par la mer, soit un littoral de 366 mètres. Une partie de la côte est particulièrement accidentée et les écueils représentent un réel danger pour les marins. Les falaises du nord de la péninsule cèdent progressivement la place à de longues grèves dont la plus célèbre est la Baie du Mont-Saint-Michel. La pêche joue un rôle important dans l'économie de la région.
L'intérieur des terres est consacré à l'agriculture et se partage entre champs céréaliers, vergers et prairies réservées aux chevaux et aux bovins, principalement de race normande.
le département de l'Orne se situe dans le sud de la Normandie et n'a pas d'accès à la mer. Il est inclus dans le Bocage normand et se caractérise par une zone de plaine (nord) qui cède la place à un relief vallonné présentant des vallées encaissées (sud).
On distingue différentes régions naturelles :
le Perche situé à la limite entre le Massif armoricain et le Bassin parisien ;
les Alpes mancelles traversées par la vallée de la Sarthe, un cours d'eau qui prend sa source dans le Perche, à Soligny-la-Trappe et traverse la Campagne d'Alençon avant de rejoindre le Maine à Angers ;
la Suisse normande au relief dessiné par l'Orne, un fleuve qui prend sa source à Aunou avant de se jeter dans la Manche à Ouistreham (Calvados) ;
la plaine céréalière d'Argentan.
Le plus ancien haras national français, le Haras du Pin se situe dans l'Orne. Il a été créé en 1715 et est toujours en activité malgré une histoire mouvementée.
Le département est également connu pour produire les célèbres fromages normands (Pays d'Auge), notamment le camembert qui aurait été inventé en 1791 par Marie Harel, une fermière habitant la commune de Camembert.
Le département du Calvados s'étire le long de la Manche et est partagé entre le Massif armoricain et le Bassin parisien. Il regroupe différentes régions naturelles :
les prolongements du pays d'Auge et de la Suisse normande ;
la plaine (ou campagne) de Caen a une vocation essentiellement agricole. Cependant, le développement de la ville de Caen a fortement réduit les zones cultivables. Un vaste réseau de galeries souterraines sillonne le sous-sol de la région. Il a été créé entre les 11ème et 20ème siècles pour extraire la « pierre de Caen » qui a été utilisée pour la construction de nombreux édifices religieux, publics ou privés, notamment les abbayes aux Hommes et aux Dames ou le château de Caen, mais également la Tour de Londres, l'Abbaye de Westminster, la Cathédrale de Cologne et le Palais royal de Bruxelles ;
d'un point de vue historique, la plaine de Caen fait partie du Bessin qui fait à présent référence à la région de Bayeux, une ville célèbre pour la cathédrale Notre-Dame, ses manufactures de dentelle noire et de porcelaine, sans oublier la « Tapisserie de la reine Mathilde », un ouvrage commandé au 11ème siècle par Odon de Bayeux, demi-frère de Guillaume-le-Conquérant.
le Bocage virois fait partie du Bocage normand. Cette région enregistre des précipitations (pluie et neige) supérieures à la moyenne de la Normandie.
La Normandie profite d'un climat de type océanique avec des températures moyennes annuelles s'échelonnant de 14 à 16° et des précipitations parfois abondantes. Les hivers sont doux le long des côtes et légèrement plus frais dans l'intérieur des terres. Les étés restent relativement frais.
La pluviométrie élevée de la Normandie explique la qualité de ses pâtures qui permettent l'élevage de nombreuses races bovines dont la célèbre normande à robe blanche tachée de brun. On y rencontre également des ânes et chevaux dont l'âne normand, l'âne du Cotentin, le selle français, le percheron ou encore le trotteur français.
Plusieurs races de chiens et de chats sont originaires de Normandie, notamment le chartreux qui a été ramené de Turquie par les Croisés, l'épagneul de Pont-Audemer et le basset artésien normand, deux chiens de chasse réputés.
Histoire
PréhistoireLa Normandie a été habitée par les hommes au début du Paléolithique moyen, mais la rudesse du climat et la pauvreté de la végétation de type toundra n'ont pas permis leur installation permanente.
Il faut dès lors attendre la fin du Paléolithique supérieur pour que la région soit à nouveau occupée.
Différentes gravures rupestres ainsi que des mégalithes appartenant à la culture du Magdalénien ont été découverts dans la région de Rouen.
La fouille de la Grotte de Gouy située dans la vallée de la Seine a notamment permis de découvrir une série de 37 gravures représentant principalement des animaux. Elles ont été datées du 12ème millénaire avant notre ère. Cela tendrait à prouver que le site a été occupé à la fin de la dernière glaciation (Würm).
À partir du 4ème millénaire avant JC, la vie quotidienne change radicalement avec l'apparition de l'agriculture. C'est à cette époque que les premiers villages sont construits, que la société se structure et que les hommes adoptent des rites funéraires et apprennent à travailler le cuivre et le bronze.
Les Celtes
Au cours du 1er millénaire avant JC, des peuples celtiques appartenant aux cultures de Hallstatt (Autriche) et, un peu plus tard, de la Tène (Suisse) migrent vers l'ouest et atteignent la Normandie.
Les tribus belges s'installent dans la région entre le 5ème et le 3ème siècle avant JC et y construisent des villages souvent fortifiés (oppida).
Leur présence est attestée notamment par la découverte du « casque d'Amfreville-sous-les-Monts » (Eure) daté du 3ème siècle avant JC. Ce casque recouvert d'un plaquage en or est décoré de bandes à dessins géométriques et de « triskells », des motifs typiques de l'art celtique issu de la civilisation de la Tène. On peut l'admirer au musée archéologique de Saint-Germain-en-Laye.
Datant de la même époque, la nécropole située à Ifs (Calvados) comptabilise plus de 400 sépultures. Les plus anciennes remontent au 5ème siècle avant JC. Le site a cependant été utilisé en permanence jusqu'au 7ème siècle de notre ère. On y a découvert de nombreux objets en bronze d'excellente facture.
Les Romains
À la veille de l'invasion romaine, la Normandie est occupée par différentes tribus d'origine celtique (Abrincates à Avranches, Aulerques à Évreux, Bajocases à Bayeux, Calètes à Lillebonne, Lexoviens à Lisieux, Unelles à Coutances, Véliocasses à Rouen et Viducasses à Vieux). Les tribus se répartissent dans trois grandes entités qui correspondent aux Gaules belgique, celtique et armorique. Les Gaulois vivent des produits agricoles, de l'artisanat et du commerce dynamisé par un important réseau routier. Leurs cités sont prospères et la société est hiérarchisée.
À la fin du 2ème siècle avant JC, les Romains franchissent les Alpes et s'emparent des premiers territoires gaulois en -122. Ils fondent ainsi la Gaule transalpine qui devient une province romaine en -70.
Après une interruption de plusieurs décennies, la conquête des Gaules par les Romains reprend en 58 avant JC. À cette époque, Jules César qui a été nommé proconsul de la Gaule cisalpine, de l'Illyrie et de la Gaule transalpine veut se démarquer de son rival Pompée, stopper l'avancée des peuples germaniques et surtout s'enrichir en se lançant dans de nouvelles conquêtes.
Se sentant menacés, les différents peuples s'unissent pour faire front face aux légions romaines. Celles-ci, mieux organisées, sortent victorieuses de la « Guerre des Gaules » après la bataille d'Alésia en 52 avant JC. Vercingétorix, roi des Arvernes qui avait rassemblé les différentes tribus se rend à Jules César et est fait prisonnier. Il est exécuté en 46 avant JC à Rome.
Après quelques mouvements de révolte bien vite réprimés, la Normandie est soumise en 51 avant JC.
Après la conquête romaine, l'empereur Auguste réorganise les provinces de l'Empire en 27 avant JC. C'est ainsi que les Véliocasses et les Calètes sont intégrés dans la Gaule lyonnaise.
La Normandie profite de la « Pax Romana » et les cités sont dotées des principaux monuments romains (forum, thermes, théâtre...) tandis que de vastes villas gallo-romaines sont construites par de grands propriétaires terriens.
Les invasions barbares
Au cours du 3ème siècle de notre ère, la situation de l'Empire romain décline notamment en raison des dissensions internes qui affaiblissent considérablement le pouvoir.
De plus, la plupart des légions ont été rappelées en Italie afin de contenir une guerre civile, ce qui laisse les frontières quasi sans surveillance.
Profitant du fait que les provinces éloignées de Rome sont livrées à elles-mêmes, les peuples germaniques qui occupent l'autre rive du Rhin franchissent le fleuve et opèrent des raids en Gaule. Poussant leurs avancées toujours plus à l'ouest, les Barbares atteignent bientôt la Normandie qui doit également se défendre contre les attaques des Saxons venus par la mer.
Au début du 4ème siècle, les provinces sont subdivisées et la Normandie actuelle correspond à la Lyonnaise seconde avec comme capitale Rotomagus (Rouen). Cette ville devient également un évêché important.
En 370, l'empereur Valentinien crée un système défensif du littoral, entre Boulogne (Hauts-de-France) et l'estuaire de la Gironde (Nouvelle-aquitaine). La Normandie est placée sous le commandement du « Dux Tractus Armoricani et Nervicani ». Afin de lutter plus efficacement contre les Germaniques, les Romains n'hésitent pas à recruter des soldats au sein même de ces peuples en échange de l'autorisation de s'installer dans l'Empire.
C'est ainsi que des Francs et des Saxons se mêlent aux populations autochtones, les uns dans les Pays de Bray et de Caux, les autres à Bayeux et le long des côtes de la Manche.
Les Francs
À la fin du 5ème siècle, le roi des Francs Saliens de la dynastie mérovingienne, Clovis, entreprend d'agrandir son territoire et annexe peu à peu toute la partie nord de la France par la force mais également par mariages et alliances. C'est dans ce contexte qu'il attaque le Royaume de Soissons ou « Domaine de Syagrius », dirigé par un ancien général romain qui avait fondé ce domaine gallo-romain situé entre la Loire et la Somme en profitant de l'affaiblissement de Rome. Clovis bat Syagrius à Soissons en 486 et récupère ainsi un vaste territoire comprenant la Normandie
Après sa conversion au christianisme, il attaque les Wisigoths implantés au sud de la Loire.
Les Francs étendent leurs possessions sur la quasi-totalité de la France actuelle mais ne parviennent cependant pas à se rendre maîtres de l'Armorique. La partie occidentale de la Normandie échappe également à leur contrôle.
La Neustrie
À la mort de Clovis, le royaume est partagé entre ses fils, selon la tradition germanique. Même si elle garde une certaine indépendance, la Normandie est intégrée à la Neustrie qui revient à Clotaire 1er. Parallèlement, les Saxons qui sont toujours présents en Basse-Normandie vont peu à peu se mêler à la population. Il ne sera plus possible de les distinguer à partir du 7ème siècle.
Entre-temps, le christianisme a continué à se répandre et de nombreux édifices religieux sont construits dans la région. Les grandes abbayes normandes dont les abbayes Saint-Ouen de Rouen, Saint-Pierre de Jumièges ou Saint-Wandrille de Fontenelle deviennent puissantes grâce à l'étendue de leurs propriétés foncières.
Les Vikings
Les derniers rois Mérovingiens, jeunes et incompétents, perdent une grande partie de leurs pouvoirs au profit des « maires du palais » qui deviennent les véritables souverains du royaume franc.
Profitant de cette faiblesse et avec l'appui du pape, Pépin-le-Bref, fils du maire du palais de Neustrie Charles Martel, est proclamé roi, unifie le royaume et fonde la dynastie des Carolingiens, en 751.
Son fils Charlemagne agrandit encore ce territoire et englobe la quasi-totalité de la France ainsi qu'une grande partie de l'Europe. Les Bretons restés indépendants doivent payer un tribut à l'Empereur d'Occident.
À la mort de Louis 1er dit le Pieux (fils et héritier de Charlemagne), l'empire est une nouvelle fois morcelé entre ses descendants. La Neustrie est intégrée dans la Francie occidentale, héritage de Charles II le Chauve.
À cette époque, les Vikings originaires du nord de l'Europe ont déjà effectué leurs premiers raids en Neustrie. Des villes importantes dont Rouen sont pillées tandis que les abbayes et monastères deviennent les cibles de ce peuple qui veut s'approprier leurs trésors sans pour autant s'implanter dans la région.
En remontant la Seine, les Vikings parviennent aux portes de Paris dès 845. Charles II demande l'appui des Bretons pour les contrer en échange du Cotentin. Le roi va également élever des fortifications dans la région mais celles-ci ne suffisent pas à empêcher l'avancée des Vikings.
En 885, Charles III le Gros parvient à réunir une grande partie de l'ancien empire de Charlemagne mais doit affronter les raids des Normands qui après avoir traversé la Neustrie assiègent à nouveau Paris. Le roi négocie avec eux et obtient la libération de Paris contre une rançon et la permission de passer sur le territoire franc pour attaquer la Burgondie.
Cet aveu de faiblesse déplaît à la noblesse qui destitue Charles III en 887. Le comte Eudes qui s'était comporté en héros durant le siège de Paris devient roi de Francie occidentale tandis qu'Arnulf de Carinthie devient brièvement roi de Francie orientale.
Sous le règne d'Eudes, les Vikings subissent quelques défaites mais continuent à piller plusieurs villes normandes dont Évreux et Saint-Lô. N'appartenant pas à la lignée carolingienne, la légitimité d'Eudes n'est pas réellement reconnue ce qui le pousse à choisir Charles III le Simple, petit-fils de Charles le Chauve comme héritier. Son règne correspond à une période trouble marquée par de nombreuses prises d'indépendance dans les provinces.
Rollon, chef viking et le Duché de Normandie
En 911, les Vikings reviennent à la charge et saccagent différentes villes.
Afin de les stopper, Charles le Simple conclut un accord avec le chef Rollon probablement d'origine norvégienne. Il lui octroie la ville de Rouen et ses environs. En échange Rollon lui apporte son aide pour contrer ses compatriotes et se convertit au christianisme. Le « traité de Saint-Clair-sur-Epte » jette ainsi les bases du futur Duché de Normandie.
Rollon (911 – 927) est souvent considéré comme le premier duc de Normandie même s'il ne porte que le titre de « jarl » ce qui correspond au rang de comte. Il parvient à pacifier une région qui a souffert des raids vikings incessants tandis que les abbayes retrouvent toute leur sérénité.
Guillaume 1er de Normandie dit Longue-Epée (927 – 942) succède à Rollon dont il est le fils naturel. Selon la tradition nordique, un homme pouvait avoir des concubines tout en étant légitimement marié. Les enfants conçus hors mariage étaient dont des « enfants naturels » mais pas des « bâtards ».
Guillaume agrandit le territoire normand en s'emparant du Cotentin et probablement de l'Avranchin. Il meurt assassiné sur ordre du comte de Flandre.
Son fils naturel, Richard 1er de Normandie dit Sans-Peur (942 – 996) lui succède alors qu'il n'est âgé que de dix ans. Le roi franc Louis IV d'Outremer en profite pour le faire venir à la cour prétextant parachever son éducation. En réalité, il veut s'approprier le duché de Normandie avec l'aide du Duc des Francs Hugues-le-Grand. Le jeune homme parvient à s'enfuir alors que les Normands réussissent à monter Louis IV et Hugues-le-Grand l'un contre l'autre. Richard reprend les rênes du pouvoir et la Normandie est reconnue indépendante par la noblesse carolingienne.
La région est pacifiée et l’Église devient de plus en plus puissante en Normandie. Par mariages et traités, la Normandie parvient à conserver des rapports apaisés avec les différentes puissances de l'époque, la France d'Hugues Capet et l'Angleterre. Cette accalmie permet le développement du commerce.
Richard II de Normandie dit l'Irascible (996 – 1026) est le premier véritable Duc de Normandie. Malgré un début de règne laborieux marqué par la révolte des paysans, il parvient à faire de la Normandie un duché puissant qui n'a plus rien de scandinave. Il garde des rapports cordiaux avec les Capétiens. Son fils et successeur, Richard III (1026 – 1027) épouse la fille de Robert II le Pieux, roi de France en 1027 mais décède sans descendance légitime peu de temps après dans des circonstances mystérieuses après 11 mois de règne.
Son frère Robert 1er le Magnifique (1027 – 1035) lui succède. Il décède à l'âge de 25 ans durant un pèlerinage à Jérusalem. Son fils, Guillaume 1er le Conquérant (ou Guillaume le Bâtard) (1035 – 1087) âgé de 8 ans réside à la cour du Roi de France. Pendant une dizaine d'années, la Normandie traverse une période chaotique marquée par des conflits entre les différentes familles nobles, par de nombreux complots à l'encontre du jeune duc et par la tentative du duc Alain III de Bretagne de s'emparer du pouvoir.
Le roi de France Henri 1er devenu tuteur de Guillaume, lui apporte son soutien pour rétablir l'ordre en Normandie. Après sa victoire contre les barons normands au Val-ès-Dunes (Calvados) en 1047, Guillaume reprend les rênes du pouvoir. Il épouse Mathilde de Flandre en 1050 malgré l'opposition du pape pour consanguinité. Pour absoudre leur péché, le couple doit fonder plusieurs hôpitaux et monastères dont les célèbres abbayes aux Hommes et aux Dames de Caen.
La puissance de Guillaume-le-Conquérant renforcée par son mariage inquiète son ancien allié Henri 1er qui forme une coalition avec les comtes d'Anjou, de Champagne et de Chartres et les ducs de Bourgogne, d'Aquitaine et de Bretagne.
Le roi de France tente à deux reprises de s'emparer de la Normandie mais y renonce en 1057 à l'issue de la « Bataille de Varaville » qui tourne au net avantage des Normands. Les Français abandonnent tout projet de conquérir le duché qui profite d'une période de paix et de prospérité.
En 1066, le roi d'Angleterre Edouard-le-Confesseur décède sans avoir désigné officiellement de successeur ce qui entraîne le pays dans une grave crise politique. Le beau-frère du roi, Harold se fait proclamer roi alors qu'il avait fait la promesse à Guillaume de Normandie de l'aider à monter sur le trône. Le troisième prétendant à la couronne, Harald III de Norvège s'allie à Guillaume pour conquérir l'Angleterre. Il est probable que les deux hommes projetaient de se partager le pays mais le décès de Harald lors de la « Bataille de Stamford Bridge » profite au Normand.
Harold décède à son tour le 14 octobre 1066 à la « Bataille de Hastings » et Guillaume-le-Conquérant est couronné roi d'Angleterre le 25 décembre de la même année. Il doit cependant affronter de nombreuses révoltes anglaises parfois soutenues par les Danois. Afin d'asseoir son autorité, Guillaume confie d'importantes seigneuries à des Normands.
La puissance de Guillaume s'affaiblit à la fin de son règne en raison de conflits l'opposant au roi de France. C'est le début d'une rivalité qui va marquer l'histoire de France et d'Angleterre pendant plusieurs siècles.
Blessé au cours d'une bataille contre les Français, il décède à Rouen le 9 septembre 1087.
Le trône d'Angleterre est légué à son fils Guillaume-le-Roux tandis que son second fils, Robert Courteheuse (1087 – 1106), hérite du duché de Normandie et que leur frère, Henri Beauclerc reçoit une somme d'argent qu'il échange en partie contre le Cotentin et l'Avranchin.
Robert II de Normandie qui veut renverser son frère aîné ne parvient pas à contrôler les barons qui se livrent des guerres meurtrières. Après l'échec de la rébellion contre Guillaume, celui-ci débarque en Normandie soutenu par une partie des barons. Les deux frères se rencontrent à Rouen, concluent la paix et se coalisent contre leur plus jeune frère Henri afin de récupérer les terres cédées.
Robert participe à la première croisade en Terre Sainte en compagnie de nombreux seigneurs et membres du clergé normands entre 1096 et 1099. Il retourne en Normandie mais arrive peu de temps après le décès de son frère Guillaume. Cette absence a été mise à profit par Henri Beauclerc qui est couronné roi d'Angleterre le 5 août 1100. Devant la menace d'une invasion, ce dernier accepte de payer une rente annuelle de 3.000 livres en échange du renoncement de Robert au trône anglais. Cet accord n'empêche nullement Henri d'envahir le duché cinq ans plus tard. Robert est fait prisonnier et Henri se proclame duc de Normandie. Robert est mort en captivité en 1134 à l'âge de 80 ans.
Le décès sans descendant mâle en vie de Henri Beauclerc provoque un nouveau conflit de succession. Son neveu, Étienne de Blois usurpe les titres de roi d'Angleterre (1135 - 1141) et de duc de Normandie (1135 – 1144).
Or, la fille et seule héritière légitime de Henri Beauclerc, Mathilde l'Emperesse a épousé en seconde noce Geoffroy V d'Anjou dit Plantagenêt en 1128 et a donné naissance à trois fils. L'usurpation du trône d'Angleterre et du duché de Normandie par Étienne de Blois l'oblige à s'exiler à Argentan, l'un des châteaux de sa dot. Avec l'aide de son époux et le soutien de plusieurs barons et de l’Église, elle parvient à reprendre à la fois l'Angleterre et la Normandie et porte le titre de « Dame des Anglais et des Normands ». Elle ne réussit cependant pas à se faire couronner et c'est son fils aîné Henri II qui devient roi d'Angleterre (1154 – 1189). Il était déjà comte d'Anjou et du Maine ainsi que Duc de Normandie depuis la mort de son père en 1151. Par son mariage avec Aliénor d'Aquitaine, il règne sur un territoire compris entre l’Écosse et les Pyrénées françaises.
La fin de la puissance normande
Le fils de Henri II, Richard Cœur de Lion décède en 1199 et c'est son plus jeune frère, Jean sans Terre qui lui succède à la tête de l'Empire Plantagenêt.
Cependant, le roi de France Philippe II revendique les territoires situés sur le continent et entre en conflit avec l'Angleterre. Il parvient à s'emparer de vastes territoires non seulement en Normandie mais également en Champagne, en Bretagne, en Auvergne ainsi que les comtés de Flandre et de Boulogne.
Jean sans Terre forme une coalition notamment avec le comte de Flandre et l'empereur Otton de Brunswick mais son armée est défaite par les Français à Bouvines. Il se retranche en Angleterre tandis que Philippe II renforce la puissance de la France. Son fils Louis VIII dit le Lion parachève ses conquêtes et prive l'Angleterre de ses possessions françaises à l'exception de la Gascogne et de Bordeaux.
La Normandie française
La Normandie est donc intégrée au domaine royal à partir de 1204 malgré les tentatives de Jean sans terre d'en reprendre le contrôle. Elle garde cependant une forte identité culturelle et conserve son droit coutumier régional appelé « Coutume de Normandie ». Ce système restera d'application jusqu'en 1804, date de la mise en vigueur du Code civil (ou Code Napoléon).
La région se développe rapidement notamment grâce à son monopole sur le transport fluvial de la Seine et au développement et à la diversification de l'agriculture.
La Normandie profite également d'un rayonnement culturel important et de grands travaux comme la construction de la « Merveille » au Mont-Saint-Michel.
L'aube du 14ème siècle est marquée par un mouvement social à Rouen lorsque le peuple se révolte contre une nouvelle levée des impôts. Le roi de France peine à rétablir le calme et accepte d'octroyer des droits et privilèges aux Normands (Charte aux Normands de 1315).
La Guerre de Cent Ans
En 1337, l'Angleterre et la France entament une longue période de conflits et d'insécurité appelée « Guerre de Cent Ans » qui se prolonge jusqu'en 1453. La Normandie qui est déjà victime de famine et d'épidémies de peste est l'un des enjeux de cette guerre et la région est écartelée entre sa fidélité au roi de France et son passé avec l'Angleterre. Les deux pays remportent tour à tour d'importantes victoires.
Au début du 15ème siècle, Henri V d'Angleterre débarque en Normandie et remporte des victoires importantes sur les Français notamment à Harfleur et à Azincourt en 1415. Il s'empare de Rouen en 1419 et se rend maître d'une grande partie du royaume français.
Après le décès de Henri V d'Angleterre et du roi de France Charles VI à quelques semaines d'intervalles, Henri VI âgé de quelques mois hérite des trônes d'Angleterre et de France selon le traité de Troyes signé par les souverains deux ans auparavant.
Le titre de roi de France est immédiatement contesté par le dauphin, Charles VII le Victorieux, et jugé illégal en raison de la folie de Charles VI.
Après la victoire de l'arme française conduite notamment par Jeanne d'Arc durant le siège d'Orléans, Charles VII est sacré à Reims. Jeanne d'Arc tombe dans un guet-apens tendu par les Bourguignons qui la vendent à leurs alliés anglais en 1430. Elle est condamnée à mort pour hérésie et est brûlée vive en place de Rouen l'année suivante. Jeanne d'Arc est réhabilitée en 1456 par Charles VII.
Entre-temps, les Bourguignons et les Français signent un accord de paix (traité d'Arras) et Charles VII reconnaît Philippe III dit le Bon en qualité de duc de Bourgogne.
Une fois la paix rétablie entre les Français et les Bourguignons, Charles VII entreprend de conquérir la Normandie qui est toujours entre les mains des Anglais.
Il s'empare successivement de Rouen, de Caen et de Cherbourg et libère l'ensemble de la Normandie en un an de guerre.
La reconstruction
Après avoir été le théâtre de plus d'un siècle de conflits, la Normandie est à bout de souffle et sa population est en net déclin. La paix rétablie lui permet de retrouver une stabilité politique et économique notamment grâce à la création du port du Havre, le dynamisme du commerce international et les campagnes de pêche en Mer Baltique et à Terre-Neuve. La nouvelle prospérité de la région permet aux villes de se développer tandis que de nombreux édifices privés et religieux sont construits dans le style Renaissance.
Les guerres de religion
Malheureusement, cet âge d'or se termine brusquement au début des guerres de religion, dans la seconde moitié du 16ème siècle.
En 1562, le Duc de Guise, fervent catholique, donne l'ordre à ses troupes de disperser une assemblée de protestants qui se tient à l'intérieur de la ville de Wassy (Grand Est) alors que seules les réunions en dehors des villes sont autorisées par l'édit de tolérance.
Une cinquantaine de protestants sont massacrés, ce qui marque le début des guerres de religion en France.
La Normandie devenue depuis quelques décennies une terre d'accueil pour le protestantisme n'est pas épargnée et les Huguenots font appel à la reine Élisabeth 1ère d'Angleterre qui, selon le « Traité d'Hampton Court », doit envoyer des renforts en échange de la ville du Havre.
Installés au Havre, les Britanniques tentent de profiter de la situation pour s'emparer notamment de Calais et de Dieppe, ce qui leur permettrait de contrôler la Manche.
Catherine de Médicis alors régente de France déclare le traité invalide et l'armée française parvient à récupérer le Havre en juillet 1563.
Les conflits entre protestants et catholiques s'amplifient. En 1572, le mariage de Marguerite, fille de Henri II, et du protestant Henri III de Navarre est à l'origine du « Massacre de la Saint-Barthélemy » à Paris. Le mouvement se répand dans les villes de province, dont Rouen et, selon les sources, de 10.000 à 30.000 protestants sont tués par les catholiques. Le culte protestant est dorénavant interdit en France par le roi Charles IX.
Les catholiques regroupés dans la « Sainte-Ligue » deviennent de plus en plus puissants et s'opposent à la montée sur le trône de Henri de Navarre, seul descendant de la lignée de Louis IX après l'assassinat de Henri III par un frère dominicain en 1589.
Henri de Navarre récupère cependant les villes contrôlées par la Ligue et défait à plusieurs reprises son armée notamment à Arques et à Ivry, en Normandie.
Échouant à plusieurs reprises devant la ville de Paris, Henri de Navarre accepte en 1593 de se convertir au catholicisme ce qui permet au pape de reconnaître sa légitimité en qualité de roi de France. L’Édit de Nantes signé en 1598 par le roi accorde les droits civils, politiques et cultuels aux protestants, ce qui met un terme à 36 ans de guerre.
La région retrouve un nouvel âge d'or grâce à l'implantation de l'industrie drapière.
La Normandie reste un des fiefs du protestantisme en France jusqu'en 1685, année de la révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV. Près de 200.000 Normands s'exilent alors en Angleterre et aux Pays-Bas. Cet exode est une catastrophe économique pour la région. En effet, la plupart des Normands qui fuient la France emportent avec eux les contrats commerciaux passés avec les pays protestants mais également les manufactures de toile qui leur appartiennent. De plus, les ouvriers les plus qualifiés désireux de conserver leur emploi les suivent dans leur exil.
Le 18ème siècle
Durant le 17ème siècle, la France est devenue l'un des grands empires coloniaux européens et s'est implantée notamment en Amérique du Nord. Elle fonde la « Nouvelle-France », une vice-royauté du royaume de France correspondant à l'actuel Québec.
Les colonies françaises permettent à de nombreux Normands de démarrer une nouvelle vie dans le Nouveau-Monde. D'autres s'enrichissent en profitant du commerce maritime qui atteint son apogée au 18ème siècle.
Parallèlement, l'importation du coton permet aux manufactures textiles de se développer et Rouen devient un important centre de production de draps.
D'autres industries voient également le jour dans les secteurs de la métallurgie, du verre, de la porcelaine et de l'édition.
La région perpétue également sa tradition agricole et la Normandie fournit des céréales, des produits laitiers, de la viande et des fruits.
La Révolution
Cette prospérité prend fin à la veille de la Révolution française lorsque la crise économique touche la région de plein fouet en raison de plusieurs mauvaises récoltes successives et des impôts mais surtout du « Traité commercial Eden-Rayneval » conclu entre la France et l'Angleterre très défavorable à l'industrie textile française.
La « Grande Peur » qui suit la Révolution de Paris est particulièrement virulente en Normandie. De plus, les Girondins opposés aux Montagnards plus radicaux lèvent une armée de fédéralistes à Caen. Elle est défaite en juillet 1793 à Brécourt, sur la route de Paris, mettant un terme à la révolte normande.
Le 19ème siècle
Alors que la France connaît une succession de régimes politiques au cours du 19ème siècle, le Directoire, le Consulat, le Premier Empire, la Première Restauration, les Cent Jours, la seconde Restauration, la Seconde République, le Second Empire et enfin la Troisième République, la Normandie n'est que peu affectée par ces changements.
Les industries se multiplient et la production du textile s'intensifie grâce à la mécanisation. Les villes se développent rapidement. En revanche, l'économie en zones rurales stagne, ce qui provoque un exode rural important mais également une forte émigration vers les États-Unis.
Le tourisme balnéaire qui prend réellement naissance au 19ème siècle permet aux petits ports de se développer et de devenir des stations prisées par la noblesse et la bourgeoisie françaises mais également britanniques. Des casinos, des palaces et des luxueuses villas sortent de terre notamment à Dieppe, Trouville et Deauville qui s'enrichissent rapidement. Les anciennes grandes villes normandes comme Rouen, Alençon ou Bayeux déclinent ou sont envahies par les quartiers insalubres destinés à accueillir les ouvriers.
La Normandie reste cependant une région qui inspire de nombreux artistes et écrivains. C'est au Havre que Claude Monet, chef de file des impressionnistes, peint « Impression, soleil levant », en 1872. Ce tableau est à l'origine du nom donné au mouvement.
Les guerres du 20ème siècle
Si la Normandie reste relativement à l'écart du premier conflit mondial, elle devient le théâtre d'un épisode crucial de la Seconde Guerre mondiale.
En effet, le 6 juin 1944, les forces alliées débarquent en Normandie lors de l' « Opération Overlord ». Pendant près d'un mois, la « Bataille de Normandie » met la région à feu et à sang.
Au total, trois millions de soldats traversent la Manche, dont plus de 150.000 le premier jour. Si leur avancée n'est pas aussi rapide que prévue, les Alliés progressent et la Normandie est libérée le 12 septembre après la reddition des Allemands cantonnés au Havre.
Le débarquement et la bataille de Normandie laissent la région en ruines, certaines villes sont détruites à plus de 75%, notamment Caen, Rouen, le Havre, Saint-Lô ou Vimoutiers. La région a été littéralement sacrifiée afin de pouvoir vaincre l'armée allemande et 445 communes ont reçu la Croix de guerre. On estime que 20.000 civils sont tués en Normandie entre juin et septembre 1944.
Les années d'après-guerre ont permis aux villes de se reconstruire peu à peu mais il faut attendre le début des années 1960 pour que les dernières traces de la guerre soient effacées.
Économie
La Normandie profite d'une économie diversifiée et répartie entre production agricole, industrie et tourisme. Elle bénéficie de la proximité de Paris, de son importante façade maritime et de ses réseaux fluvial et routier qui dynamisent le transport et le commerce international.Les exploitations agricoles sont spécialisées dans la production de viande et de lait et dans la culture céréalière. Elles fournissent également les matières premières aux industries agro-alimentaires.
Avec 600 kilomètres de littoral, la Normandie a développé des activités basées sur la pêche, la navigation de plaisance, le commerce et le tourisme.
La Normandie est également la troisième région industrielle de France et possède de grandes entreprises dans le domaine automobile, de l'énergie, de l'industrie pharmaceutique et de l'aéronautique. Elle est également reconnue pour encourager la recherche et le développement dans de nombreux domaines.
Culture
Les languesLe normand est une langue d'oïl originaire du groupe des langues romanes. Il comprend des termes issus du vieux norrois, une langue scandinave médiévale. Il est parlé en Normandie, ainsi que dans les Îles Anglo-Normandes, mais on estime que moins de 100.000 personnes s'expriment encore dans cette langue à l'heure actuelle.
Certains mots norrois sont passés directement dans la langue française comme le hauban, la houle, gréer, varech, raz ou vague.
Lorsque les barons normands se sont installés en Angleterre après la victoire de Guillaume-le-Conquérant, ils ont enrichi la langue anglaise avec des termes normands.
De même, les colons normands ont influencé le québécois, l'acadien et le louisianais.
Il existe plusieurs variantes régionales du normand :
le cotentinais (Cotentin)
le brayon (pays de Bray)
le cauchois (pays de Caux)
le roumois (Eure)
l'augeron (pays d'Auge)
Les traditions
La Normandie est une région traditionnelle qui a réussi à préserver un grand nombre de ses fêtes tout en accueillant des festivals plus récents.
Cette volonté de conserver une identité régionale forte s'est concrétisée en 2013 par la création de la « Fête des Normands » patronnée par la Commission nationale Française pour l'UNESCO.
Les fêtes de fin d'année
La Noël est un événement important au sein des familles normandes. Le père est chargé d'allumer la bûche, appelée chuquet ou trefeu, dans la cheminée. On nomme cette bûche, première, deuxième... afin de se rappeler depuis combien d'années le patriarche préside la veillée de Noël familiale. Cette bûche devait se consumer lentement pendant trois jours.
De nos jours, la bûche en pâtisserie rappelle cette tradition ancestrale.
Les enfants déposaient leurs sabots (chabots en normand) devant la cheminée et le Père Noël déposait la « chabotée de Noël » sous forme d'oranges et de friandises.
Pendant Les douze jours précédant Noël, les Normands fabriquent des « aguignettes » (ou hoquignonnes ou hoquignanés), petits gâteaux en pâte feuilletée en forme d'animaux. Cette tradition est particulièrement vivace à Rouen et les aguignettes sont aujourd'hui fourrées aux amandes ou aux pommes.
Les autres traditions
Tout au long de leur histoire, les Normands ont développé un savoir-faire qui leur a permis de produire un artisanat régional spécifique.
La « Maison des traditions normandes » située à Saint-Maclou-la-Brière, près de Fécamp, permet de découvrir les anciens métiers de la région comme la tonnellerie, la vannerie, le travail du lin ou la fabrication historique du cidre et du calvados.
Lorsque les moissons sont terminées et que les blés sont engrangés, les fermiers normands fêtent la « Passée d'août », une tradition qui remonte au Moyen-Âge. À cette occasion, de grandes tables sont dressées dans les cours de ferme afin de rassembler ouvriers, famille et amis pour partager un long et plantureux repas arrosé de cidre. Les convives forment ensuite un cercle autour de la dernière gerbe de blé de l'année et entonnent un chant traditionnel. La fille ou l'épouse du fermier délie alors la gerbe et partage les tiges de blé avec les invités. La fête se poursuit généralement toute la nuit.
Les costumes traditionnels
Comme les autres régions de France, la Normandie arbore fièrement ses costumes traditionnels. Les femmes s’habillent d’une longue jupe, un tablier, une blouse blanche, un corsage de couleur, un châle et de coiffes souvent complexes, très hautes et agrémentées de volants, différentes selon leur « pays » d'origine. Elles ont cédé leur place aux bonnettes plus petites et plus pratiques vers le milieu du 19ème siècle.
Les femmes portent également un « collier d'esclavage », un bijou assez volumineux composé de plaques parfois garnies d'émaux ou de pierres précieuses reliées par trois chaînes. Il symbolise les liens du mariage (une chaîne pour le passé, une autre pour le présent et la troisième pour l'avenir). Selon les régions, une quatrième chaîne était ajoutée à la naissance du premier enfant.
En Normandie, ce collier d'esclavage en or est le descendant du bijou fabriqué en crin de cheval retenu par un fermoir en or. Ce n'est qu'au début du 19ème siècle que les chaînes remplacent le crin. Ces bijoux étaient entièrement personnalisés et il n'en existe pas deux identiques.
Le costume traditionnel des hommes se compose d’un pantalon, d’une blouse (ou baude) parfois ornée de broderies aux poignets et aux poches, d’un mouchoir autour du cou et d’une casquette.
La gastronomie
La Normandie est réputée pour sa gastronomie à la fois riche et diversifiée.
Si les plateaux de fruits de mer et les poissons sont les produits phares du littoral, la viande et la volaille sont mis à l'honneur dans l'arrière-pays.
La cuisine normande est particulièrement généreuse et la crème ainsi que le beurre sont omniprésents dans les recettes. La région produit des charcuteries et des fromages de grande qualité et en abondance.
Parmi les recettes traditionnelles normandes notons, les tripes à la mode Caen, l'andouille de Vire, l'agneau de prés salés, les coquilles Saint-Jacques de Granville, les célèbres omelettes de la mère Poulard servies dans le restaurant emblématique du Mont-Saint-Michel, la sole au cidre, le turbot à la normande, les beignets aux pommes, les galettes normandes, les macarons de Rouen ou la tarte aux pommes chaudes.
La Normandie est bien entendu un pays réputé pour ses fromages dont le Camembert, le Livarot, le Pont l’Évêque, le Pavé d’Auge ou le Carré de Bray, pour ne citer qu’eux.
La Normandie se distingue également par la production de son cidre et de son poiré, du calvados, utilisé pour le « trou normand » ou le pommeau, un savoureux apéritif à base de cidre et de calvados.
Les spécialités gastronomiques de Normandie donnent lieu à de nombreuses fêtes. Citons notamment la foire aux bulots de Pirou, la foire gastronomique de Cherbourg, la foire aux cerises de Vernon, la foire aux moules du Tréport, la foire de la chandeleur de Montebourg, la fête du poiré de Mantilly ou encore la foire aux fromages de Livarot.
Tourisme
La Normandie est une région qui attire un grand nombre de touristes qui découvrent toute la beauté de ses paysages, le charme de ses ruelles bordées de maisons à colombages, le plaisir des sports nautiques ou encore son patrimoine historique et architectural.Au rayon des incontournables, le Mont-Saint-Michel est bien entendu indétrônable. Dominant la baie éponyme, il accueille ses visiteurs qui se laissent surprendre par l'ambiance à nulle autre pareille qui se dégage de sa rue principale bordée de restaurants et de magasins de souvenirs, par ses remparts et bien entendu par son abbaye. Durant la saison estivale, un magnifique spectacle son et lumière anime ses différentes salles.
La ville de Rouen recèle également de nombreux trésors dont la Cathédrale Notre-Dame, l'aître Saint-Maclou ou le Gros Horloge. À Caen, la ville de Guillaume-le-Conquérant, les touristes découvrent les abbayes aux Hommes et aux Dames, le château qui domine la cité sans oublier le Musée de Normandie et le mémorial rendant hommage aux soldats et civils morts durant la Seconde Guerre mondiale.
À Bayeux, c'est la tapisserie dite de la reine Mathilde qui mérite amplement le détour tandis que l'architecture moderne du Havre rappelle combien le port a souffert lors de la Bataille de Normandie.
Les passionnés d'histoire ne manqueront pas de découvrir les plages du débarquement qui ont retrouvé tout leur calme. Seuls quelques bunkers, les innombrables croix blanches dressées dans les cimetières militaires et les musées nous rappellent les événements du 6 juin 44.
Enfin, ne quittons pas la Normandie sans découvrir les falaises d'Étretat, la dentelle d'Alençon, l'abbaye du Bec-Hellouin, les planches de Deauville, l'immense château Camp de Bataille ou encore Château-Gaillard construit sur ordre de Richard Cœur de Lion aux Andelys.
Les préfectures de la région Normandie
La préfecture de la région Normandie et du département Seine-Maritime est Rouen
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